Cameroun : Les entreprises ne survivent pas à leur fondateur

Association Progrès du Management

Des dirigeants, membres de l’Association Progrès du Management, déplorent les mauvais choix opérationnels des parents entrainant la disparition de leurs investissements.

Plus de 98% des entreprises fondées par des entrepreneurs camerounais sont à la base, des entreprises familiales. Or la plupart de ces entreprises ne survivent pas à leur fondateur une fois que celui-ci a quitté ce monde pour l’au-delà. Il se pose donc une question cruciale, celle de la transmission générationnelle, de la succession à la tête de ces unités de production des biens et services.

Une problématique d’autant plus préoccupante qu’elle impacte l’essentiel de nos entreprises africaines et camerounaises en particulier et le tissu économique en général. Depuis des années, des responsables du Groupement inter patronal du Cameroun ainsi que des experts et observateurs de la vie économique nationale, s’accordent sur le fait que, en dehors de ce problème de d’héritage familial, la majorité des entreprises périclitent avant d’avoir atteint leur cinquième année du fait de la mal gouvernance, entre autres facteurs.

C’est pour réfléchir sur des solutions que l’Association Progrès du Management (Apm), une organisation créée depuis 1987 en France et regroupant plus de 8000 dirigeants francophones répartis dans 35 pays, a organisé, le 17 juin à Douala, une conférence sur le thème « la gouvernance des entreprises familiales et le défi de la transmission ». « Nous nous sommes rendu compte que c’est une vraie question que nous avons dans notre environnement, et pour laquelle nous n’avons véritablement pas des solutions.

On voit des entreprises qui restent en général à leur première génération, on ne voit pas d’entreprises qui continuent de survivre pour les enfants ou d’autres, qui continuent de porter l’entreprise, de les développer au-delà du fondateur. C’est pour cela que nous avons pensé, bien au-delà des enseignements que l’on peut avoir dans les livres ou à travers des enseignants, de faire venir un expert en la personne d’Antoine Mayaud pour nous donner également son éclairage, nous partager son expérience, son expertise aussi sur cette question qu’il a développée au sein de l’Apm », a expliqué Emmanuel Wafo, président de club Apm.

Antoine Mayaud appartient à une famille d’investisseurs français qui a su pérenniser son patrimoine sur plusieurs générations. D’où sa sollicitude par les présidents des clubs Suellaba et Ubuntu, Antgoine Ndzengue et Emmanuel Wafo, tous basés au Cameroun. Pour ce manager français à la retraite, âgé de 69 ans, « père de quatre enfants et en attente de son dixième petit-fils » (selon sa propre présentation), les entreprises disparaissent la plupart du temps à cause des mauvais choix opérationnels des parents pendant que ceux-ci sont encore en vie. « Je trouve que trop souvent, partout dans le monde – parce que j’interviens partout dans le monde –, on confond transmettre l’entreprise c’est-à-dire la propriété de l’entreprise par exemple à ses enfants, et transmettre la succession opérationnelle, c’est-à-dire qui va prendre la suite comme directeur général ? Et je trouve qu’on cherche trop à placer ses enfants.

Moi, dans ma famille, on essaie plutôt de recruter des gens extérieures et on va demander aux enfants, par exemple, de créer leur entreprise à côté de l’entreprise paternelle, parce que je suis convaincu que c’est très difficile de pousser à l’ombre des grands arbres », préconise celui qui passe sa vie à « évangéliser » les entrepreneurs.

Théodore Tchopa / 237online.com

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