Cameroun – Le sens du destin national: Sens comme signification et non comme finalité

Au-delà de l’éloignement géographique entre différentes ethnies par présence éparse sur l’ensemble du territoire national, le rapprochement historique entre elles, s’est fait, à partir des évènement communs tels que les catastrophes naturelles comme les diverses éruptions du mont Cameroun, les multiples sècheresses dans le nord, et les inondations survenues tout au long des différentes périodes géologiques et climatiques ; et des catastrophe humaines d’envergure, au point qu’on pourrait penser qu’elles sont naturelles, comme « la traite arabe » suivi de la conquête islamique, « la traite européenne négrière » suivie de la colonisation occidentale, les désastres de la première et de la seconde guerre mondiale, et le néocolonialisme avant le mondialisme, le globalisme de type occidental.

La géographie est un des facteurs de l’histoire. Autre manière de dire que ces ethnies et communautés n’ont jamais été si distantes au regard de l’historicité de leur dynamique ; voilà des réalités qui toutes ont parsemé le champ de notre « passé partagé », et qu’on ne saurait confondre les unes avec les autres sans les plus sérieux inconvénients. Tachons d’arriver à quelques précisions en ces questions difficiles, où la moindre confusion sur le sens des mots, peut produire à la fin, les plus funestes erreurs.

L’investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passées à l’origine de toute formation politiques imposées, même de celles dont les conséquences ont été les plus bienfaisantes. L’unité se fait toujours brutalement ; la nation moderne est donc un résultat historique amené par une série de fait convergeant dans le même sens. Tantôt l’unité a été réalisée par les colons, comme c’est le cas pour toutes les colonies, tantôt elle a été par un esprit général, tardivement vainqueur des caprices de la féodalité, comme c’est le cas pour l’Ethiopie en Afrique. Toujours une profonde raison d’être a présidé à ces informations.

Les principes, en pareils cas, se font jour par les surprises les plus inattendues. En quoi le principe de la nationalité diffère-t-il du principe de communauté ? Voilà un point sur lequel un esprit réfléchi tient à être fixé, pour se mettre en accord avec lui-même, et par après avec les autres. Les intérêts, cependant, suffisent-ils à faire nation ? La communauté des intérêts fait les traités de commerce. Il ya dans la nation une notion de sentiment d’imaginaire collectif à partir duquel s’organise dans le réel le vivre ensemble ; dialogie de l’âme et du corps d’un ensemble intercommunautaire constitutif d’un organisme national.

De ce « clair-obscur » tendant à s’immanentiser, la nation comme individualité historique peut-elle continuer sa marche vers la conquête de son destin ? Rien n’est absolu ; l’homme est tout dans la formation de cette chose sacrée qu’on appelle nation. Rien de matériel n’y suffit. Une nation est un principe spirituel, et non un groupe déterminé seulement par la configuration du sol. Ne suffit pas à créer un tel principe spirituel la tribu, l’ethnie, les intérêts, l’affinité religieuse, la géographie, les nécessités militaires. Que faut-il donc en plus ?

Impérativement, un « mésocosme » organique intercommunautaire t non mécanique entre le microcosme communautaire ethnique et le microcosme communautaire international.

La nation, comme l’individu, est l’aboutissement d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé nimbé de malheur et de bonheur, des grands hommes formant des repères, voilà le capital social sur lequel on assied une raison nationale.

Avoir des histoires malheureuses et heureuses, communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait des grandes choses ensemble comme : « la réintégration de la presqu’ile de Bakassi au territoire national ou le quart de final de la coupe de football 90 », vouloir en faire nation. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts.

Dans le passé, un héritage de joie et de regrets à partager, dans l’avenir un programme à réaliser ; avoir souffert joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des frontières conformes aux idées stratégiques du nouvel ordre mondial ; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités des langues et des communautés (communautés au sens ethnologique et communauté au sens du gout en partage).

La souffrance en commun (ces catastrophes naturelles et humaines) unit plus que la joie. En faits de souvenir nationaux, les deuils et les rites piaculaires valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun en un moment décisif, comme celui qui fait notre actualité, moment où l’émotion collective a une fonction d’union, de communion. Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a fait et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé, elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, la désir clairement exprimé de continuer la vie commune.

L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie. Voilà ce qui justifie et explique notre engagement pour la nation.
Les « occidentaux » justifiaient leur présences en Afrique durant la période coloniale par le motif de « mettre fin aux rivalités et guerres ethniques ».

L’ethnie : est le justificatif faisant le motif dont se servent certains « occidentaux » représentant du « Grand Capital », pour assoir leur dominations en Afrique en général et au Cameroun en particulier, au motif dithyrambique représentatif des « illusions perdues de la modernité » (démocratie récréative, croissance chiffrée contraire à la réalité, progrès tourné essentiellement vers le futur, développement du sous-développement).

De ce néocolonialisme se métamorphisant en mondialisme, en globalisme de type occidental, quelle matrice imaginaire et réelle peut créer et garantir les conditions d’harmonie contribuant à l’affrontement au destin ? La nation comme matrice féconde, à partir de laquelle quelque chose nait, croit, décroit et recroit individuellement ou collectivement, et c’est encore cette matrice qui fait, qu’il ya vivre ensemble ; faisant aussi le « tampon » entre les velléités extérieures exogènes au territoire Cameroun. Ici maintenant, on ne peut plus, permettre à « l’ethnie contre l’ethnie » de justifier le nivellement par le as d’un mondialisme, d’un globalisme de type occidental, au motif panégyrique d’un « sécessionnisme séparatiste justifié par une certaine volonté dévoyée d’autodétermination » d’une part et d’un « ethnocentrisme fasciste niché dans un extrémisme désintégrateur » ou autres acabits de la même veine d’autre part.

Avant la création des Etats-Unis d’Afrique, seule la nation constitue la matrice féconde à la cohésion intercommunautaire sur le territoire du Cameroun. Si tant « évolution » est, naturellement, vers la mise en relation des nations africaines, pour parvenir aux Etats-Unis d’Afrique que demandaient, hardiment, les figures fondatrices de cet espoir, comme celle illustre de KWAME NKRUMAH, et non vers une dissection des nations en micro entités facilement absorbables par l’œil du cyclone d’un mondialisme, d’un globalisme de type occidental.

Rappelons que, ans cette post modernité, caractérisée par « l’abolition de l’espace au profit du temps », paris et new-York sont devenues des banlieues de Yaoundé, en ce sens que, l’espace qui nous sépare de ces deux métropoles s’abolit en un « clic » et « en temps réel » ; manifesté par « une version de polarité épistémologique » de la verticalité vers l’horizontalité, du tiers exclus au tiers inclus ; et dominée par « une synergie des héritages archaïques aux avancées technologiques » ; déchirant ainsi, le voile des illusions du conformisme de la bien-pensante occidentale ; et dont l’expression la mieux achevée serait les forums de réflexion, de discussion (vidéoconférence), d’initiation, de formation, etc. signalons que cet « état de fait », il convient de repérer et d’accompagner les nouvelles formes de générosités, de solidarités, tout en jugulant la propagation, autant que faire se peut, des nouvelles formes d’addictions au s*e*xe, aux drogues, aux armes, au radicalisme, etc.

Si l’espace s’abolit entre Yaoundé et London au profit de nouveaux modes de communication et de télécommunication (internet aidant) en temps réel, pourquoi l’éloignement se maintiendrait-il encore entre Yaoundé et Bamenda ou, entre Buea et Bertoua, entre Bafoussam et Ebolowa ?
De ce constat, le sens du destin national ne s’oriente surement pas vers une division, vers une séparation, vers une sécession, ou tout autre soustraction ou division du même ordre ; mais vers plus d’association, plus d’intégration, vers la formation de grand ensemble : sous régional, régional et continental.

Autre manière de vivre : « sous le règne de plus qu’un », autrement plus dynamique car plus intégral. Voilà la « prophémie » de ce qui est, devant, sous nos yeux. Le jeune camerounais voudrait échanger plus avec le jeune kenyan, la jeune camerounaise voudrait multiplier pus de liens avec la jeune ivoirienne en vue de partager des expériences traditionnelles respectives, des savoir-faire accumulés, démultipliant ainsi les opportunités ici et ailleurs.

On pourrait citer des exemples illustratifs à tire-larigot. Le reconnaitre n’occulte en rien les insuffisances administratives, judiciaires et sociales en rapport à la gouvernance de proximité actuelle ; mais ces insuffisances peuvent être comblées par une accélération de la numérisation des pièces et des procédures, et au niveau de la conception du fichier central numérique dans tous les domaines de l’administration publique, tout en instaurant un système permettant aux populations de chaque région de mieux désigner ceux qui auront la charge de conduire leurs localités régionales, par astreinte à la rigueur et à l’éthique de la bonne gouvernance, par un système d’alerte sur l’état d’avancement avant défaillance, définissant des objectifs à partir des besoins spécifiques et des besoins de cohésion d’ensemble, par la mise en relation des différents besoins spécifiques et favorisant désormais l’atteinte des objectifs sur court et moyen terme.

Les proximités entre localités, par un processus d’intégration faisant l’infrastructure et permettant la formation structurelle d’une régionalisation comme mode d’organisation territoriale consistant à donner une autonomie administrative aux régions et trouvant sa RAISON NATIONALE dans une superstructure à partir de laquelle se forme le grand ensemble nationale à la conquête d’un ensemble beaucoup plus grand, et toujours, par un processus d’association et d’intégration.

Voilà la marche du destin national, car accordant la place à l’originalité, aux particularités, aux spécificités de chaque localité sans exacerbation, mais en l’inscrivant dans la mosaïque nationale pour ce qu’elle est ; et surement pas, vers une désintégration dont l’aboutissement nivellerait les particularités, des proximités, des localités, en page blanche sur laquelle viendra se dessiner le schéma d’un mondialisme, d’un globalisme typiquement occidental en cours de construction.

Reconnaissons aux pères fondateurs de a nation, comme John Ngu Foncha, Ahmadou Ahidjo et compagnies, l’illumination d’avoir pensé et acté « L’UNITE NATIONALE », et sans présentation de perfection. Non plus regarder son passé comme un homme tout fait regarderait un enfant qui regarde un père, de qui il peut tirer quelque chose pour avancer (en montant), et non pour reculer.

Dans cet affrontement au destin, l’impératif national est de vigueur parce que, L’UNITE NATIONALE basée sur la cohésion intercommunautaire est de mise. Walter Benjamin disait : « …chaque génération rêve la suivante, il faut savoir accompagner ce rêve, afin qu’il ne se transforme pas en cauchemar. »

Par Maitre Jean De Dieu Momo

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