Marcelin Vounda Etoa, Secrétaire permanant du Conseil National d’Agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques explique.
Qu’est ce qui a motivé la convocation d’une réunion du conseil national d’agrément des manuels scolaires et des matériels didactiques (Cnamsmd) avec les éditeurs, les distributeurs et les libraires à deux semaines de la rentrée scolaire ?
Le conseil a l’obligation de maintenir en situation de veille tous les acteurs de la chaine de la production, de la distribution et de la commercialisation du manuel scolaire, outil central, s’il en est, de la formation de la jeunesse camerounaise et clef de voute de tout système éducatif. Par ailleurs, après un mois de descente sur le terrain pour des visites in situ et à la veille de la rentrée scolaire, le conseil devait faire le point avec tous des choses vues et constatées dans les locaux, les entrepôts et les rayons des éditeurs, distributeurs et libraires.
Précisément quels ont été les points saillants de votre rencontre du 13 aout 2019 ?
Au moment de notre descente sur le terrain, quelques éditeurs et distributeurs n’avaient pas tous les stocks mais ont donné la preuve par des bons de commande et d’autres documents que des réassorts étaient en cours. La distribution est apparue comme le ventre mou ou le maillon le plus faible de la chaine. A ce jour, aucun distributeur ne couvre plus de quatre régions de notre pays et ne peut ravitailler des libraires qui, non plus, ne sont pas présent dans les villes, même les plus grandes de notre pays. Or, seule une couverture arachnéenne du territoire peut garantir la présence du manuel scolaire partout, y compris dans les localités les plus reculées.
Le respect des listes officielles des manuels agréés est-il effectif ?
De très nombreux établissements, surtout privés, usent des subterfuges divers pour s’opposer à la politique du manuel unique par matière. Quand ils ne remplacent pas les manuels agréés par leurs manuels propres ou par ceux que leurs proposent quelques éditeurs véreux ou vénaux, ils affligent les parents de « listes supplémentaires » ou de ce qu’ils qualifient de « manuels conseillés », mettant ainsi en péril l’état tout entier par la circulation de savoirs et d’informations dont personne ne peut garantir ni l’orthodoxie ni la scientificité des contenus. Il n’est pas envisageable que dans un pays, chaque école, collège ou lycée, au nom d’argument spécieux, enseigne ce qu’il veut. L’école ne construit pas un pays, l’école aide à former, à mouler les citoyens dont un pays voudrait se doter pour se construire et se développer.
Y a-t-il des mesures envisagées pour imposer le respect strict des listes officielles par tous ?
L’année dernière les deux ministres en charge de l’éducation, Minedub et le Minesec ont signé des circulaires destinées à leurs collaborateurs internes et externes (chefs d’établissements privés/ publics) instruisant le respect strict et sans concession des listes officielles des manuels agréés. Ces instructions restent en vigueur et exposent donc ceux qui les enfreignent à des sanctions. Pour sa part le conseil envisage, après en avoir rassemblé les preuves, de sanctionner les éditeurs qui se rendent complices de cette pratique. Les parents devraient, quant à eux, refuser d’acheter, dans quelques établissements scolaires que ce soit, d’autres manuels scolaires que ceux figurant sur les listes officielles dument signées du Minedub et du Minesec et revêtues du sceau de l’Etat.