Cameroun: Le scandale de l’avion du Président Camerounais décortiqué

Dans son dernier ouvrage, Boris Bertolt nous plonge dans les méandres du processus d’acquisition d’un avion pour Paul Biya, Président de la République du Cameroun.
Ente BBJII, Albatros, des milliards de FCFA engloutis, on constate au final que Paul Biya n’a eu ni son argent, ni son avion. Un thriller passionnant que l’on ne lâche plus lorsqu’on l’a sous la main.
En août 2001, dans la plus grande discrétion et sur instruction de Paul Biya, Marafa Hamidou Yaya, Secrétaire Général de la Présidence de la République du Cameroun, engage le processus d’acquisition d’un avion pour le chef de l’État. Il s’agit d’un BBJII. Une entreprise, GIA International a été retenue pour servir d’intermédiaire entre l’État du Cameroun et le constructeur américain Boeing.
Alors qu’il est question de verser dans un premier temps deux millions de dollars afin que Boeing puisse lancer la construction de l’avion, Michel Meva’a m’Eboutou, Ministre des Finances, décide de virer 29 millions de dollars dans les comptes de GIA International. L’entreprise américaine utilisera cet argent pour acheter deux avions qui seront mis en location à la CAMAIR, dirigé par le fils du milliardaire de Bandjoun, Yves Michel Fotso. En mars 2002, date de la livraison du BBJII, il n’y a ni avion, ni argent.
Alors que le processus d’acquisition du BBJII se poursuit, le 24 août 2002, Marafa Hamidou Yaya est remplacé au Secrétariat Général de la Présidence de la République par Jean Marie Atangana Mebara. Ayant pris connaissance du dossier, ce dernier décide de suspendre les négociations avec GIA International et de négocier directement avec Boeing. Lorsque l’avion est à nouveau prêt chez Boeing, sa réception est reportée à trois reprises. Au final elle n’aura jamais lieu.
Au mois de juin 2003, alors que l’avion est posé dans les ateliers de Boeing et en attente de paiement,  Paul Biya renonce à l’acquisition d’un BBJII et opte pour un 767. En attendant qu’un 767 neuf lui soit livré, Atangana Mebara porte son choix sur un avion appelé « l’Albatros » qui devait être utilisé en location par le couple présidentiel. La suite de l’affaire on la connait. En voyage pour assister à un sommet sur le bassin du lac Tchad à Paris, les roues de « l’Albatros » peinent à rentrer. Paul et Chantal Biya sont pris de panique. Mais plus de peur que de mal. Tout rentrera très vite dans l’ordre, mais Paul Biya ne montera plus jamais dans « l’Albatros ». Certains membres de son entourage affirment qu’on a tenté de le tuer.
Qui a voulu tuer Paul Biya? Où sont passés les 29 millions de dollars? Pourquoi le BBJII n’a pas été réceptionné? Quels sont les jeux et enjeux de cette affaire? L’ouvrage de Boris Bertolt offre les premières pistes de compréhension de ce qui peut être considéré comme l’un des plus grands scandales de l’État du Cameroun postcolonial. A travers une enquête riche et minutieuse, le lecteur est plongé dans un monde qui reflète les systèmes patrimoniaux d’Afrique Subsaharienne.

Ce qu’il faut savoir sur l’Avion du Président: Par Haman Mana, Directeur de Publication du Quotidien LeJour

Un jour, Paul Biya, Président de la république du Cameroun, décida d’acquérir un avion. Ce fut le déclenchement d’une interminable histoire, qui s’acheva par l’emprisonnement d’une brochette de responsables de haut rang, de procès infinis, mais surtout d’un incroyable scénario, qui met à nu les méthodes, les usages, les ressorts et les démons d’un pouvoir qui règne sur le pays depuis plus de trente ans.
Boris Bertolt, malgré l’immense complexité des faits, reconstitue avec minutie les péripéties d’une histoire inimaginable qui, si elle avait été vécue dans un autre pays, serait apparue comme purement irréaliste.
Il est conseillé au lecteur qui prend le risque d’entrer dans cette histoire d’adopter la technique de la poule qui se désaltère: elle plonge le bec dans l’eau; puis, elle lève la tête pour laisser couler doucement l’eau dans son gosier.
Entre Johannesburg, Genève, Douala, Washington, Seattle, Victorville, Etoudi, Atlanta, Paris… c’est la valse des avions (BBJII, B747-300, Grumann G-1159 Gulf Stream, Albatros, Pélican…), des millions en dollars, des milliards en Francs CFA, des experts en tout genre, des officines aux méthodes plus mafieuses les unes que les autres (Gia, SG Avipro Finance, Beith Ltd, Rothwell Management Corporation, etc.), des politiques qui se regardent en chiens de faïence sous l’œil égrillard de leur créateur, des militaires et des pilotes qui ont perdu leur boussole! On y perdrait son latin si Boris Bertolt ne nous prenait par la main pour nous promener dans ce labyrinthe aux lumières tamisées qui donnent à la scène ce clair-obscur mystérieux qui fait peur.
Les protagonistes de cette tragédie sont, à l’heure où paraît cet ouvrage, encore aux affaires, en prison, ou morts. Ces hommes (et d’autres), qui conduisent les affaires de ce pays ne sortent pas grandis de ce thriller captivant qu’on craint de lâcher dès qu’on l’a entre les mains. On peut enfin démêler les écheveaux d’une affaire volontairement compliquée, qui a enrichi quelques-uns, appauvri le Cameroun et endeuillé de nombreuses familles.

La préface d’Eric CHINJE

Boris Bertolt a établi une base irréprochable pour une discussion éclairée au Cameroun sur un sujet qui est à la fois troublant, frustrant et fascinant. Il a marqué de bons points pour ce qui concerne l’intégrité professionnelle et pour la qualité de sa recherche. Il offre des conseils à travers le labyrinthe d’accusations et de contre-accusations, ouvrant ainsi des pistes pour des investigations approfondies. A aucun moment il ne fait des jugements.
Comment tant de personnes ayant occupé les postes les plus élevés dans le pays peuvent-ils achever leurs illustres carrières de manière aussi ignominieuse? Quelle est la vraie histoire derrière le jet présidentiel ? À quel point est-il difficile pour une organisation ou une nation d’acquérir un produit auprès d’une seule source et à travers des systèmes connus et bien testés de transferts internationaux de fonds? Y-avait-il quelque chose derrière cette démarche que le public ne connaît pas? Pourquoi certaines personnes se retrouvent-elles derrière les barreaux, alors que d’autres acteurs centraux continuent de se pavaner librement et apparemment en toute gloire? Où est réellement l’argent pour lequel tant de personnes ont souffert? S’agit-il d’une affaire d’argent ou de justice? Les véritables coupables ont-ils été identifiés et punis? Cet ouvrage contient certains indices importants pour les réponses à ces questions et ouvre tout un tas d’autres.

« C’est le procès du Régime Biya »: Par le Prêtre Jésuite udovic Lado

En fin de compte, c’est la face la plus hideuse du système Biya qui est ici exposée à la lumière à travers cet ouvrage. Et le plus grand perdant dans cette histoire, c’est bien sûr le peuple camerounais, trahi et spolié au sommet par une élite politique et économique irresponsable et égoïste.
N’oublions pas que ce feuilleton de l’avion présidentiel, digne d’un film policier, se joue au moment où le Cameroun est dans la course pour les fonds Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), avec tous les sacrifices que cela comporte. C’est à ce moment que se négocie l’achat d’un avion présidentiel de plusieurs dizaines de milliards, où le Cameroun perdra finalement des dizaines de milliards à cause de l’irresponsabilité de hauts commis de l’Etat, qui, parfois, font preuve d’un tel amateurisme qu’on se demande ce qu’ils ont fait du bon sens qui, croyait Descartes, est la chose du monde la mieux partagée.
Oui, comment des hommes avec un tel bagage d’expérience à des hauts niveaux de responsabilité en arrivent-ils là ? Personne ne leur déniera l’intelligence, mais ce qui leur a manqué c’est la sagesse. Et c’est bien ça le drame du Cameroun, d’être dirigé par des hommes et femmes intelligents, bardés de diplômes et d’expérience, mais qui manquent de sagesse. C’est en cela que le procès de l’affaire de l’avion présidentiel est en même temps le procès de tout un régime ».

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