Plusieurs interrogations se font jour sur la capacité de Paul Biya de résister au diktat de la «communauté internationale».
Le régime de Yaoundé compte parmi les plus anciens sur le continent. 31 ans de pouvoir.[pagebreak] Seulement, les démocraties française et américaine ne goûtent guère aux présidences à vie. Parfois, leurs armées sont entrées en action pour renverser les régimes trentenaires. On l’a vu en Libye. Mais, le Cameroun de Paul Biya est-il la Libye de feu Mouammar Kadhafi? En fait, 252 tribus, reparties sur toute l’étendue du territoire nationale participent de la consolidation d’une paix, en perpétuelle construction. Une opération qui n’a jamais été facile.
En tout état de cause, si Paul Biya a survécu à Nicolas Sarkozy, les stratégies socialistes sont innombrables pour faire partir un Président de la République pourtant coopté par le pouvoir socialiste. Nous voulons parler de François Mitterrand à qui Paul Biya devrait son accession à la magistrature suprême.
Les partisans de cette thèse se recrutent parmi les théoriciens d’un «coup d’Etat médical» dont Ahmadou Ahidjo fit les frais en 1982. Soit, un an après l’élection à la présidence française de François Mitterrand avec qui le prédécesseur de Paul Biya eût dans le passé, un lourd contentieux. Mitterrand venu défendre un prisonnier politique fut expulsé manu militari du Cameroun, sous ordre du président d’alors, Ahmadou Ahidjo. C’est dire que dès 1981, il y avait de la revanche dans l’air!
La France veut-elle, plus de 30 ans après, rééditer son «coup d’Etat»? On peut le penser, au regard du poids accordé par l’Elysée à la désormais ex affaire Michel Thierry Atangana. Ce Camerounais naturalisé français, a été convaincu dans un premier temps en 1997 de détournement de fonds publics et condamné à 17 ans de prison. Après 15 ans de bagne, l’expert en intelligence économique est dans un deuxième temps reconnu coupable de faits de détournement et condamné à 30 ans autre année de prison.
C’en était trop pour la France, qui a mis en branle toute sa puissance pour l’extraire des geôles de la prison secondaire de Kondengui-Sed. Atangana sorti, Paris exige la libération d’un autre de ses enfants: Lydienne Eyoum. Celle-ci tire sa nationalité française de son mariage avec un compatriote de De Gaulle.
LE CAS DE ME EYOUM LYDIENNE
Après la réussite de François Hollande sur le dossier Michel Thierry Atangana, un nouvel assaut serait lancé par le Chef de l’Etat français contre la justice camerounaise et le régime de Yaoundé: celui de la libération du détenu Me Eyoum Lydienne. A titre de rappel, cette camerounaise de souche, mariée à un Français et notaire à Douala est impliquée, avec l’ex ministre de l’économie et des Finances Polycarpe Abah Abah, dans un détournement de 2.5 milliards FCFA dans l’affaire de la liquidation de l’ex ONCPB.
Devant l’ingérence de la France dans les affaires judiciaires camerounaises, on reste sidérée. Faut-il accorder l’impunité à une catégorie de personnes se présentant sur le tard comme françaises? Les Camerounais sont plus qu’exaspérés. Si jamais Paul Biya gracie par quelque artifice que ce soit, Mme Lydienne et les criminels économiques du même tonneau, ce sera la fin de son régime.
PAUL BIYA SERAIT-IL ENTRAÎNÉ VERS LA PORTE DE SORTIE?
Le constat est clair, les Américains,les Français et la communauté internationale rejettent désormais toute idée de longévité au pouvoir. Paul Biya, en mettant sur pied l’opération Epervier, qui consistait à traquer les prévaricateurs de la République n’avait pas pensé à la position de l’opinion internationale.
Dans un premier temps, les Américains ont fait semblant de lui emboîter le pas dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, mais la coloration politique qu’aurait empruntée l’opération «épervier» aura tout basculé dans le sens de la confusion dans la mesure où on l’a qualifié d’être à «Tête chercheuse». Un aspect négligé par Biya, mais qui se trouve valorisé par la communauté internationale. D’où les pressions de l’Occident afin que les personnes suivantes soient élargies. Condamnées ou non!