Une situation préoccupante a été signalée à 237online.com concernant Djoubairou, activiste originaire du Nord-Cameroun, qui sera déféré aujourd’hui pour la troisième fois au Tribunal Militaire de Yaoundé. Après près de trois mois de détention que ses défenseurs qualifient d’arbitraire, cet homme n’aurait bénéficié d’aucune assistance judiciaire ou juridique, soulevant de graves questions sur le respect des droits humains fondamentaux dans le pays.
Un parcours judiciaire émaillé d’irrégularités
Djoubairou aurait été arrêté à Ngaoundéré le 26 décembre 2024 par des éléments de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE). Il aurait ensuite été transféré dans leurs locaux à Yaoundé où il serait resté pendant 16 jours avant d’être remis aux éléments du Secrétariat d’État à la Défense. Le plus préoccupant dans cette affaire est que l’intéressé lui-même ignorerait les charges précises retenues contre lui.
Ce qui semble toutefois se dessiner, c’est un lien avec ses activités militantes. Djoubairou est connu pour être l’initiateur d’un mouvement réclamant “une plus grande considération des populations du grand Nord Cameroun qu’il estime abandonnées“, une région qui connaît effectivement des défis économiques et sécuritaires majeurs depuis plusieurs années.
Une détention qui défie les conventions internationales
L’aspect le plus controversé de cette affaire réside dans le fait qu’un civil soit jugé par un tribunal militaire, une pratique qui va à l’encontre de nombreux textes internationaux ratifiés par le Cameroun. Comme le rappellent plusieurs juristes contactés par 237online.com, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, le Pacte International Relatif aux Droits Civiques et Politiques et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples interdisent tous aux tribunaux militaires de juger des civils.
Plus important encore, la Constitution camerounaise, en son article 45, affirme clairement la primauté de ces traités internationaux sur le droit national, un principe également consacré par l’article 2 du code pénal. Même dans l’hypothèse où Djoubairou serait justiciable du Tribunal Militaire, la durée légale maximale de garde à vue fixée à 14 jours aurait été largement dépassée.
Cette situation soulève des interrogations sur la connaissance qu’ont le Ministre de la Communication et celui de l’Administration Territoriale de cette affaire, et plus largement sur la cohérence entre les discours officiels prônant le respect des conventions internationales et la réalité des pratiques judiciaires sur le terrain.