Cameroun: Vers l’échec de la sécession anglophone

Secessionistes anglophones

Des faits marquants sur la scène nationale et internationale, géopolitique et géostratégique, se conjuguent pour conforter à penser à un éventuel échec de la sécession en cours au Cameroun dans le Noso. Evocation.

Le premier élément indicateur de l’improbable séparation du Cameroun est la position américaine au sujet du conflit. Tout le monde l’a suivi, Tibor Nagy, le Sous-Secrétaire d’Etat aux affaires africaines, a clairement indiqué que son pays ne soutenait pas la sécession au Cameroun. Il affirmait cela à la mi-janvier dernier sur Rfi tout en indiquant tout de même que de plus en plus d’anglophones sont pour la partition du pays. Il recommandait par ailleurs à Yaoundé de transférer le pouvoir vers les deux régions.

C’était donc, l’opinion l’avait saisi, un appel à une autonomie des deux régions par un transfert conséquent de pouvoir dans la gestion de leurs affaires. Peut-on être pour la sécession et le transfert de pouvoir local ? Voilà la question qui lève le doute sur les intentions américaines au sujet du conflit. Bien plus encore, le chef de l’Etat camerounais, en recevant avant-hier en audience l’ambassadeur américain Peter henry Barlerin, les deux hommes ont sans doute évoqué les contours sur le concept de transfert de pouvoir.

Autant dire que la décentralisation actuelle, sous le prisme du Code sur les collectivités territoriales décentralisées, semble ne pas très opérant en termes de moyens mis à la disposition de ces deux régions qui bénéficient pourtant d’un statut spécial. Dans une interview que Le Messager a accordée cette semaine à Sissuku Ayuk Tabe, quoique déterminé de mener jusqu’au bout son combat pour la séparation, il envisage tout de même une possibilité de négociation, sous l’égide onusienne. Le sultan des Bamoun disait fort opportunément à l’ouverture du Grand dialogue que l’essentiel n’était pas le fédéralisme ou la décentralisation, mais le contenu. Le pouvoir en mesure à coup sûr tous les angles de pertinence d’une telle assertion. C’est dire combien la conjugaison des initiatives éloigne de l’éventualité d’une sécession.

La position et la posture nigérianes L’histoire et la géopolitique du Nigéria ne jouent pas en faveur des sécessionnistes. La perspective de l’échec de l’entreprise indépendantiste au Cameroun est liée d’abord à l’histoire qui fonde la posture nigériane d’aujourd’hui par rapport aux velléités sécessionnistes. Ce pays voisin a connu l’expérience de la sécession du peuple Ibo frontalier avec le Cameroun, dans ce qu’on a appelé la guerre du Biafra, de 1967 à 1970. Alors que la Côte d’Ivoire et le Gabon étaient les chauds partisans de cette guerre de partition du Nigéria qui entraîné des milliers de morts, le Cameroun d’Amadou Ahidjo va s’opposer fermement à cette initiative menée par la France de Charles de Gaule. Le Nigeria n’a jamais démenti sa reconnaissance vis-à-vis de cette posture camerounaise. Dans ce sens, c’est ce même pays qui a favorisé l’arrestation et le rapatriement de Sissuku Ayuk Tabe et les 9 autres, les intelligences de l’indépendance des régions anglophones, vers Yaoundé. Les différents groupes armés dans le Noso ne peuvent pas de ce fait compter sur un ravitaillement direct du pouvoir nigérian.

Le contrôle de ce fait aux frontières s’est accentué pour limiter à sa plus simple expression, la contrebande des armes et munitions vers le Cameroun. Le problème le plus crucial des groupes armés est et sera la disponibilité des armes pour le combat. Et comme dit l’adage, sans armes, la guerre s’éteint. Bien plus encore, le Nigéria est le seul pays qui sur un plan géopolitique, aurait pu être une base arrière pour les groupes indépendantistes.

Il en va de même du contrôle et du traçage des sommes d’argent envoyées de l’Occident vers le Noso. C’est précisément parce que ces groupes sont enfermés dans le Noso, qu’ils ont commencé à y sortir pour attaquer les commissariats et gendarmeries comme ce fut le cas à Galim dans la région de l’Ouest.Avec un environnement aussi défavorable à ces groupes armés, couplé à la présence d’une armée rompue à la tâche qui ne cède plus un seul iota de manœuvres, la latitude est donnée plus que jamais au pouvoir de Yaoundé de réunir autour d’une table tous les acteurs nationaux et internationaux qui pourraient apporter des leurs dans la construction de la paix définitive dans le Noso.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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