Deux attentats kamikazes du groupuscule terroriste ont eu lieu dans cette ville de l’extrême nord dans la nuit du 12 juillet 2015. Une nouveauté dans le modus operandi de cette secte au Cameroun.
Après le double attentat qui a frappé Ndjamena le 15 juin, puis le 11 juillet 2015, la ville de Fotokol a été la cible des kamikazes du groupe Boko Haram. Selon la présidence de la république, les attaques perpétrées ce dimanche ont fait 13 morts-dont les deux kamikazes- et 7 blessés (quatre militaires tchadiens et trois camerounais). Ces assauts kamikazes ayant eu lieu entre 19h et 19h05 sont les premiers en terre camerounaise. Un nouveau mode opératoire, après les attaques frontales, et la pose des mines anti personnelles. Cette progression s’explique selon le chercheur en question de sécurité et de défense Raoul Sumo Tayo par l’échec des modes opératoires précédents.
«Face à l’échec des attaques frontales contre les positions de nos forces de défense et face au résultat mitigé de l’utilisation des engins explosifs improvisés, Boko Haram en ce mois de ramadan-mois de Djihad par excellence pour les mouvements terroristes-a fait le choix de frapper fort. Dans une situation jouant en sa défaveur, le mouvement terroriste n’a pas eu un autre choix que de développer cette stratégie du faible face au fort, en se livrant à des attentats de type kamikaze», déclare-t-il.
Dans cette guerre asymétrique que se livrent les forces régulières camerounaises et la secte Boko haram, l’introduction des attaques-suicides vient complexifier la situation. Selon le récit des attaques kamikazes perpétrées à Fotokol, les terroristes et leur charge d’explosifs se dissimulaient sous des burqa (le voile intégral chez les musulmans). Un stratagème couramment utilisés par les terroristes et dont les résultats ne sont plus à questionner. Face à ce type d’attaque, les forces de défense camerounaises devraient miser notamment sur le renseignement selon Raoul Sumo.
«Face à des mouvements de ce type, la principale solution demeure le renseignement, pour que l’armée prévoit des attentats avant qu’ils ne surviennent. Il faut également que les forces de troisième catégorie, la police, la gendarmerie interviennent en redynamisant les check-points, en effectuant des contrôles aux niveaux des frontières et à l’intérieur du territoire national pour éviter les infiltrations des adeptes de Boko haram», précise-t-il. «Il faut aussi que les autorités administratives et traditionnelles soient mises à contribution, ainsi que les autorités religieuses qui sont les mieux placées pour déceler les individus suspects» ajoute-t-il.
[b]Interdiction de la burqa au Cameroun[/b]
Un autre élément qui devrait œuvrer selon le chercheur en question de sécurité et de défense, dans la lutte contre le nouveau mode opératoire mis en place par le groupuscule Boko Haram est l’interdiction du port de la burqa. «Quand on examine le mode opératoire de ces terroristes, pour cacher la charge explosive, ils mettent sur eux le voile intégral, et déclenchent leur charge au moment où ils se trouvent au milieu de la population. Il faut par conséquent éviter que ces terroristes aient la mobilité, aient la capacité de se mouvoir et de dissimuler leur charge explosive. Je crois que c’est l’une des solutions. Je pense que si le Tchad pays peuplé à 80% de musulmans a pris cette décision, le Cameroun ne devrait pas attendre d’être frappé pour la prendre également». Justement certaines autorités n’ont pas attendu les attaques kamikazes de Fotokol pour prendre des mesures interdisant le port du voile intégral en public dans leur circonscription. La dernière en date, celle du 29 juin 2015 du préfet du département du Noun, Donatien Bonyomo.
[b]Ben Christy Moudio[/b]