Smartphone

Cameroun – Téléphonie mobile: Jamais sans mon téléphone portable

Société

De nouvelles fonctionnalités de cet outil de communication ont créé une forme de dépendance chez de nombreux utilisateurs camerounais. En 2001, le groupe «Espoir 2000», dans le titre «Koudougnon», annonçait déjà le phénomène : «Abidjan aujourd’hui tout le monde attrape la tête, ça passe dans le vide on dirait crise de folie…». A l’époque de la sortie de cette chanson, le téléphone portable n’était pas à la portée de tous. «J’ai acheté ma première puce et mon premier téléphone en 1999. En ce temps-là, la carte Sim m’a coûté 10.000Fcfa et le téléphone me revenait à 100.000 Fcfa. J’avais été dépossédée de ce téléphone par un délinquant. Mais aujourd’hui, ces outils de téléphonie mobile sont à la portée de tous. C’est un outil de travail important pour moi», confie Adrienne Engono Moussang, journaliste.
Actuellement, le Cameroun dispose de quatre opérateurs de téléphonie mobile, au grand bonheur des consommateurs, notamment en ce qui concerne le coût des communications. En outre, le monde évolue, la technologie aussi ! Ces petits appareils offrent une pléthore d’options notamment la radio, la télévision et les discussions instantanées via les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Linkedln, WhatsApp, Viber, etc. Désormais, les Camerounais en particulier, et le monde en général, ne parviennent plus à se passer de cet instrument.
Au mépris des milieux dans lesquels ils se trouvent, des sonneries avec des tonalités variées viennent souvent troubler l’ordre. Que se soit dans les églises, les écoles, les hôpitaux même au cours des conférences où il est souvent signifié au public : «Bien vouloir éteindre ou mettre sous vibreur son téléphone.» Pour Catherine Mballa, enseignante dans un lycée de Yaoundé : «c’est tellement impoli, irrespectueux voire révoltant de constater qu’on ne respecte plus rien à cause du téléphone. Dans mes salles de cours, si un téléphone sonne, je le détruis immédiatement puisque que le mien est toujours sous vibreur pour le respect que je porte à mes élèves.»

Addiction
Dans cet environnement où il semble impossible de se passer de téléphone, il y a pourtant une Journée internationale sans téléphone. Célébrée chaque 6 février, cette journée a été lancée par l’écrivain indépendant français Phil Marso en 2001. «Il est impossible pour moi de rester plus de 10 minutes sans mon téléphone. C’est le seul moyen à travers lequel je reste en contact avec les amis. Je l’emporte même dans la salle de bain ou à table. Pour ne pas mettre les gens mal à l’aise, je mange généralement seule. Je suis connectée à plein temps et je ne supporterai pas de constater que j’ai eu un appel manqué ou un message non lu», confie Victorine Doumbe, étudiante à l’université de Yaoundé I.
Pour certaines personnes, le téléphone est un partenaire en tout temps et en tout lieu. «Je suis chef d’une équipe de production et je vends l’information qui est une donnée immatérielle. Les informations, pour les avoir, et surtout les bonnes, c’est par le téléphone. Je ne m’en sépare presque jamais parce qu’un collaborateur peut être dans une situation astreignante et à travers le téléphone, je vole à son secours. Ce dernier peut aussi m’appeler pour me faire part de son point de vue portant sur le traitement d’un sujet alors que je suis hors du pays. On en parle et on trouve la bonne mesure ensemble», indique un directeur de publication qui a requis l’anonymat.
Toujours sur le plan professionnel, comme dans le domaine de la sécurité, plus précisément à la direction générale de la recherche extérieure. «Ne pas avoir son téléphone avec soi est une faute grave pour tous ceux qui sont dans ce corps de métier. Même dans mon lit conjugal, au moins un de mes téléphones est à deux doigts de ma main. Pour ne pas mettre ma femme mal à l’aise, je le mets sous vibreur. Il m’arrive de parler des heures entières au téléphone dans la nuit quand tout le monde est sensé être en train de dormir», explique une source à la Dgre.
Outre les cas sus-cités, certaines personnes, en particulier les jeunes filles, sont toujours en train de vérifier qu’elles ont bien leur téléphone. «Je peux rater un rendez-vous important qui était susceptible de changer ma vie», justifient plusieurs d’entre elles.

Thierry Etoundi

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