C’est un tournant majeur dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Ce mercredi matin, la Cour d’appel du Littoral à Douala a alourdi la peine d’Éric Bekobe Mvondo, reconnu coupable du meurtre de son épouse Diane Yangwo, enseignante et mère de trois enfants.
Condamné en première instance à 5 ans de prison avec sursis, il écope désormais de 20 ans de réclusion ferme.
Absent à l’audience, un mandat d’arrêt a été immédiatement émis contre lui. « Ce jugement redonne un peu de dignité à Diane », a réagi un proche, la voix tremblante. Mais au fond, combien de femmes doivent encore mourir avant que la société ne change ?
Douala : la justice frappe fort dans l’affaire Diane Yangwo
Le verdict, tombé en fin de matinée, a provoqué une onde d’émotion à Douala.
Selon le tribunal, les juges ont estimé que les faits constituaient bien des “coups mortels volontaires” et non un simple homicide involontaire.
« Ce jugement est un signal fort. Les violences conjugales ne sont pas des affaires privées », a déclaré un avocat présent à la Cour.
L’affaire remonte à novembre 2023, lorsque Diane Yangwo, enseignante respectée et mère de trois enfants, avait succombé à des coups portés par son mari à leur domicile.
Le premier jugement, jugé trop clément, avait déclenché une vague d’indignation nationale, notamment sur les réseaux sociaux où le mot-clé #JusticePourDianeYangwo était devenu viral.
La décision en appel vient donc rectifier ce que beaucoup considéraient comme une erreur judiciaire, et marque un tournant dans la répression des violences conjugales au Cameroun.
Un symbole pour la lutte contre les féminicides
Depuis le drame, le nom de Diane Yangwo est devenu un symbole national.
Des associations comme la Coalition Camerounaise pour les Droits des Femmes (CCDF) saluent ce jugement :
« Ce n’est pas seulement une victoire judiciaire, c’est une victoire pour toutes les femmes qui subissent en silence », confie la militante Linda Foning.
Selon les chiffres de l’ONG Women in Justice Africa, plus de 70 cas de féminicides ont été enregistrés au Cameroun entre 2022 et 2024. La plupart des auteurs sont des conjoints ou compagnons.
Le verdict de Douala pourrait désormais servir de jurisprudence morale et juridique, forçant la justice camerounaise à adopter une tolérance zéro face à ces crimes.
Une question de société : la fin de l’impunité ?
Ce procès dépasse le simple cadre judiciaire. Il pose une question cruciale : le Cameroun est-il prêt à protéger réellement ses femmes ?
Dans les quartiers populaires de Douala, le nom de Diane revient dans les discussions, symbole d’une conscience collective qui s’éveille.
« Ce n’est pas normal qu’un homme frappe sa femme et s’en sorte. Cette fois, la justice a parlé », déclare une commerçante de Bépanda.
Mais pour beaucoup, ce verdict ne sera qu’un début. Tant que les mentalités et les institutions ne s’engageront pas à prévenir ces drames, d’autres Diane risquent encore de tomber sous les coups.




