Cameroun: Le pain/viande de la crise anglophone

pain/viande

Le pain viande de la crise anglophone se vend partout à Yaoundé depuis le début de la crise anglophone.

Devenue une tendance presque incontournable, ce fast-food a conquis de nombreux Camerounais.

Il est environ 14 heures vendredi 10 mars 2020. Des vendeurs de pain viande font le défilent au rond-point Damas. Il fait une canicule pouvant peler le crâne. La chaleur que dégage la marmite de viandes rajoute à la température. Dans cette rue bondée de monde, les odeurs de viande rôtie fusent de partout. Une fragrance constituée d’un mélange nuancé de viande et de sauces chatouillent les narines et excitent les papilles gustatives. Le pain viande de la crise anglophone se vend partout à Yaoundé depuis le début de la crise anglophone. Devenue une tendance presque incontournable, ce fast-food a conquis de nombreux Camerounais. Le rond-point Damas, devant la boulangerie TH est l’univers de ce délice. Un espace marchand qui attire des milliers de consommateurs s’y est installé. Sur le site, défilent en longueur de journée une dizaine de vendeurs. Le morceau de viande coûte 100F Cfa. Anicet est un déplacé de la crise anglophone à Yaoundé qui vend le pain/viande.

Agé de 32 ans, ce garçon au sourire contagieux se promène avec une marmite de viande sur la tête. « J’achète près de 05 kilogrammes de viandes de bœuf, des oignons, persils, piments ; ailes, djidja ; tomates ; cubes et sels et du pain à la boulangerie et… autres. « Ce sont des ingrédients qui entre dans la préparation de la viande. Il faut les nettoyer, découper et préparer avant de servir aux clients », affirme l’un des vendeurs. Une fois le menu concocté, le vendeur attend que la viande se refroidisse. Après, il reverse la viande dans une marmite propre. Par la suite, il se met en retour à la recherche des potentiels clients. Il reçoit des consommateurs issus de toutes les strates de la société. « J’en mange en moyenne deux à trois fois par semaine. Pendant mes heures de pause, j’aime me rendre ici pour en acheter. C’est pratique et moins encombrant, même si je le trouve assez gras comme plat », affirme Pascaline Tené, une consommatrice. Jaurès Choukem par contre en achète pour faire plaisir à son épouse. « C’est un aliment que je n’aime pas du tout parce que c’est gras. Mais j’en achète pour madame parce qu’elle m’en a demandé », dit-il.

Concurrence

Se faire plaisir ou faire plaisir aux autres, le pain/Viande est devenu un véritable régal pour les jeunes, les moins jeunes et les adultes. Une activité génératrice de revenus Selon certains témoignages recueillis à divers points de vente, le pain/viande a commencé à avoir un intérêt pour les camerounais et plus précisément pour les habitants de la capitale depuis le déclenchement de la crise anglophone, lorsque les premiers déplacés de la crise se sont installés dans les différents quartiers de Yaoundé. A en croire notre interlocuteur, la formation à la préparation se fait pour la plupart de ces vendeurs sur le tas. «Il y a parmi nous des jeunes qui se sont séparés de leurs employeurs pour s’installer à leur compte», avoue Théodore. C’est ainsi que l’activité a connu une croissance exponentielle en 03 ans avec l’arrivée des anglophones. Malgré cette concurrence accrue, les vendeurs parviennent à tirer leur épingle du jeu. « C’est vrai qu’avec l’arrivée des autres vendeurs la recette a chuté, mais on essaie de gérer la situation. A cela s’ajoute l’augmentation des prix des denrées de première nécessité sur le marché. Le kilogramme de viande du bœuf a considérablement augmenté au fil des ans, mais le morceau de viande est resté à 100F Cfa. Ce n’est pas évident de joindre les deux bouts », déplore le vendeur.

Cependant, malgré les fluctuations du marché, la vente du pain/viande, selon certains vendeurs génère un bénéfice journalier minimum d’un montant de 5 000 Fcfa et une recette journalière qui varie entre 5 000 et 8 000 Fcfa, voire plus. Des chiffres qui varient en fonction des jours et des périodes de l’année. « Pendant la période des fêtes, les ventes sont plus intenses et les recettes augmentent considérablement », avoue un autre vendeur. Au-delà de la concurrence, l’activité est devenue une industrie génératrice d’emplois. Elle crée de petites tâches qui permettent à certains jeunes Camerounais de gagner leur pain quotidien. « Nous avons des jeunes que nous employons pour nous donner un coup de main à la cuisine. Il y a certains vendeurs qui emploient environ 2 personnes. Les tâches varient en fonction des commerçants. Il y a ceux qui sont chargés de nettoyer et de découper les légumes. Certains qui découpent la viande », confie Théodore. Cependant, à côté de ces revenus, l’industrie du pain/viande ne fait pas que du bien, il serait à l’origine de nombreuses maladies. « Le fait que ces produits soient exposés à la poussière peut également être dangereux pour l’organisme », conseillent les médecins.

Elvis Serge NSAA

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