Officiellement, les deux hommes ne se sont Jamais rencontrés. Ils ne se fréquentent pas. S’évitent parfois. Jusqu’ici, le Président de la République du Cameroun Paul Biya a juste bénéficié des photos prises avec le couple présidentiel américain dans la foulée d’un sommet de l’Onu. Et pourtant son prédécesseur Georges Walker Bush lui a déroulé le tapis rouge au Chef d’Etat du Cameroun qui, n’a pas été, une fois de plus, convié à l’investiture de son homologue américain du 20 janvier 2013. Il n’avait pas déjà été invité à l’investiture historique de M. Barack Obama en janvier 2009. M. Biya a malgré tout félicité M. Obama pour sa réélection. Le Président camerounais a signifié à son homo¬logue toute sa disponibilité à œuvrer pour le resserrement des liens entre les deux pays. Allant jusqu’à lui souhaiter «joyeux anniversaire» pour ses 50 ans. En retour, l’américain n’a pas rendu la politesse à Biya lors de sa brillante élection le 9 octobre 2011. Les deux chefs d’Etat entretiennent des relations à distance. Cette puissance a toujours eu le ton injonctif sur le Cameroun.
On se souvient de la sortie controversée de l’ancien ambassadeur des Usa au Cameroun Robert P Jackson au lendemain de l’élection présidentielle de 2011. Et comment oublier les injonctions du sous-secrétaire d’Etat américain pour les affaires africaines, Johnnie Carson à la veille de cette élection. L’émissaire américain avait «encouragé le gouvernement du Cameroun à prendre toutes les mesures nécessaires afin que les élections présidentielles de 2011 et les élections législatives et municipales de 2013 soient libres; justes, ouvertes et transparentes». L’ambassadeur Carson avait surtout indiqué que «toute intimidation sur des candidats et des leaders de la société civile par des autorités gouvernementales dans la perspective des élections sera perçue par la communauté internationale comme ayant un impact négatif sur la crédibilité du processus électoral». Plus tôt, à l’occasion de la célébration du 39e anniversaire de l’Etat unitaire, la secrétaire d’Etat américaine Hilary Clinton avait signifié tout l’intérêt que son pays porte au Cameroun à travers une, lettre écrite au Camerounais, ignorant ainsi le régime de Yaoundé.
L’invitation de Paul Biya au sommet Etats-Unis-Afrique peut être interprétée comme un signe d’apaisement des relations entre Yaoundé et Washington. Le Cameroun a connu des grandes avancées en matière de démocratie. Le climat des affaires est moins alarmant. Et les différents rapports sur le respect des droits de l’homme attribuent une mention bien au pays. Autre atout, la stabilité politique et les atouts économiques. Et, de par sa position stratégique sur le golfe de Guinée, le Cameroun peut être un parfait allié de l’oncle Sam.
Les Usa se montrent de plus en plus intéressés au Cameroun. L’armée américaine apporte son expertise aux militaires camerounais. Elle est très impliquée dans la sécurisation du golfe de guinée et du parc national de Bouba Njidda. Du matériel médical a aussi été offert à l’hôpital militaire de Douala. En 2013 l’ambassadeur des Etats-Unis a octroyé plus de $ 165.000 de subventions pour les projets communautaires au Cameroun. L’African growth and opportunity Act (Agoa) a permis au Cameroun d’engranger 284, 7 milliards de francs CFA au cours des quatre dernières années.