Cameroun: Yaoundé, épicentre du Coronavirus

Hopital Central de Yaoundé

Sur les 66 cas positifs que compte désormais le Cameroun, la capitale à elle seule enregistre plus de 40 cas. Des voix appellent à l’isolement de la ville.

«Ce matin, je voudrais encore appeler à une union sacrée autour des mesures de lutte contre le coronavirus. C’est l’ensemble, dans la discipline, la solidarité et en toute responsabilité que nous vaincrons. Restons chez nous, observons les mesures barrières. Cette nuit 10 cas encore», a écrit ce mardi, sur son compte Tweeter, le ministre de la Santé publique (Minsanté) Manaouda Malachie. Dans ce nombre de cas confirmés de Covid-19 au Cameroun, la capitale compte plus de 40 cas positifs et devient l’épicentre de la pandémie avec des risques d’une vaste propagation bien réels.

Douala compte à ce jour près de 10 cas déclarés positifs alors que Bafoussam compte moins de 5 cas. La situation de Yaoundé, deuxième ville du pays en termes de démographie, est très préoccupante. En effet, les facteurs de risques y sont très importants, même si le gouvernement a édicté 13 mesures préventives à observer sur l’ensemble du territoire national, notamment la mesure d’interdiction des grands rassemblements pour parer à toute éventualité, après que son ciel et ses frontières terrestres et maritimes ont subi ce sort. Des voix s’élèvent pour demander aux pouvoirs publics d’avoir le courage d’isoler la cité capitale, voire les autres villes contaminées. « Je conseillerai aux autorités de couper immédiatement les principaux foyers de la contamination que sont Yaoundé, Douala et Bafoussam. Il faut couper la circulation entre ces villes et le reste du pays, confiner le virus dans ces zones, et observer », propose le Professeur Eugène Sobngwi, Conseiller médical à l’hôpital central de Yaoundé, coordonnateur de l’équipe qui a pris en charge avec succès les deux premiers cas guéris du Covid-19.

Mesures d’accompagnement

Le gouvernement a annoncé 13 mesures fortes mais peu respectées et il est difficile d’envisager un scénario de confinement total. En effet, sans mesures économiques de soutien, il est difficile voire impossible de demander un arrêt des activités aux PME, auto-entrepreneurs et autres agents du secteur informel. En outre, la logique de la mesure n° 6 qui décrète la fermeture des débits de boisson, restaurants et lieux de loisirs à partir de 18 heures est néanmoins difficile à comprendre. Le coronavirus n’est pas moins efficace avant 18 h et si le gouvernement reconnait la nécessité de fermer universités et écoles, alors il semble logique d’exiger la fermeture complète des lieux non essentiels comme les débits de boisson, restaurants et autres lieux de loisirs.

Une fermeture partielle n’empêche pas les contacts aussi efficacement qu’une fermeture totale, d’autant plus qu’elle peut avoir pour effet une augmentation de la fréquentation dans ces lieux de restauration et de loisirs avant 18 h. Cette augmentation de la fréquentation se traduira alors par une hausse de contacts entre personnes potentiellement porteuses du Covid-19 et par conséquent une accélération de la propagation du virus. Le Cameroun a donc peu de marge de manœuvre. Des mesures d’arrêt de l’activité économique pourraient être insoutenables étant donné le poids du secteur informel dans l’économie (il occupe 90% de la population active et contribue pour 20 à 30 % du PIB). Des mesures comme le chômage partiel, le télétravail ou encore un revenu universel de base versé à tous les habitants sont difficiles voire impossibles à implémenter.

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