Cameroun – Yaoundé : Qui est Clément Mendo, le lieutenant de marine qui a abattu froidement son épouse ?

Clément Mendo

Selon les témoignages recueillis, Clément Mendo, lieutenant de marine, bastonnait régulièrement son épouse, Claire Charlotte Ngono.

Un silence, une atmosphère morose règnent ici devant le domicile de Clément Mendo, sis au quartier Odza, Borne 12. Le portail noir de cet enseigne de vaisseau ou encore lieutenant de marine est fermé. Depuis le décès de son épouse, c’est le calme. Natacha Akamba, une voisine, précise que depuis lors, la maison est calme. « C’est à peine si des va-et-vient y sont observés », dit-elle l’air peiné.

En effet, dans la nuit du 12 mai dernier, à la suite d’une dispute conjugale, Carelle Anastasie Mimboe, va découvrir le corps inerte de sa mère, Claire Charlotte Ngono. La scène se produit dans la chambre du couple. Elle va alors, à l’aide des autres habitants de la maisonnée, conduire cette dernière dans un hôpital au quartier Ekounou. Malheureusement, sa maman sera déclarée morte à son arrivée.

Sous le soleil de l’après-midi de ce dimanche 16 mai, en plus des propos de la fille aînée de la défunte, des voisins, le cœur gros, sont prêts à témoigner. C’est d’abord Carelle Anastasie Mimboe, sa fille qui raconte : « Une violente dispute éclate entre eux dans leur chambre. L’intervention de la maman de son mari n’a pas suffi à apaiser la situation. Par la suite, il y a eu un long silence et, je pensais que tout était rentré dans l’ordre. Guidée par un sixième sens, j’ai appelé ma mère. Le fait qu’elle ne prenne pas le téléphone m’a alerté. Je suis alors allée frapper à la porte de la chambre, et mon beau-père m’a ordonné de rentrer me coucher en menaçant de m’abattre».

C’est alors que prise de panique, la jeune fille de 21 ans, décide d’en savoir un peu plus sur le silence de sa mère. Elle poursuit l’histoire en sanglotant : « J’ai contourné la maison et je suis allée du côté du balcon. A travers la fenêtre, j’ai aperçu ma mère couchée à même le sol, le corps inerte, avec quelques vêtements prêt d’elle. Mon beau-père était assis sur le lit, l’air perdu. Je suis allée alerter les autres membres de la famille et nous avons défoncé la porte de la chambre. On a pu transporter ma mère à l’hôpital. Hélas, il était trop tard ».
« Cette soirée, le couple n’a cessé de se disputer ; en tant qu’habitués à leurs scènes de ménage, nous n’avons pas été surpris. Mais ce sont les cris des membres de la famille très tard dans la nuit qui nous ont fait réaliser qu’il se passait quelque chose de grave », affirme Parfait Zang, un voisin, le regard lointain.

Carelle Anastasie Mimboe précise qu’elle, ses frères, ses sœurs et les autres membres de la famille ne savent réellement pas les causes de la dispute. Le couple était sorti en journée, souligne leur fille. De la même personne, il est dit que monsieur et madame sont rentrés autour de 23 h. C’est la dernière fois qu’elle voyait sa maman. « Ils se sont enfermés dans leur chambre et le ton est monté. A un moment, mon beau-père est venu appeler sa mère afin qu’elle puisse calmer la situation, mais les choses n’ont fait que s’empirer », affirme sa fille en pleurant.

« Mauvais époux »

L’enseigne de vaisseau, Clément Mendo est le principal suspect dans cette affaire. Gardé à vue à l’état-major de la compagnie de Gendarmerie de Mfou, le lieutenant de marine signé mordicus que son épouse s’est «suicidée à l’aide d’une cravate ». Alors que les témoignages recueillis battent en brèche cette hypothèse. Des sources introduites affirment que cette femme a toujours vécu dans la violence. Un monsieur qui fréquentait le bar du couple, situé au carrefour Scalom, à Yaoundé décrit une scène qu’il a vécu : « Ce type était très jaloux. Même au bar, il la battait copieusement. Imbu de sa personne, il menaçait qui il voulait avec son arme de service. Il y arrivait chaque soir, au moindre faux geste, il frappait sur elle ». Une autre ajoute : « cette femme craignait de quitter son époux, par peur de représailles ».

Un de leurs locataires contestant la thèse de suicide, affirme : « Maman Claire ne se serait jamais suicidée. Elle était dotée d’une grande joie de vivre et se battait beaucoup pour l’avenir de ses enfants ». Un autre voisin dans leur secteur appuie que « Monsieur Mendo est quelqu’un de colérique, méprisant, méchant et terrorisant. Personne chez lui n’est épanoui, encore moins sa femme sur qui, il tapait à tort et à travers ». « Cette femme souffrait déjà du mal sciatique, à cause des nombreuses bastonnades que lui infligeait son mari. Elle aurait dû quitter ce monsieur depuis belle lurette, mais hélas », confie Arlette N., une des voisines.

Mais le fait est. Attristée, Carelle Anastasie Mimboe, la fille de la défunte se sent coupable du décès de sa maman. Elle regrette : « Peut-être que si cette fois encore j’avais intervenu dans leur dispute, ma maman serait encore en vie. Je m’en veux énormément. Je n’ai pas voulu m’immiscer car à chaque fois que je le faisais, le mari de ma mère m’accusait d’envenimer la situation et me mettait à la porte ».
Originaire de Zamengoe, département de la Lekié, région du Centre, Claire Charlotte Ngono est née le 18 août 1976. Enseignante d’Economie sociale et familiale (Esf) au lycée bilingue d’Etoug-Ebe à Yaoundé, Claire Charlotte Ngono était mariée à Clément Mendo depuis le 10 février 2018, après avoir passé 17 ans de concubinage.

Pour Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de l’Ong Nouveaux droits de l’Homme, il s’agit d’un énième cas de féminicide. De ce fait, elle interpelle le procureur de la République à faire son travail : celui de protéger la société.

Murielle Tchoutat

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