L’arrivée à la tête du Nigeria de cet ancien général est perçue comme un motif d’espoir.[pagebreak]Le cours de la guerre contre Boko Haram va-t-il s’inverser du seul fait de l’arrivée de Muhammadu Buhari à la magistrature suprême ? Nombreux sont les spécialistes qui répondent par l’affirmative. Homme à poigne, ce général à la retraite semble avoir le profil de l’emploi pour pacifier le Nord-Est nigérian confisqué depuis des années par Boko Haram. Pour cela, il devra reprendre rapidement en main une armée gangrenée par la corruption et dont le haut commandement peine à avoir le respect des troupes.
Selon l’expert en questions de sécurité et de défense, Aimé Raoul Sumo Tayo, il ne fait point de doute que « Muhammadu Buhari réussira à coup sûr à doper le moral des troupes nigérianes. Sa politique sera plus ambitieuse, mais plus répressive, aussi. Un de ses soutiens, l’ex-président Olusegun Obasanjo, dans ses mémoires, a prédit que même si Buhari ne sera sans doute pas un bon manager, sur le plan politique, il sera un leader fort, inflexible et courageux ».
Car la menace Boko Haram qui s’exprime toujours en termes de milliers de combattants équipés d’armes sophistiquées et prêts à mourir, ne disparaitra qu’au prix d’un changement radical d’approche sur la gestion de cette question terroriste. Dans cette perspective, on peut souligner les engagements du président élu à l’égard de l’armée. L’ex général a promis leur donner des équipements modernes et adéquats pour éradiquer les menaces dont sont porteurs les adeptes de Boko Haram.
Aimé Raoul Sumo Tayo, rappelle en effet que Muhammadu Buhari a promis « améliorer le bien-être des soldats, mettre un accent sur la collecte et la diffusion du renseignement. Le nouveau président a également promis des contrôles plus accrus aux frontières pour étrangler les sources de financement et de ravitaillement de Boko Haram », explique t-il. S’agissant du volet multinational de ce dossier, notre expert soutient qu’il « est très probable que l’approche nigériane dans la lutte contre Boko Haram change, notamment sur le plan national et bilatéral. La vision de l’ancien chef de l’Etat, Goodluck Jonathan, ne semblait pas privilégier une action multilatérale en territoire nigérian. Avec la victoire de Buhari, l’on assistera certainement à une redéfinition de la politique antiterroriste du Nigeria ».
Y.Y.