237online.com

L'ouverture sur le Cameroun

Campus : La prime présidentielle divise les étudiants

Alors que le ministre de l??Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo dit les enveloppes disponibles.Ce n??était pas la grande affluence mardi, 05 janvier 2010, au campus de l??Université de Yaoundé I. Après la pause de Noël, les cours ont repris normalement, mais certains étudiants ont dû prolonger les fêtes dans les quartiers. Devant l??amphithéâtre 300, d??aucuns partagent allègrement des derniers potins. D??autres ont le nez dans leurs cahiers. Cependant que de nombreux autres sont alignés devant un bureau en vue de décrocher le ticket devant leur permettre de se rendre à la banque pour s??acquitter des droits universitaires. Normal les examens de fin du premier semestre approchent à grands pas (ils sont prévus dès le 15 février

prochain), malheur à celui qui ne montrera pas patte blanche.A l??évocation du message de fin d??année du chef de l??Etat, Paul Biya, notamment du passage où il déclare: «Afin d??améliorer la qualité du capital humain et relever avec plus d??efficacité les défis du futur, j??ai décidé d??accorder, à compter du 1er janvier 2010, une prime annuelle globale de près de trois milliards Fcfa aux meilleurs étudiants des universités camerounaises», les langues se délient. Alain Kamgou, étudiant en 3e année Lettres bilingues affirme: «Je pense que cette allocation est une très bonne initiative. C??est bien de penser à la jeunesse. Ici à l??université, beaucoup d??étudiants sont confrontés à des difficultés, surtout sur le plan financier. Cette prime permettra aux bénéficiaires de poursuivre leurs études dans de bonnes conditions. Notre souhait c??est que tout se passe dans la transparence, mais on connaît la mentalité camerounaise».BoursesDe son côté, Mireille Atangana pense que le chef de l??Etat s??est trompé de priorité. «La prime c??est bien beau, mais on a plus besoin de nouveaux bâtiments, de laboratoires et de bons enseignants. Je pense quand même que certains chanceux parviendrons à obtenir cette prime sans magouille». A en croire David, étudiant en Lettres modernes françaises, «les étudiants sont habitués à ce genre de promesse. On espère que cette fois-ci, le chef de l??Etat tiendra parole. Si je bénéficie de cette prime, je vais me procurer de la documentation pour approfondir mes connaissances afin de décrocher une bourse pour l??étranger, car on constate que là-bas, c??est mieux».Une catégorie d??étudiants pense que la prime promise par le chef de l??Etat aurait pu être convertie en bourses comme cela était le cas à l??époque. Pour Gaël, étudiant en Physique «cette allocation doit entraîner la suppression des droits universitaires. Quant on fait le décompte, les trois milliards peuvent permettre d??octroyer une bourse aux 60.000 étudiants des universités d??Etat. On ne sait pas sur quels critères les meilleurs seront sélectionnés. Chaque responsable à son niveau essayera d??engranger une contrepartie». Certains étudiants, voient quant à eux, en cette promesse du président Paul Biya, une man??uvre électoraliste.«Nous sommes à la veille d??une année électorale. Tout ce qui est dit dans ce contexte s??inscrit dans la recherche du bétail électoral. En 2005, le chef de l??Etat avait promis une allocation de cinq milliards Fcfa aux universités. Jusqu??à ce jour, on attend toujours les effets de cette somme d??argent. Le chef de l??Etat vient d??ouvrir une nouvelle bataille de prébendes dans les universités. Je ne suis pas sûr que les critères d??excellence seront pris en compte». Au campus de l??Université de Yaoundé I, un responsable ayant requis l??anonymat indique qu??aucun «texte n??encadre les aides annuelles accordées par la tutelle aux étudiants des universités d??Etat».Ces aides se situent dans trois sillages: L??excellence académique, la jeune fille scientifique, les étudiants handicapés et cas sociaux. Les autorités universitaires n??ont que la responsabilité du choix des bénéficiaires du workstudy programm (un programme d??appui aux étudiants). Dans un communiqué signé lundi dernier, le ministre de l??Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, a souligné que la prime offerte par le chef de l??Etat «sera versée incessamment selon une critériologie d??éligibilité rigoureuse, qui est en train d??être affinée au Minesup, de concert avec les chefs des institutions universitaires publiques du Cameroun».Georges Alain Boyomo, Mutations
André Benang : Il faut supprimer les droits universitairesLe vice-président de l??Association pour la défense des droits des étudiants (Addec) appelle à la restauration de la bourse.Quel commentaire vous inspire l??annonce du déblocage de 3milliards aux meilleurs étudiants?Cette annonce m??inspire énormément de doutes. Cette prime ressemble à une faveur qu??on accorde aux étudiants alors que nous souhaitons qu??il y ait un système formel pour primer les meilleurs étudiants. Que cela ne dépende pas de la magnanimité du chef de l??Etat. Il faut un système clair en vue d??octroyer des bourses aux étudiants méritants. Je reste réservé par rapport à cette annonce. Maintenant, l??on peut analyser cette annonce du point de vue des priorités que le gouvernement par rapport à la situation des étudiants. Nous savons tous que les conditions de formation et de vie des étudiants sont mauvaises. Cela ne permet pas aux étudiants des universités d??Etat de fournir le fournir le maximum d??eux-mêmes. Les 3 milliards ne permettront pas de produire l??excellence. Il faudrait au moins s??assurer de la qualité du logement universitaire. Le logement est un facteur qui influence le rendement des étudiants.Est-ce que la prime octroyée permettra t-elle pas d??atténuer tout au moins la précarité de l??étudiant ?On pourrait penser cela. Mais à partir du moment où l??étudiant paye une pension de 50.000Fcfa qui est au-dessus de son niveau de vie, il est difficile qu??il puisse vivre normalement. Cette prime là ne représente rien du tout par rapport aux besoins en nutrition, déplacement, études et logement des étudiants.Quid de la transparence qui doit guider les opérations de sélection?Lorsqu??on sait comment la gestion des aides antérieures s??est opérée, il est clair que la majorité des étudiants qui ont bénéficié de cette aide ne le méritaient pas. Ce qui montre qu??il s??agit plus d??une redistribution entre amis. Connaissant le niveau de corruption et d??immoralité dans les universités, cette autre manne pourrait servir à récompenser des amis du système.En 2005, l??Addec avait exigé l??avènement du statut de l??étudiant et la suppression des droits universitaires. Vous campé toujours sur cette position?Naturellement. Les étudiants attendent deux principales choses: Que les droits universitaires soient supprimés ou tout au moins revus à la baisse. L??annonce du chef de l??Etat prouve que les moyens ne manquent pas pour concrétiser ce v??u. Les droits universitaires que les étudiants payent s??élèvent à environ 4 milliards par an. Donc, le gouvernement peut franchir le pas. L??Addec a aussi exigé qu??il y ait le statut de l??étudiant. Ce statut renvoie à certains avantages sociaux. Sur le plan des transport, de la santé ou des infrastructures. Tout choses qui permettraient aux étudiants d??avoir une considération sociale et de produire un bon rendement. Le discours du chef de l??Etat ne répond malheureusement à aucune de ces attentes.Que compte faire l??Addec après cette annonce du chef de l??Etat?Nous allons observer la distribution de cette prime, mais cela ne va pas nous distraire. Nous allons poursuivre le combat pour l??amélioration des conditions d??études et de vie des étudiants.Propos recueillis par Georges Alain Boyomo, Mutations

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *