La République fédérale du Nigeria a annoncé, dimanche dernier, la fermeture d’une partie de sa frontière avec le Cameroun. Effective depuis lundi dernier, cette mesure vise à limiter les déplacements des rebelles à l’image des islamistes radicaux de Boko Haram et d’autres bandes criminelles.[pagebreak] En réalité, cette nouvelle fermeture d’une partie de la frontière entre les deux Etats n’est pas surprenante. Elle a été imposée par la résurgence des actes du groupe terroriste au nord-est du pays.
Plus de 100 personnes ont, en effet, été tuées, le 8 février dernier, à Izghe dans l’Etat de Borno au nord-est du Nigeria par des membres de la secte islamiste. Auparavant, 43 individus avaient été massacrés dans deux attaques séparées, par des extrémistes appartenant au même groupe. Les assaillants ont non seulement « massacré les victimes, mais en plus, ils ont pillé des commerces, et des magasins de produits alimentaires, chargé leur butin dans des voitures appartenant aux habitants et ont fui dans la brousse », selon le gouverneur de l’Etat de Borno, Maina Ularamu. Les autorités locales estiment que les islamistes radicaux ont établi des bases dans des régions peu peuplées chez ses voisins et s’enfuient de l’autre côté de la frontière après avoir commis des attentats sur le sol nigérian.
L’initiative qui permet de réduire l’afflux des terroristes, plus particulièrement dans la frontière poreuse de 2000 kilomètres qui s’étend de l’Etat de Borno jusqu’à la région du delta du Niger, relève de la nouvelle stratégie de lutte contre Boko Haram qui intègre le transfert du quartier général de l’armée dans le fief de Boko-Haram et l’implication des Etats de la sous-région dans la lutte contre le groupe terroriste. Cette stratégie s’inscrit en droite ligne de la vaste offensive lancée par l’armée nigériane contre Boko-Haram depuis mai 2013 dans les Etats de Borno, Adamawa et Yobe, placés en état d’urgence au nord-est du pays. Ce à quoi s’ajoute la formation des milices d’auto-défense anti-Boko- Haram par des habitants avec l’aide de l’armée. Les autorités nigérianes savent qu’elles doivent s’impliquer fortement dans la mise en œuvre de la nouvelle stratégie anti-Boko-Haram pour qu’elle produise les effets escomptés. D’autant plus que le groupe terroriste, fondé en 2002 n’a jamais renoncé à son projet d’instaurer la loi islamique, la charia, au Nigeria, malgré l’élimination de son fondateur Mohamed Yusuf en juillet 2009 par la police locale, dans son fief de Maïduguri, au nord-est du Nigeria. Ces autorités savent également qu’elles peuvent continuer à proposer des négociations au groupe terroriste tout en maintenant la pression militaire tant il est vrai que des dissensions sont souvent signalées parmi les adeptes du groupe terroriste, surtout au sein de la direction incarnée par le leader de Boko-Haram, Abubakar Shekau, qui n’a ni le charisme du fondateur, Mohamed Yusuf, ni l’aptitude à se faire respecter par tous les membres. Le Nigeria sait également pouvoir compter sur le soutien des Etats-Unis d’Amérique qui lui ont réitéré leur appui face aux récentes attaques et lui ont promis une aide anti-terroriste.