Cameroun: Les maires Rdpc renouent avec la rébellion et l’indiscipline

Meeting du RDPC

Malgré les circulaires et messages portés du ministre de la Décentralisation et du développement local, des militants du Rdpc, élus au sein des exécutifs communaux, font de la résistance dans l’administration publique, en violation flagrante des dispositions légales relatives aux incompatibilités et au détachement.

Élue doublement député de la Nation et maire de la commune de Foumban, à l’issue du double scrutin législatif et municipal du 09 février 2020, Patricia Tomaino Ndam, ne se fait pas prier et opte pour la mairie, laissant la latitude à son suppléant de légiférer au sein de l’hémicycle à l’assemblée nationale. Bien avant elle, ils sont nombreux, des élus député-maires, qui ont été amenés à respecter les dispositions de la loi sur les incompatibilités à des postes électifs. Si le débat a été évacué, s’agissant des cas de députés et maires, au sein des exécutifs communaux, le problème reste entier pour ce qui est du respect des dispositions légales relatives aux incompatibilités et au détachement de plein droit. La suspension des contrats des agents publics élus au sein des exécutifs communaux reste une gageure titanesque. Il en est de l’entêtement, la rébellion et la volte-face de certains cadres et hauts fonctionnaires de l’administration publique camerounaise.

Elus maires ou adjoints aux maires; ils freinent sur quatre fers et refusent de faire le choix. Peut-on penser qu’ils ne vont sensibiliser sur les incompatibilités entre l’administration et les postes de conseillers municipaux, élus maire ou adjoint au maire? Pourquoi, arborant l’écharpe de membre d’un exécutif communal, continuent-ils, d’exercer à des hautes fonctions dans l’administration? Comment expliquer le viol des textes de loi sur le code des collectivités territoriales décentralisées? Pendant combien de temps, le pouvoir exécutif, en particulier le ministre de la décentralisation et du développement local, patron des collectivités territoriales décentralisées, va-t-il continuer à tolérer des impostures et diverses tricheries des fonctionnaires et agents publics de l’administration à siéger au sein des exécutifs communaux?

Boulimie et folie de grandeur du Rdpc

Malgré sa majorité obèse à l’assemblée nationale, le Rdpc qui contrôle plus de trois cent dix communes sur l’étendue du triangle national, est rattrapé par ses avatars; sa boulimie, ses égocentrismes et autres forfaitures impunis liées à une gourmandise habituelle. À l’observation, le parti du flambeau ardent a du mal à mettre d’accord ses: rebelles, les indisciplinés, les spécialistes de la méprise, la désinvolture, l’esbroufe. Ils restent fortement enracinés dans les incompatibilités. Les textes de loi sont clairs: il existe des cas où, un fonctionnaire élu conseiller municipal n’est pas dans la liste des cas d’incompatibilité et peut continuer à exercer ses fonctions dans l’Administration. Par contre si le fonctionnaire, qu’il soit directeur ou de n’importe quel rang, une fois élu au sein de l’exécutif municipal (maire ou adjoint), il est astreint au respect de la loi qui l’oblige de plein droit en position de détachement auprès de la commune.

Au travers d’une lettre circulaire du 13 février 2020, relative à la tenue des sessions de plein droit des conseillers municipaux issus des élections du 09 février dernier, le ministre de la décentralisation et du développement local, s’adressant aux préfets avait rappelé que « tout fonctionnaire de l’Etat ou de la collectivité territoriale, élu maire ou adjoint au maire, est de plein droit en position de détachement auprès de la collectivité territoriale ». Poursuivant, Georges Elanga Obam a de nouveau saisi la préfectorale le 09 mars 2020, pour en appeler aux dispositions légales relatives aux incompatibilités et au détachement dans les exécutifs communaux.

Code des Ctd

Dans le cadre de « la mise en valeur des articles 143 et 204 du code général des collectivités territoriales décentralisées », le ministre de la décentralisation et du développement local, en date du 09/03/2020, demandait aux préfets de lui communiquer « la situation professionnelle à date des maires et adjoints au maire; de préciser notamment le statut de fonctionnaire ou agent de l’Etat relevant du code du travail; du statut de salarié du secteur public. Avec le nouveau Code des collectivités territoriales décentralisées (Ctd), les rapports entre l’Administration publique et les Ctd sont clairement énumérés. Selon l’ex gouverneur et écrivain Abakar Ahamat, le préfet qui demeure l’autorité de tutelle voit aussi son rôle quelque peu renforcé avec cette notion bien claire de « Tutelle » (avec des précisons sur le pouvoir du contrôle de légalité, les mécanismes et les effets dudit contrôle) et de l’Appui-Conseil (exercé à la demande de la Ctd) ne pourrait plus et ne devrait plus jouer au Don Quichotte pour justifier certains dérapages décriés par le passé.

«Le problème dans notre Administration c’est la crainte, l’absence ou le manque de courage de sanctionner en cas de faute. Avec tous ces textes assez clairs et précis, si un maire joue au tricheur, au jongleur, le représentant de l’État a tous les moyens de lui infliger des sanctions ou, de rapporter son comportement à l’instance gouvernementale chargée de le sanctionner », martèle Abakar Ahamat. Tout est à la croire, dans le Pouvoir-Sanction. « Si les textes sont à respecter et à appliquer, ceux qui sont chargés de servir doivent le faire. Mais pour cela il faut qu’ils aient eux-mêmes des mains propres et qu’ils ne jouent ni au ponce-pilate, ni aux carriéristes », conclut le gouverneur.

Souley ONOHIOLO

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