Cameroun – Manu Dibango terrassé par le Coronavirus

Manu Dibango

Depuis la semaine dernière, sa famille nous a réconfortés, nous prescrivant en revanche de respecter sa vie privée. Nous avons acquiescé.

Aujourd’hui, il est parti. Que sa famille comprenne que ce monument de la musique de niveau mondial, fierté de notre culture ne lui appartenait pas à elle seule. Elle est certainement plus affligée que nous, mais qu’elle sache que notre douleur est aussi grande, et que nous nous devons de rendre un vibrant hommage à un homme que l’on ne voit que comme une météorite, tant sa vie artistique aura été pleine et riche. Ces années sont passées très vite, il n’y avait aucun déchet dans son œuvre. Il a donné toute sa vie à la musique.

Communiquant de très haut vol, il savait défendre ses positions et parlait d’une mondialisation qu’il vivait dans son quotidien, ayant d’ailleurs joué avec une bonne partie des grands musiciens de ce monde. Ce qu’il faut surtout retenir de ce grand de la musique est sa grande simplicité et l’humilité d’un homme qui avait le rire contagieux.

Une époque s’éteint avec sa mort, car il était un puriste de la mélodie comme on en trouve plus; aujourd’hui, les paroles ont pris le pas sur le raffinement mélodique. Je l’ai apprécié dans la mystique de son genre surfant sur la musique d’ambiance portée par un instrumental recherché et rare. Des mélodies on ne peut plus magiques que je pense être venues d’une inspiration très profonde et lointaine. Je me surpris à réécouter Baobab sunset ce matin, en ces temps durs de regrets, oeuvre instrumentale sous un fond mélancolique qui me permit souvent de m’élever; il est le seul à en connaître les recettes.

Nous ne l’écouterons plus jamais en live, mais nous l’écouterons tous les jours, son œuvre est inoxydable et anachronique pour n’être qu’éternelle. Mon cher Manu, tu faisais des émules par les airs uniques de ton saxo, je les aurais reconnus sur mille sons, ils étaient ton ADN. Tu fais partie des très très grands, de ceux qui ne meurent jamais…je te fais une respectueuse révérence

Un fervent admirateur, Colonel (R) Didier Badjeck

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