Cameroun: Où est passé le recensement de la population ?

Instruite depuis 2015 par le président de la République, l’opération qui devait permettre au gouvernement d’avoir les données nécessaires à la planification du développement est étonnamment aux oubliettes, alors que le pays entame un nouveau septennat.

Depuis le 15 septembre 2015, le président de la République, Paul Biya, a signé un décret ordonnant le 4e Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph). Plus de trois ans après, l’opération qui devait démarrer au premier trimestre 2016 et qui visait principalement à rendre disponible les données nécessaires à la planification du développement et à la prise en compte du dividende démographique dans l’élaboration des politiques permettant l’évolution du Cameroun vers l’émergence (voir article 3 du décret du 15 septembre 2015), est étonnamment aux oubliettes. Alors que le Cameroun entre dans un nouveau septennat (2018-2025), au Bureau central des recensements et des études de population (Bucrep), personne ne souhaite en parler ouvertement. Mais, de sources bien informées, le comité technique de ce quatrième recensement de l’histoire du Cameroun aurait adopté un budget qui embarrasse le gouvernement. Celui-ci tournerait autour de 25 milliards Fcfa, d’où le blocage.

A ce jour, l’on estime la population camerounaise à environ 23 millions d’âmes. Ce qui signifie que le coût du prochain recensement va être beaucoup plus élevé, au vu notamment des nombreuses innovations qui sont prises en compte pour améliorer la qualité de cette opération

Le recensement général de la population et de l’habitat de 2005, dont les résultats avaient été publiés en 2009 du fait des difficultés budgétaires, avait coûté 8 milliards Fcfa et avait été supporté en partie par le Fonds des nations unies pour la population (Unfpa), qui n’a pas encore pris des engagements fermes dans ce sens pour la prochaine opération. Le Cameroun ne comptait que 19,4 millions d’habitants environ. A ce jour, l’on estime la population camerounaise à environ 23 millions d’âmes. Ce qui signifie que le coût du prochain recensement va être beaucoup plus élevé, au vu notamment des nombreuses innovations qui sont prises en compte pour améliorer la qualité de cette opération, notamment l’utilisation des tablettes numériques pour la collecte des données. Ces appareils devraient coûter à eux seuls quelques 8,2 milliards Fcfa pour les 33000 agents recenseurs déjà recrutés. En Côte d’Ivoire, le dernier pointage qui date de 2014 fait état d’une population de 23 millions d’habitants.

Ce recensement avait coûté 15 milliards Fcfa au pays, sans compter les tablettes numériques intégrées dans l’opération, et dont la prise en charge avait été assurée par l’Unfpa. La population du Cameroun étant sensiblement égale à celle de la Côte d’Ivoire aujourd’hui, au moins 15 milliards Fcfa supplémentaires devront être mobilisés pour le reste de la logistique, le transport, les salaires des agents recenseurs, etc. Selon les Nations unies, chaque pays doit procéder à un recensement général de sa population une fois au moins tous les 10 ans. S’il avait respecté cette prescription, le Cameroun aurait fait son 4e recensement depuis quatre ans.

Entre autres objectifs spécifiques du 4e Recensement général de la population et de l’habitat, définis par le décret présidentiel du 15 septembre 2015, il était question : de connaître l’effectif de la population ; de déterminer les caractéristiques de l’habitat, les équipements et outils de production des ménages ; d’étudier les éléments du cadre de vie de la population ; d’établir la répartition de la population par circonscription administrative, par collectivité territoriale décentralisée et par unité de commandement ; d’actualiser le fichier national des localités et d’en constituer une base de données socio-démographiques ; de saisir les mouvements naturels et migratoires ; et de présenter la structure de la population selon le s*e*xe, l’âge et les caractéristiques socio-économiques et culturelles.

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