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Cameroun – Médailles à l’armée: Les « oubliés » du Bir

L’acte de reconnaissance du chef de l’Etat crée la polémique dans les rangs et suscite des interrogations.Le 1er avril 2015, le chef de l’Etat a signé trois décrets portant attribution de la médaille de la vaillance à 408 soldats qui se sont particulièrement illustrés dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram. Le site de la présidence de la République renseigne qu’il s’agit de 38 officiers qui «ont conduit avec patriotisme et sans esprit de recul, plusieurs batailles ayant permis de repousser les assauts des membres du groupe terroriste Boko Haram, sauvegardant ainsi l’intégrité du territoire national ». 129 sous-officiers ayant «conduit en tant que chef de poste ou de patrouille, avec détermination et bravoure, plusieurs combats ayant permis de repousser les assauts des membres du groupe terroriste» ; 241 militaires de rangs qui « par leur courage, leur abnégation et leur détermination, ont activement contribué à repousser plusieurs assauts» de la secte terroriste.
Mais une lecture desdits décrets suscite plusieurs curiosités. Premièrement, un nombre important d’officiers du Bir ont été lésés dans cette reconnaissance du chef supérieur des armées. On peut répertorier le chef de bataillon Beltus Kwene actuellement en détachement à Fotokol. C’est ce commandant qui a repoussé l’attaque brutale de Boko Haram le 4 février dernier qui a coûté la vie à sept soldats et plusieurs civiles. L’opération de défense et de reconquête de Fotokol a neutralisé plusieurs ennemis. Actuellement, cette ville frontalière au Nigeria située dans le Logone et Chari est sous le contrôle du Bir. Aucun centimètre du territoire n’a été cédé à l’ennemi. Comment donc comprendre que Beltus Kwene ne figure pas sur la liste des bénéficiaires. Une source avance deux raisons : «soit il est déjà titulaire d’une médaille de la vaillance soit le haut commandement estime qu’il y a eu des souplesses sous son commandement».

Division
Le même argument est valable pour le chef de bataillon Ngaransou. C’est cet officier du Bir en poste avancé à Kolofata qui a conduit différentes fois, les opérations à Kérawa et Achigachia contre les adeptes de Boko Haram. On se rappelle que l’attaque enregistrée à la fin du mois de décembre 2014. «Une horde d’un millier de combattants ont donné l’assaut sur le camp d’Achigachia tenu par nos forces de défenses qui ont dû reculer après avoir tenté de défendre leur position. Les membres de la secte ont planté leur drapeau sur Achigachia», signalait un communiqué du Mindef. Ladite attaque a mis en péril l’intégrité de notre territoire. Le Mindef avait reconnu dans un communiqué lu sur le poste national de la Crtv que «cette agression était très grave».
Mais malgré tout, le chef de bataillon Ngaransou et ses hommes ont repris tous les espaces aux mains de l’ennemi. Grâce au soutien des autres forces de défense venues en renfort une riposte a été organisée. Ce jour-là, l’aviation de chasse est entrée en action pour la première fois. Après deux passages et un feu nourri, les assaillants ont déguerpi après avoir perdu des hommes sur le terrain. Le cas Ngaransou suscite aussi des interrogations. Son nom a-t-il été omis ? Est-il déjà en possession de cette médaille de la vaillance ? Ou a-t-il été sanctionné pour avoir été surpris par l’ennemi. On ne le saura sans doute pas. La communication est verrouillée sur ce sujet qui cause déjà des mécontentements au sein de l’armée. Ce d’autant plus que les deux chefs de bataillon suscités ne sont en réalité que les cas les plus emblématiques. Beaucoup d’hommes de rang lésés, souffrent en silence.
Des personnes dénoncent cette injustice. En effet, plusieurs militaires, pas seulement du Bir, ont été déployés sur le front à l’Extrême-Nord. Notamment ceux du régiment d’artillerie sol-sol (Rass), du régiment d’artillerie sol-air (Rasa), ceux du Bataillon blindé de reconnaissance (Bbr), du Bataillon des troupes aéroportées (Batap). On dénombre sur le front les militaires de la marine nationale et des fusiliers de l’air. Il y a en plus des gendarmes du Gpign et des policiers. Une source fait savoir que les personnels de ces autres corps recevront également leurs médailles dans les prochains jours ou les prochaines semaines. « Les textes y afférents ont été préparés. La procédure de signature prend du temps parce qu’elle doit passer dans chaque état-major. Par contre, la procédure est plus simplifier pour le Bir qui traite directement avec le président », souffle une source. Une discrimination, si elle venait à s’enliser, pourrait déconstruire la cohésion des hommes au front.

Ibin Hassan

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