Les promoteurs de ces médias audiovisuels ont jusqu’au 1er juillet prochain pour se conformer à la réglementation.En lieu et place du délégué départemental de la communication dans la Mifi [M. Talla, décédé, il y a quelques mois], le délégué régional de la communication à l’Ouest, Simon Ekolle Penda, a décliné dans son propos liminaire, l’objet d’une rencontre organisée le 19 juin 2015 dans la salle des conférences de la préfecture de la Mifi. Une rencontre visant à assainir, a-t-il indiqué, le milieu de l’audiovisuel. Les participants, une dizaine, se recrutent parmi les promoteurs d’entreprises audiovisuelles (radio et télévision), les câblo-opérateurs et régisseurs de publicité.
Il est davantage question, après quelques rappels à l’ordre, d’amener ces opérateurs à se conformer à la réglementation régissant ce secteur d’activité. D’autant plus qu’après la sensibilisation, le service déconcentré du ministère de la Communication compte passer à la vitesse supérieure. En procédant, à partir du 1er juillet 2015, à la fermeture des structures jugées illégales. La première date butoir, rappelle M. Ekolle Penda, était fixée au 1er juin dernier : « Nous avons réfléchi pour dire qu’on pouvait encore donner un mois aux promoteurs », justifie le délégué régional de la Communication à l’Ouest. Ce dernier soutient que le temps a assez duré pour permettre aux uns et aux autres d’avoir des licences d’exploitation. « Pour ceux qui n’en auront pas, à la date fixée, nous allons fermer », insiste-t-il. Tout en nuançant : « Ne sont pas concernés ceux qui ont une lettre d’autorisation du ministre de la Communication ». Cette lettre, semble-t-il, tient lieu provisoirement, de licence d’exploitation (dans le cadre de la tolérance administrative, Ndlr). Dans la salle, des promoteurs des structures audiovisuelles sont surchauffés et se posent des questions sur l’opportunité d’une telle mesure. C’est le cas du promoteur de West Tv, une chaîne de télévision locale à Bafoussam, qui dit avoir déposé ses dossiers au ministère de la Communication (Mincom). Dans la foulée, les débats sont quelque peu houleux. Visiblement, aucun représentant de la régie publicitaire n’a répondu à l’appel. Dans les rangs des promoteurs de radio et télévision, certains s’estiment à l’abri de la menace du délégué. « Non. Si vous n’avez pas la lettre d’autorisation de fonctionner du ministre de la Communication, cela signifie que vous émettez illégalement », dira le délégué régional.
«La Mifi est le cœur de l’activité médiatique dans la région de l’Ouest. Et si la Mifi n’est pas en règle, on ne peut pas attendre plus des autres départements », précise Simon Ekolle Penda. Dans l’intervalle, le régional de la communication à l’Ouest dresse la liste des médias audiovisuels qui s’y sont conformés : Crtv radio et télé, Crtv Poala Fm. L’autre catégorie est constituée des organes ayant déposé un dossier au niveau du Mincom : Vino Tv, Dunamis Fm, Radio Batcham, Radio communautaire de Bafoussam 2ème, Living Water Chanel Tv, West Tv. La seconde catégorie englobe les médias audiovisuels qui ont déposé des dossiers au Mincom et dont les copies sont encore attendues à la délégation locale du Mincom : radio Star, radio Bonne Nouvelle, radio Vox Ecclésiae [appartenant au diocèse de Bafoussam], Ng Tv. Les frais liés à la délivrance d’une licence sont connus : 10 millions de Fcfa pour une radio locale et 100 millions pour celle qui a une couverture nationale.
[b]Libéralisation[/b]
Le déploiement du représentant local du Mincom, explique M. Ekolle Penda, fait suite à une série de correspondances du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, visant à réactualiser les dossiers. Ces correspondances datent du 18 mai 2014 et du 14 octobre de la même année. Arrivé à la délégation régionale de la communication le 8 septembre 2014, Simon Ekolle Penda ne veut rien entendre : « Je suis là pour m’assurer que la communication à l’Ouest est en conformité avec les lois de la République », conclut-il. Quant au préfet de la Mifi, il opte davantage pour que la pédale soit douce : « Je souhaite que le délégué de la communication se rapproche de sa hiérarchie pour avoir la conduite à tenir. Ce n’est qu’après qu’on pourra descendre sur le terrain », conseille Joseph Tangwa Fover. Dans la même lancée, on n’exclut pas que M. Ekolle Penda prenne contact avec ses homologues d’autres régions, afin d’avoir une idée sur ce qui s’y fait.
En attendant, la communication audiovisuelle au Cameroun continue de faire les frais d’une tolérance administrative. Après la libéralisation intervenue il y a 15 ans, quatre organes ont obtenu des licences d’exploitation en 2007 : Canal 2 international et Spectrum television (Stv) pour la télévision ; Sweet Fm pour le sous secteur radio et Tv+SA dans le cadre de la télédistribution. A l’époque, Ebénézer Njoh Mouelle officiait comme Mincom. Seulement, ces licences ont expiré en 2012 et n’ont pas été renouvelées. La faute sans doute à l’irrégularité des réunions du comité technique chargé d’examiner les dossiers d’éventuels postulants. De nombreuses radios et télévisions ont de fait fonctionné pendant cinq ou 10 ans sans être en règle.
[b]Michel Ferdinand[/b]