Selon plusieurs députés, Cavaye Yeguie Djibril reproche à l’administrateur civil Désiré Geoffroy Mbock son esprit libre et son inadaptation.
Il est un peu plus de 10 heures ce jeudi 20 juin 2019. Le pépiement des oiseaux, série de petits cris brefs, peu sonores juste au-dessus du secrétariat général de l’Assemblée nationale traduit la chute de Mbock Désiré Geoffroy suspendu le mercredi 19 juin. L’ex-Secrétaire général de l’Assemblée nationale est « suspendu jusqu’à nouvel avis » et remplacé par Abdoulaye Daouda son adjoint. Dans l’ancien bureau de Mbock Désiré Geoffroy, les secrétaires rencontrés refusent de donner des informations sur sa présence à l’hémicycle ce jour (hier, ndlr) ou de faire des commentaires. « Il n’est pas encore là, c’est tout ce qu’on peut vous dire. Nous n’avons pas son numéro de téléphone et ne savons pas s’il sera là ce jour » , explique l’employé qui peine à répondre. Le jour a tout de même appris que son bureau est « scellé ».
A l’Assemblée nationale, les commentaires vont bon train. Un député Rdpc affirme que depuis quelques mois, les relations entre l’inamovible Cavaye Yeguie Djibril, 79 ans, président de l’Assemblée nationale du Cameroun étaient tendus. « A l’hémicycle si vous avez été attentif, il est arrivé à l’ancien secrétaire général de s’asseoir assez loin du président de l’Assemblée nationale. Ce dernier lui avait d’ailleurs retiré certaines signatures. Je dois dire qu’il souffrait vraiment dans sa chair. Isolé, il se contentait de signer les communiqués relatifs à la tenue des sessions de l’Assemblée nationale » , explique un député Rdpc.
Un autre député déclare que l’administrateur civil Mbock Désiré Geoffroy était un esprit libre. « Jamais il s’accommodait des pratiques injustes. Il était rigoureux et a voulu opérer des reformes à l’Assemblée nationale. Il était attaché à la bonne marche de la Chambre basse du parlement camerounais. Un dag proche de lui a payé le prix de sa collaboration avec lui. L’ex-Sg vient d’être débarqué par Cavaye Yeguie Djibril mais l’histoire retient qu’il y a un flou artistique et managérial à l’Assemblée nationale » , a-t-il expliqué.
D’après nos sources, l’ancien secrétaire général voulait également en savoir plus sur les diplômes de son administration et même des finances. Une
orientation peu appréciée par son patron. Toute la journée, son téléphone est resté éteint. Joint au téléphone, l’honorable Joseph Mbah Ndam, député Sdf et par ailleurs vice-président de l’Assemblée nationale a au contraire dénoncé l’arrogance de l’ancien secrétaire général. « C’est de sa faute ! Les membres du bureau et tout le corps des députés ont souhaité son départ. L’Etat a pris sur lui de ramener des anciens fonctionnaires, des gens qui ont passé leur temps dans le commandement. Il croyait être audessus du président de l’Assemblée nationale » .
A la question des « détournements découverts » à l’Assemblée nationale et évoqués par certains députés, Joseph Mbah Ndam s’est voulu clair : « Ce n’est pas une question de corruption mais de perspective. Le Pan donne des instructions et attend de voir s’il respecte ou non. Bien plus, il y a eu des plaintes de la part des députés » . Le moins que l’on puisse dire, c’est que Cavaye Yeguie Djibril n’aime pas les secrétaires insoumis. C’était déjà le cas en 2010 avec le limogeage de Louis Claude Nyassa en 2010. Comme lui, Mbock Désiré Geoffroy installé le 20 juin 2018 pour remplacer Victor Yene Ossomba de regrettée mémoire n’a pas su dans quelle eau il nageait. Né le 3 août 1956, cet administrateur civil est resté philosophe, donc rêveur. Abdoulaye Daouda le secrétaire général adjoint de cette institution parlementaire est désormais « chargé » de gérer les affaires courantes « .