Cameroun : Les coulisses de la lutte contre les preneurs d’otages

Preneurs d'otages

Une dizaine de kidnappings enregistrés mi-mars à mi-avril dernier. L’opération ‘’Clean Touboro’’, arrondissement du département du Mayo Rey rentre dans sa deuxième phase ce jour.

Les populations de l’arrondissement de Touboro, 16610 km2, respirent mieux. Durant un mois, les troupes d’élites du Bir déployées dans l’opération Clean Touboro ont traqué les preneurs d’otages qui leur pourrissent la vie. De la mi-mars à la mi-avril dernier, les enquêteurs des services spécialisés des forces de maintien de l’ordre avaient recensé une dizaine de kidnappings. L’opération Clean Touboro, avait aussi fait ce constat notamment à Mayo Zaki et Voukzom. Cette dernière localité est située loin de la frontière d’avec le Tchad, sur la route allant vers Ngaoundéré. Les enquêteurs en ont déduit que, les ravisseurs ne sont pas que des bandits venus du Tchad ou de Rca mais, qu’il y a aussi à l’intérieur du Cameroun des preneurs d’otages qui jouissent de complicités dans les populations.

« La semaine dernière, quatre otages ont été délivrés dans les zones de Sorombeo et Gobo qui sont au nord de l’arrondissement. Ils ont donné des informations qui laissent penser à un réseau de professionnels du kidnapping pour se faire de l’argent dans la zone prospère qu’est Touboro. La tête dudit réseau, le planificateur aurait pour base Ngaoundéré », avons-nous appris d’une source proche de Clean Touboro. D’après elle, la zone sud de Touboro a été pacifiée ainsi que celle de l’est à Toro. Il n’y a eu aucun enlèvement dans cette zone. Par la suite, l’opération s’est recentrée dans la zone nord à Mayo Ouda, Lawol Guidjol, Mayo Zaki, Mbiloudji et Gazawa. Les populations s’y plaignaient de ce que les militaires stationnés dans ce secteur et auxquels elles s’étaient habituées sont partis. Elles ont été soulagées de la présence du Bir durant ces trois dernières semaines. Les militaires d’élites ont tiré des conclusions de ce séjour et ont décidé de passer à une autre phase de leur lutte qu’ils ont baptisé « Clean Touboro 2 ».

D’après notre source, les militaires ont identifié plus minutieusement des poches d’enlèvements. D’abord la ville de Touboro, où vendredi dernier, il y’a eu une tentative d’enlèvement avortée au lieu-dit « derrière l’usine Sodecoton », on soupçonne des ravisseurs internes à la ville. Mbilgui, Mayo Zaki, ont été abandonnés par les ravisseurs qui se sont orientés vers Voukzom. Clean Touboro 2 se promet donc de renforcer le renseignement prévisionnel pour être plus réactif (pro actif), identifier, faire des opérations de criblage des malfrats, procéder à des arrestations pour mettre à la disposition de la justice. L’opération reconfigurée ambitionne de beaucoup plus impliquer les populations et les élus locaux, les conseillers municipaux notamment et plus largement les collectivités territoriales décentralisées. Ainsi, on ne devrait plus voir des villages comme Gazawa, où il y’a plus de 300 gaous (chasseurs s’étant constitués en comité de vigilance). Les militaires pensent que c’est une attitude à décourager et entendent réduire le nombre de 300 à 25 personnes « utiles ». Ils veulent aussi renforcer la relation entre les populations et les forces de maintien de l’ordre que la corruption a beaucoup distendu.

Boucle courte

Clean Touboro 2 prévoit surtout casser une vieille habitude qui veut que lorsqu’il y a une information, l’habitant le dit prioritairement au chef de quartier, qui le transmet ensuite au chef de village, qui s’oblige à ne le rapporter qu’au sous-préfet pour que celui-ci choisisse enfin s’il doit en actionner les forces de l’ordre et de défense ou non. Le Bir veut une boucle courte. L’information du citoyen aux forces sans intermédiaire. « Le temps réel », ce concept veut que l’observateur avertisse immédiatement les forces d’interventions afin que celles-ci trouvent les malfaiteurs dans le vif de leurs exactions et puissent interrompre l’acte criminel alors qu’il est en cours, « l’information doit être directe, envoyée plus tard, elle est périmée ». 75 hommes supplémentaires du Bir vont rejoindre Clean Touboro 2. L’action va s’orienter peu à peu vers Ngaoundéré, où des suspects seront interpellés. Approfondir l’exploitation des otages qui ont été libérés. Les autres forces de défense et de maintien de l’ordre mises à l’arrêt lors de Clean Touboro 1, seront mises à contribution. La souplesse de l’action est voulue pour ramener l’accalmie dans l’arrondissement de Touboro. Clean Touboro 2 doit durer 17 jours et promet de bons résultats.

Aziz Salatou / 237online.com

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