Stade omnisports, délégation régionale des Sports, tronçons de route figurent parmi les ouvrages non achevés.Les plus incrédules attendent de voir si le stade omnisports de Bafoussam, situé au quartier Kouogouo, servira d’aire d’entraînement, comme annoncé, lors de la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football qu’organisera le Cameroun en 2019. Le sujet alimente d’autant plus les conversations dans les chaumières que, pendant longtemps, les différents ministres en charge des sports ont nourri les sportifs d’espoir d’une imminente reprise des travaux dans une «cuvette» abandonnée depuis des dizaines d’années. A en croire le ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Jean Claude Mbwentchou, en visite dans la région de l’Ouest, en décembre 2014, il est envisagé l’aménagement des voies d’accès à ce stade.
Une annonce qui est de nature à laisser croire que cette fois-ci est peut-être la bonne. Surtout lorsqu’on sait qu’en juillet 2005, l’ex-ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep), Philippe Mbarga Mboa, avait effectué deux descentes successives sur le site du stade omnisports de Bafoussam -abandonné- dans l’optique de le rendre opérationnel. Deux visites à l’issue desquelles il avait commis une expertise pour évaluer les travaux à réaliser, afin de doter Bafoussam d’un stade de football moderne. Depuis lors, plus rien sur le démarrage des travaux d’achèvement dont le coût avait été évalué à sept milliards de Fcfa. Et aucun coup de pioche n’a été observé du côté de Kouogouo, même pas l’ombre d’un tâcheron. Au contraire, l’herbe qu’on a taillée pour avoir plus de visibilité a encore poussé. Dans le cadre du Programme national de développement des infrastructures sportives (Pndis), l’entreprise chinoise sélectionnée pour conduire la fin des travaux, a préféré bâtir un nouveau stade à Kouekong, bourgade située à 11 km de Bafoussam sur l’axe lourd menant à Foumbot. A Kouekong, les travaux annoncés pour s’achever en 2015 se poursuivent. Tandis qu’à Kouogouo, la «cuvette» ressemble plus aujourd’hui à un immense chantier abandonné. Le gazon naturel qui couvrait l’aire de jeu est devenu un vaste pâturage pour les bêtes. Le 30 novembre 1999, une expertise avait déjà été commise. Le coût de celle-ci a été estimé à 115 millions de Fcfa, avec pour objectif de donner le montant réel des prestations à fournir. Un protocole de gestion devait être conclu à la fin des travaux entre le ministère de tutelle et les opérateurs économiques qui s’engageaient à mener le projet à terme. Ainsi, une commission avait été mise sur pied. Elle devait s’atteler à l’étude des modalités pratiques, base dudit contrat. Rien n’a été fait.
[b]7 kilomètres[/b]
Lancés en 1975, les travaux de construction du stade omnisports de Bafoussam avaient été engagés par l’entreprise Bouygues qui assurait le terrassement. Quelques années plus tard, la filiale camerounaise de Bouygues a fait banqueroute. Neuf ans après l’interruption, des travaux ont été confiés à la société Nanga Company qui n’est pas parvenue à tenir le coup. La capacité d’accueil du stade estimée à 25.000 places avait été évaluée à 4 milliards de Fcfa. Ce montant n’a pas suffi, disait-on, à l’époque. On a alors observé une deuxième suspension des travaux. En 1988, l’entreprise Sobea a repris l’affaire. On est passé à 35.000 places. Mais, l’ouvrage n’a toujours pas été achevé. Vers la fin des années 90, des élites de la région de l’Ouest ont jeté les bases d’une reprise des travaux. L’homme d’affaires Victor Fotso a donné son accord de principe pour la finition. A condition d’en faire une exploitation privée pendant un certain temps.
Plus loin, à côté de la Coopérative agricole des planteurs de la Mifi (Caplami), des poteaux en béton se dressent dans de hautes herbes. C’est que les travaux de construction de la délégation provinciale [ancienne appellation] des sports se sont arrêtés depuis une vingtaine d’années. L’entrepreneur, affirme-t-on, avait pris la clé des champs, après avoir perçu le montant correspondant à une tranche de financement. La liste des chantiers abandonnés à Bafoussam s’est étoffée, avec les travaux suspendus sur la bretelle : entrée des professeurs du lycée classique – Socada – Feu rouge. Une voie longue de 7 km qui devait permettre de désengorger le centre-ville. Il y a sept ans, l’entreprise des travaux publics dénommée Chantier moderne du Cameroun (Cmc) y a engagé un terrassement. Les travaux, affirment des experts, ont été réalisés à plus de 55%, avant d’être abandonnés. Autant dire que plusieurs milliards de francs ont été engloutis.
[b]Michel Ferdinand[/b]