Cameroun – Pr. Pierre Marie Tebeu, CHU: « Le cancer du col de l'utérus se transmet par voie s**e*xuelle »

Le cancer du col de l’utérus était à l’époque une affection touchant principalement les femmes de plus de 50 ans.
Mais actuellement, expliquent les médecins, les filles de 25 et 35 ans sont aussi affectées et peut-être même plus que leurs aînées. Hier déjà, les dames sont venues en grand nombre. Sur les bancs du service de consultation gynécologique externe du CHU, il y avait des jeunes et des vieilles. Le regard lointain, la peur du diagnostic était visible sur les visages. « Je suis un peu inquiète. J’ai 52 ans et je ne me suis jamais fait dépister. Je n’ai pas mal quelque part mais je tiens à savoir si je suis malade ou pas », explique Mélanie Aghoagni. Et pour les malades et les curieuses, le circuit est le même : enregistrement, remise de fiche et dépistage. « Le dépistage du cancer du col se fait par le frottis, les méthodes d’inspections visuelles et le test au virus. Durant cette campagne, c’est la méthode d’inspection visuelle qui est pratiquée. Nous appliquons une solution sur le col et s’il y a une anomalie, on la détecte sur le champ. Toutes les femmes qui viendront à cette campagne sauront si elles sont malades ou pas », assure un médecin. Et hier autour de 10h30, on les estimait à près de 300 en attente de dépistage. Celles qui seront retrouvées malades, vont être appelées à engager le traitement, à partir de 20 000F. Et rendez-vous sera donné aux autres pour un autre dépistage, l’année prochaine. « Nous espérons que beaucoup de femmes soient sensibilisées. Durant ces dépistages, nous mettons en évidence les lésions précancéreuses et les traitons avec satisfaction. Question d’éviter aux femmes d’arriver au stade de cancer invasif », relève un gynécologue. Dans la plupart des cas, un cancer détecté tard, conduit à la mort. Au Cameroun, on estime qu’il y a environ 14 000 nouveaux cas de cancer de manière général. Pour ce qui est de celui du col de l’utérus, 1400 à 1700 femmes sont touchées et environ 700 d’entre elles meurent chaque année. En ce qui concerne le cancer du sein, les experts évaluent les patientes à près de 2000 dans le pays. Le CHU à travers son directeur général, Dr Arthur Essomba, organise ainsi cette campagne pour contribuer à la réduction du fardeau du cancer du col et du sein dans la population camerounaise. Ceci à travers l’identification des cas suspects et la mise sous un traitement approprié. 3000 à 5000 F le dépistage en temps normal, cette inspection leur est actuellement offerte gratuitement.

Pr. Pierre Marie Tebeu, gynécologue et obstétricien, CHU: « Le cancer du col de l’utérus se transmet par voie s*e*xuelle »

Comment peut-on savoir qu’on a un cancer du col de l’utérus ?
Le cancer du col de l’utérus est causé par un virus et il se transmet par voie s*e*xuelle. Les signes d’alerte apparaissent toujours trop tard, d’où le rôle du dépistage. S’ils apparaissent, la femme peut avoir un saignement vaginal de contact, souvent après rapport s*e*xuel ou toucher vaginal. Saignement qui fait plus parler de lui par sa fréquence et non par son volume. Il peut également avoir un écoulement vaginal de mauvaise odeur, entre autres.

Quels sont les conséquences de cette affection?
Les conséquences sont nombreuses. Il y a l’anémie, des mauvaises odeurs, plus tard des fistules vésico-vaginales, recto-vaginales, constipations et insuffisances rénales. Au plan familial, la pauvreté s’installe. Au plan professionnel, ce sont souvent des femmes qui vont être absentes au travail, parfois jusqu’à l’arrêt total. Si rien n’est fait, c’est la mort assurée.

Comment éviter le cancer du col de l’utérus?
Le cancer du col de l’utérus peut être évité parce que c’est une maladie s*e*xuellement transmissible. Si une femme n’a pas de rapport s*e*xuel, elle n’aura pas le cancer du col de l’utérus. Si la femme a plusieurs partenaires, le risque est grand. Même si elle a un seul partenaire et que ce dernier a plusieurs maîtresses, il est possible qu’il lui transmette le virus. Il faut donc éviter tous les facteurs de risque : les rapports s*e*xuels précoces, les partenaires s*e*xuels multiples. Le dépistage dès l’âge de 25 ans est aussi conseillé. Tout comme le vaccin pour les jeunes filles qui n’ont pas encore de rapports s*e*xuels. Il coûte 35 000 F la dose. La petite fille a besoin de deux doses pour être immunisée.

Que dire pour ce qui est du cancer du sein ?
On ne l’évite pas comme c’est le cas avec le cancer du col de l’utérus. Ici, ce n’est qu’à travers le dépistage précoce que la personne sait qu’elle est malade. Nous recommandons aux femmes de palper leurs seins pour détecter tout corps étranger et le signaler.

Une fois malade, peut-on en guérir?
Oui, mais, les chances de guérison s’amincissent avec l’évolution de la maladie.

La femme peut-elle encore avoir des enfants après un cancer du col de l’utérus?
Bien évidemment. Si l’on était au stade des lésions précancéreuses, la femme accouche. Il y a certes des risques d’avortement mais c’est possible. D’où l’importance du diagnostic précoce.

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