Face à une montée inquiétante de violences commises par les forces de l’ordre contre des avocats, le Barreau du Cameroun a décidé de frapper fort. Dans un communiqué officiel daté du 3 mars 2025 dont 237online.com a obtenu copie, le Bâtonnier Me MBAH Éric MBAH annonce une grève nationale de trois jours, du 5 au 7 mars 2025. Pendant cette période, les avocats suspendront le port de la robe et ne fréquenteront pas les cours et tribunaux sur l’ensemble du territoire national.
Des vidéos virales qui choquent l’opinion publique
À l’origine de cette décision, des images insoutenables diffusées sur les réseaux sociaux le 1er mars 2025, montrant « des agents de police exerçant des violences et autres actes dégradants et inhumains sur un Avocat et autres personnes », selon les termes du communiqué. Ce n’est pas un cas isolé puisque le document rapporte qu’un autre avocat « ayant dénoncé des violations des droits de ses clients avait été séquestré par des agents et officiers des forces de l’ordre afin qu’il se rétracte », une situation qui démontre un niveau préoccupant de pression sur les défenseurs des droits.
Ces événements répétés ont poussé le Conseil de l’Ordre à tenir une session extraordinaire sous la conduite du Bâtonnier, à l’issue de laquelle il a « fermement condamné ces violences récurrentes qui sont largement relayées sur les réseaux sociaux et portent gravement atteinte à l’exercice professionnel de l’Avocat, à l’honorabilité, à l’image et à la sacralisation de la profession d’Avocat ».
Une riposte judiciaire en préparation
Au-delà de la grève, le Barreau camerounais annonce qu’il va « engager des poursuites judiciaires pour que les auteurs puissent répondre de leurs actes ». Cette décision marque une escalade dans le bras de fer qui oppose désormais les avocats aux forces de l’ordre, dans un contexte où la tension entre les défenseurs des droits et les autorités semble atteindre un niveau critique.
Selon un observateur du système judiciaire camerounais interrogé par 237online.com, « cette grève est un signal fort envoyé aux autorités, mais aussi une façon d’alerter l’opinion nationale et internationale sur la détérioration des conditions d’exercice de la profession d’avocat au Cameroun« . Il reste à voir si cette action de trois jours sera suffisante pour provoquer un changement d’attitude des forces de l’ordre envers les membres du barreau.