L’ouvrage intitulé « Madame Bovary » qui a créé la polémique quelques années plus tôt parce que le contenu a été jugé contraire aux mœurs au Cameroun, suspendu alors dans les classes de 1ère, a de nouveau été introduit en cette année 2014/2015. Confusion des parents ![pagebreak]La rentrée scolaire 2014/2015 a déjà pris son envol. Dans certains établissements scolaires de la ville de Douala, les élèves des classes de 1ère A, C et D de l’enseignement général ont entamé ce lundi le 22 septembre 2014 les premières séquences. Pendant qu’ils affrontent les différentes épreuves, leurs parents peinent encore à acheter les divers manuels scolaires. Mais dans leur souffrance, ils sont consternés de voir de nouveau le livre de littérature intitulé : « Madame Bovary » et imposé aux candidats au probatoire.
« Je suis très surprise que les décideurs aient de nouveau introduit le manuel en question au programme et pourtant quelques années plus tôt, les dirigeants concernés avaient brusquement en cours d’année scolaire, suspendu l’utilisation de Madame Bovary, sous prétexte que l’ouvrage est contraire aux mœurs de notre pays », soutient une génitrice. Son voisin abordé dans une librairie de la place remarque : « ce n’est pas le coût du manuel qui attire notre attention mais plutôt le contenu du livre et le fait qu’il avait jadis été interdit d’usage en classe de1ère . Ce sont les explications des acteurs chargés du choix des livres qui ont attiré notre attention, nous parents voilà quelques années. C’est pour cela qu’aujourd’hui, nous exprimons notre surprise face à tout cela ».
Interrogés, certains responsables des enseignements secondaires peinent à trouver les mots pour expliquer cette situation aux parents venus se renseigner : « En début de chaque année scolaire, on nous propose six œuvres littéraires parmi lesquelles chaque établissement devra en choisir quatre. Le choix est fait après une concertation entre les professeurs du département de français de chaque lycée ou collège », explique une enseignante. Elle ajoute que les parents doivent tout simplement se plier à la volonté de l’administration. « Les décisions prises sont très souvent pour le bien des élèves.
L’administration ne saurait exiger quelque chose dans le but de faire du mal aux apprenants », pourvoit notre interlocutrice. Certains cadres vont jusqu’à dénoncer encore et toujours l’absence d’une politique du livre qui prendrait en compte les intérêts de tous les opérateurs et institutions intervenant dans le domaine du livre. « Elle devrait définir qui est éditeur et donc qui ne l’est pas. La quasi-totalité des ouvrages que nous utilisons sont édités par les maisons d’édition internationales alors que nous avons des éditeurs nationaux qui évoluent dans le désordre », fait remarquer Jeanine Ngoumou, enseignante du secondaire tout en observant que ce sont autant de facteurs qui concourent à l’échec des élèves.
Par ailleurs, il a été révélé que le métier d’éditeur au Cameroun est très mal compris de tout le monde, parfois même de ceux qui se disent éditeurs. Il n’existe pas d’associations d’éditeurs au pays, du coup il y en a qui sont purement et simplement des commerçants. « Soit ils ont commencé comme fonctionnaires et ont, par la suite, fait de petits bouquins, pour finalement quitter l’enseignement parce qu’ils voulaient se faire de l’argent. Pour moi, l’édition est un métier noble, en tant que partenaire de l’éducation. Sans éditeur il n’y a pas d’enseignement », indique un observateur averti. Et de préciser que le métier d’éditeur est mal compris même des autorités publiques.
« Il n’existe pas de politique qui définisse clairement les intérêts de tous les acteurs intervenant dans le secteur du livre, puisque l’édition englobe beaucoup d’autres métiers (auteurs, illustrateurs, imprimeurs, etc.). Tant qu’on n’a pas une politique du livre, un cadre qui exprime la volonté politique du gouvernement pour régulariser cette industrie, on est comme dans un match de football où il n’y a pas d’arbitre. Et on ne sait plus qui du ministère des Enseignements Secondaires, de celui l’Education de Base, du Commerce ou de la Culture en assure la tutelle ».