Le président national du RDPC, le chef de l’Etat, Paul Biya, a signé, le 18 septembre 2015, une circulaire désignant les «membres des commissions régionales de suivi des opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du parti leader au Cameroun. Analyse d’une circulaire riche en innovations démocratiques.
Les exégètes et autres observateurs de la scène politique camerounaise l’ont-ils remarqué ? Les textes portant désignation des membres de la Commission centrale de supervision, de la commission régionale de supervision et des commissions de renouvellement à l’étranger des organes de base du RDPC contiennent une grande révolution tant dans la forme du scrutin envisagé que dans l’encadrement des joutes internes au sein du parti du président Paul Biya, les premières sous le mode suffrage universel direct. Contrairement aux années précédentes, cette fois-ci, le président national du RDPC, Paul Biya, n’a retenu qu’une dizaine de membres du gouvernement de la République dans l’équipe qui va superviser les élections consacrées au renouvellement des bureaux des organes de son parti. Cette réduction significative des ministres, ministres délégués et autres secrétaires d’Etat amène à déduire deux faits réels. La dissociation palpable entre le Parti et l’Etat, d’une part, et d’autre part, la priorité de l’action gouvernementale réservée aux ministres, surtout, en ce moment où le Renouveau est préoccupé par deux soucis majeurs : la guerre contre la secte Boko Haram, et le défi de la croissance économique que doit susciter la politique économique des Grandes réalisations en cours depuis 2011. Dans les deux cas, et selon l’esprit de la circulaire présidentielle du 18 septembre 2015, les ministres sont appelés, par Paul Biya, à s’occuper prioritairement des affaires de l’Etat. Contrairement aux années antérieures, une dizaine de membres du gouvernement seulement figure parmi les élus désignés par le président national du RDPC en qualités de présidents régionaux. La proportion des ministres appelés à s’occuper des Primaires du RDPC est significative à plus d’un titre. 10 ministres sur les 70 membres que compte le gouvernement, c’est expressif de la volonté présidentielle de ne pas freiner l’action publique du gouvernement au profit des intérêts du parti majoritaire dans les instances de la vie nationale. Il y a quelques jours, le président de la République prescrivait aux ministres de ne pas prendre des vacances à l’étranger ; contexte de guerre oblige. Paul Biya est constant et reste fidèle à cette logique de priorité absolue à l’action gouvernementale. Seule une dizaine de membres du gouvernement est désignée pour aller superviser les élections à travers le pays, et à l’étranger. Outre cette analyse circonstancielle, on peut lire la raréfaction des ministres et autres pontes du Renouveau comme un souci, pour le président Paul Biya ne démocratiser le parti, par le bas, par la base… C’est dire si Paul Biya reste fidèle à l’esprit de la circulaire du 27 juillet par laquelle il lançait les opérations de renouvellement des bureaux des organes de base du RDPC, le profil des candidats était alors taillé à la mesure des militants de base… c’est tout dire.
Un parti véritablement démocratique
L’autre fait important à souligner, à travers la récente circulaire du président Paul Biya, c’est la mise en application effective des résolutions démocratiques prises lors du troisième congrès ordinaire du RDPC, tenu les 15 et 16 septembre 2011, lesquelles résolutions avaient apporté plusieurs innovations dans les textes de base du parti. Entre autres, celles relatives à l’harmonisation de la composition des bureaux des organes de base, l’élargissement et l’harmonisation de la composition des collèges électoraux des organes de base dans un souci de démocratie accrue, le renforcement des capacités d’action du secrétariat général du Comité central, l’accroissement du nombre des membres du Comité central et ceux des bureaux du Bureau Politique, ainsi que ceux des bureaux nationaux de l’OFRDPC et de l’OJRDPC. Ce sont ces innovations révolutionnaires qui rentrent en jeu à présent, à la grande satisfaction des militants de base. La circulaire signée le 18 septembre dernier est d’une importance démocratique avérée tant, elle remet le pouvoir au à la base. Le parti est ouvert ; comme pour épouser ce que le président national du RDPC a toujours dit, à savoir qu’il n’y a ni militant de la première heure ni militant de la dernière heure. Ni grand, ni petit militant. Le RDPC illustre-là, son caractère démocratique. La récente circulaire présidentielle est dans l’esprit des textes et des innovations démocratiques et démographiques qui fondent la popularité du parti au pouvoir.
Joseph Nkada Bekono, politiste