Cameroun: Le film de la condamnation de Sisiku Ayuk Tabe et ses neuf co-accusés

Le verdict qui condamne Sisiku Julius Ayuk Tabe et ses neuf co-accusés, à la prison à vie ; au paiement 250 milliards de FCFA, au titre des dommages subséquents aux préjudices causés à la Nation et à 12,5 milliards d’amende, a été donné par le juge Jacques Baudouin Misse Njone et ses assesseurs après 15 heures d’horloge d’audience.

Ouverte la veille (lundi 19 août 2019) l’audience a connu plusieurs heures de perturbations, jonchées par une série d’étapes, toutes aussi palpitantes les unes que les autres.

Récusation du juge: Premier échec de la défense

Dès l’ouverture du procès dans la matinée du lundi 19 août, les avocats de la défense conduits par Me Eta Bessong, ont tenté à nouveau de récuser le juge, sur la base d’un ‘’doute légitime sur son impartialité’’ : « Nous avons estimé que ce juge avait un agenda caché. Il est venu pour condamner nos clients.

Nous avons une décision en attente auprès de la Cour suprême. La loi dit bien qu’en pareille circonstance, le procès doit être suspendu jusqu’à ce que le verdict de notre appel soit rendu. Comment peut-on poursuivre un procès au mépris total de la loi ? », S’est interrogé Me Christopher Ndong, l’un des membres du collège d’avocat de la défense.

Abdication: Avocats de la défense quittent la salle

Débouté par le juge qui visiblement n’a nullement été notifié de la requête en récusation, comme le dispose la loi, tel que nous l’a confié un avocat de l’Etat : « lorsqu’on récuse un juge, on lui fait parvenir une notification écrite », la défense face à ce revers décide de quitter la salle.
Abandonné par ses avocats, en manque d’arguments pertinents, Sisiku Ayuk Tabe et ses co-accusés sollicitent un report d’audience, le temps pour eux de constituer une nouvelle équipe de défense. Manœuvre de dilatoire qui ne trompe aucunement la vigilance du juge qui au regard de la pertinence des arguments du Commissaire du gouvernement, décide de poursuivre l’audience.

S’ouvre alors le concert de provocation des co-accusés qui se confondent en chorale entonnant et reprenant à tue-tête, dans l’esprit de bloquer l’évolution de l’audience, refrain du chant de ralliement dit ‘’ambazonien’’. Condamnation le juge rend sa sentence Visiblement paré à toute éventualité, faisant d’un flegme à nul pareil, nonobstant les vaines manœuvres de perturbations, le juge Jacques Baudouin Misse Njone rend son verdict. Les co-accusés sont reconnus coupables des dix chefs d’accusations retenus contre eux : « apologie des actes de terrorisme, sécession, complicité d’actes de terrorisme, financement des actes de terrorisme, révolution, insurrection, hostilité contre la patrie, propagation de fausses nouvelles, atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État, défaut de Carte nationale d’identité ».

Ainsi est ferme la page d’un ce feuilleton judiciaire, amorcé depuis le mois de janvier 2018, à la suite de l’arrestation au Nigeria, puis l’extradition au Cameroun des leaders sécessionnistes. Selon des indiscrétions, la défense entend bien jouir des 15 jours qui lui sont désormais impartis pour interjeter appel.

La République Presse N°033 du 21 août 2019

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