Malgré le rappel à l’ordre du secrétaire général du Comité central lors du séminaire du 13 mars dernier, certains parlementaires estiment que les problèmes de fond ont été esquivés.[pagebreak]Le premier point à l’ordre du jour lors du séminaire organisé en fin de semaine dernière à l’intention des parlementaires du parti au pouvoir semble avoir conforté les convictions de chaque camp. Les locataires de l’Assemblée nationale comme ceux du Sénat continuent de revendiquer la préséance malgré la mise au point de Jean Nkueté. Celui-ci a demandé aux uns et aux autres de mettre leur égo en berne et de songer à travailler pour les intérêts du parti et du Cameroun. Même les appels confraternels de l’exposé de Benoît Ndong Soumhet sur la collaboration et la complémentarité entre les parlementaires des deux chambres n’ont pas pu adoucir le pic des «incompréhensions».
Malheureusement, ce n’est pas avec des déclarations de bonne intention qu’on réussi à juguler une crise comme celle qui a secoué le parlement bicaméral lors de la session budgétaire de novembre 2013. Jusque dans la salle de la Tripartite du Palais des congrès de Yaoundé où se déroulaient les travaux, chaque camp guettait les mouvements de la hiérarchie du camp adverse. Aussi les députés ont-ils été quelque peu offusqués de voir le camarade Niat Njifenji arriver quelques secondes après leur indéboulonnable président d’une part et de voir le même président du Sénat être en grandes discussions avec son secrétaire général.
Une complicité de mauvais goût pour certains puisqu’à tord ou à raison, ils soupçonnent aussi Michel Meva’a M’Eboutou d’être pour beaucoup dans l’animation de la brouille interparlementaire actuelle.
A la fin du séminaire Pierre Moukoko Mbonjo, le secrétaire adjoint à la communication du Comité reconnaît que ses pairs n’ont pas cherché à exorciser les moindres faits de la querelle entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Il n’est pour autant pas d’avis que la journée de travail présidée par le secrétaire général Jean Nkueté n’aura servi à rien. Au contraire. Pour lui le séminaire a donné lieu à des débats libres sur les différents thèmes.
D’ailleurs explique-t-il, les députés et les sénateurs ont pu faire des propositions, des contre-propositions et même des recommandations. Un exemple de communication horizontale entre les députés et les sénateurs d’une part et entre les parlementaires et la hiérarchie du parti d’autre part. Ceci dit, le ministre Moukoko a nuancé son propos en indiquant qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles au sein du parti au pouvoir au moment où le bicaméralisme se déploie pour la première fois au Cameroun.
Points de la discorde
S’il est un aspect sur lequel des sénateurs rejoignent leurs camarades de l’Assemblée nationale à propos du séminaire de jeudi dernier, c’est justement celui de la clarification du détail des «malentendus» qui semblent, de l’avis de tous, être la cause de tous les maux entre les groupes parlementaires du parti au pouvoir. La question du traitement mensuel et du régime des avantages n’a pas explicitement été évoquée pendant les discussions.
«Chaque fois que quelqu’un essayait de poser le problème renseigne un député qui a sollicité l’anonymat, ils nous disaient que cela n’est pas l’objet du séminaire». Au final, il a été plus question du président national et de politique des Grandes réalisations que de résolutions concrètes. En clair, il n’y a pas eu de révélations sur les raisons qui ont motivé l’initiative sénatoriale de ne pas déposer son budget devant la commission des finances de l’Assemblée nationale. Aussi des sujets tels que la préséance entre les locataires des deux chambres ont tout simplement été relégués au rang de détails sans importance.
Pour une partie des parlementaires, en bottant en touche les «points matériels de la discorde» et en omettant de construire explicitement le cadre de la coopération future entre les élus du parti à l’Assemblée nationale et au Sénat, la hiérarchie du Comité central chargée d’organiser la réconciliation ne semble pas avoir pris la mesure des instructions présidentielles.