Le Cameroun se réveille ce 23 septembre 2024 avec une nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans le monde des télécommunications. Une double coupure de fibre optique vient de plonger le Grand Nord dans un black-out numérique, révélant au grand jour les failles béantes du réseau national. Mais ce qui ne devait être qu’un incident technique se transforme en véritable saga médiatique, opposant les géants MTN Cameroon et CAMTEL dans une bataille sans merci pour le contrôle de l’information et la confiance des consommateurs.
Le Grand Nord, victime collatérale d’une infrastructure défaillante
C’est comme si un rideau de fer numérique venait de tomber sur l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua. Les segments Touboro – Madingri et Wanibanda-Ngouna, artères vitales de la connectivité dans ces régions, sont coupés net. Résultat ? Des millions de Camerounais se retrouvent avec des appels qui ressemblent plus à un jeu de devinettes qu’à une conversation, et une connexion internet qui fait passer le minitel pour une technologie de pointe.
MTN Cameroon, dans un communiqué sobrement intitulé « Avis à nos clients », tente de rassurer : « Nous nous excusons pour ce désagrément et vous remercions de votre patience. » Mais derrière ces mots polis se cache une réalité bien plus sombre. Cette panne n’est que la partie émergée d’un iceberg de problèmes qui menace de faire chavirer tout le secteur.
CAMTEL vs MTN : quand la fibre optique devient champ de bataille
Ce qui aurait pu n’être qu’un incident technique se transforme en véritable règlement de comptes médiatique. MTN Cameroon, visiblement à bout de patience, sort les griffes : « Nous notons avec étonnement la récente campagne de presse de CAMTEL qui désinforme le public sur les raisons de l’instabilité des services de communications électroniques. »
Le ton est donné, et il est loin d’être cordial. MTN pointe du doigt CAMTEL, l’opérateur national à qui l’État a confié le monopole de la gestion de la fibre optique. Un monopole qui, selon MTN, ressemble plus à un boulet qu’à une baguette magique.
Les chiffres avancés par MTN font froid dans le dos : une augmentation de 40% des coupures de fibre par rapport à l’année dernière, et un temps de résolution des incidents qui s’allonge de 30%. C’est comme si on demandait aux Camerounais de communiquer avec des signaux de fumée tout en payant le prix d’une 5G.
Les consommateurs, grands perdants d’une partie d’échecs à l’aveugle
Pendant que les géants des télécoms s’écharpent, ce sont les consommateurs camerounais qui trinquent. Imaginez un instant : vous êtes un entrepreneur de Maroua, en pleine négociation cruciale pour votre business. Et paf ! La ligne coupe. Ou pire, vous êtes un étudiant de Garoua, en plein examen en ligne. Et re-paf ! Connexion perdue.
Ces scénarios, dignes d’un mauvais film comique, sont le quotidien de millions de Camerounais. Et la situation ne semble pas près de s’améliorer. C’est comme si on demandait à un coureur de gagner un marathon avec des chaussures trouées. Impossible de fournir un service de qualité avec une infrastructure aussi instable.
MTN Cameroon, dans une tentative de damage control, assure « continuer à tout mettre en œuvre pour offrir des services de qualité ». Mais avec une moyenne de deux coupures de fibre par jour depuis août, on est en droit de se demander si ce « tout » est vraiment suffisant.
Face à cette crise qui ne dit pas son nom, MTN Cameroon tend une branche d’olivier… ou peut-être un câble de fibre optique. L’opérateur se dit « disponible à contribuer, aux côtés des Pouvoirs Publics, des autres acteurs de l’Industrie et des Parties Prenantes concernées, à la recherche de solutions viables ».
Mais cette main tendue ressemble plus à un uppercut déguisé. En réalité, MTN semble pointer du doigt l’incompétence de CAMTEL et, par extension, la responsabilité de l’État dans cette débâcle numérique.
La balle est maintenant dans le camp de CAMTEL et des autorités camerounaises. Vont-ils saisir cette opportunité pour repenser en profondeur l’infrastructure numérique du pays ? Ou va-t-on assister à un nouveau round de ce combat de titans, sur le dos des consommateurs ?




