Cameroun: Pressions, Crises sécuritaires, Paul Biya peut il tenir ?

Moins d’un semestre après sa prestation de serment et à 78 mois de la fin du septennat en cours, Paul Biya 86 ans depuis le 13 février dernier (dont 36 années, 5 mois et 26 jours à la tête du Cameroun), peut-il tenir alors que le pays commence à faire face à des pressions de la communauté internationale et à plusieurs crises sécuritaires ?

Au sein du sérail Camerounais le ton monte chaque fois et l’on évoque systématiquement « la tentative de déstabilisation » entreprise depuis l’étranger lorsque les ONG spécialisées dans la défense des droits de l’homme, dénoncent les exactions commises par les forces de l’ordre et de sécurité, ou encore les interdictions de manifestations qui frappent les partis politiques de l’opposition.

Récemment, René Sadi le ministre Camerounais de la communication s’est indigné de la résolution du parlement européen qui faisait suite aux condamnations de Human Rights Watch (HRW) et d’Amnesty International sur les « graves violations » de droits de l’homme attribuées à l’armée dans les régions du Nord ouest et du Sud ouest, secouées depuis fin octobre 2016 par la crise anglophone.

« Le gouvernement camerounais s’élève radicalement contre cette résolution du parlement européen et exprime son indignation face à un acte empreint de partialité, qui s’apparente à une kyrielle de contrevérités. D’affirmations gratuites, de récriminations infondées et d’injonctions assorties de chantage, dirigées contre les autorités camerounaises et les forces de défense », déclarait Sadi.

Agacement

Si du côté du régime l’on ne cesse de donner quelques signaux de sérénité, un certain air d’agacement voire de panique plane dans l’air alors que se multiplient les condamnations des ONG.

Et, ce n’est pas pour rien que Yaoundé paniquerait. Jamais dans l’histoire du Cameroun la presse proche du pouvoir n’a été aussi mise à contribution pour faire bloc contre « l’ennemi extérieur » comme c’est le cas en ce moment.

Et depuis quelques semaines, les camerounais assistent au procès de Maurice Kamto, leader politique de l’opposition et une centaine de ses militants pour des faits d’insurrection, d’hostilité contre la patrie, de rébellion, d’attroupement, de dégradation des biens publics, de manifestation publique interdite et outrage au président de la République. Une première !

Le pouvoir pour sa part fait face aux activistes de la diaspora qui ont promis de perturber les séjours du Président Biya à l’étranger. Ce dernier vient d’ailleurs de franchir le cap de 225 jours sans voyager hors du Cameroun ? Fait rare pour cet habitué des séjours à l’étranger.

Ces activitstes qui ont des entrées au parlement européen promettent de manœuvrer pour que les pays occidentaux actionnent le levier pour une saisine du conseil de sécurité de l’ONU.

Ils annoncent aussi une grande marche à Paris le 18 mai prochain à deux jours de la de fête nationale. L’objectif est de sensibiliser Emmanuel Macron le chef d’État français.

Rendez-vous en 2024

En juin 2004, lorsque la rumeur le donnait pour mort, Paul Biya avait donné rendez-vous à ses détracteurs en 2024 rappelle à koaci, un ministre Camerounais sous couvert d’anonymat, « le président est préparé pour diriger les sept prochaines années. Vous semblez oublier que dans sa famille on vit longtemps. Il a des aînés qui vivent encore. En plus lui-même avait donné rendez-vous dans 20 ans soit en 2024. Et nous sommes en 2019. Vous allez encore devoir attendre cinq ans », confie notre interlocuteur.

Pour les activistes, rien n’est sûr quand on voit les pressions contre le régime qui s’intensifient et surtout l’armée Camerounaise qui est prise entre plusieurs fronts : Celui de l’extrême-nord avec Boko Haram, de l’Est par les bandes armées centrafricaines au nord et dans l’Adamaoua par les preneurs d’otages, au Nord ouest et au Sud ouest par les séparatistes armés.

Seules 4 régions sur les 10 que compte le Cameroun (Littoral qui abrite Douala la métropole économique; le Centre avec Yaoundé le siège des institutions, l’ ouest et le Sud) sont encore paisibles.

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