Cameroun : La pénurie des pièces de monnaie vire au cauchemar

Fcfa

Cette situation devient de plus en plus difficile pour les commerçants et les usagers confrontés à des désagréments dans leurs transactions.

« Je veux une brosse à linge de 300 fcfa .J’ ai un billet de 1000 fcfa », indique Julie Tsama au commerçant. Et à lui de répondre : « Je n’ai pas de pièces madame ». Toute énervée, Julie s’en va. A quelques mètres de là, elle fait un arrêt chez un autre commerçant. La même réponse lui est donnée .Le visage triste, Julie Tsama est épuisée. Il est 11h passée d’une douzaine de minutes au marché Mokolo ce samedi 14 mai. Faute de pièces de monnaie, la dame ne parvient pas à s’acheter une brosse à linge qui coute 300 fcfa. « Je suis déjà fatiguée de faire les tours dans le marché. Aucun commerçant n’admet avoir les pièces de monnaie. Pour tout le monde c’est le même refrain. Je n’ai pas de pièces », se lamente-t-elle.

Dans certains coins de vente, la première question posée au client est celle de savoir s’il a des pièces de monnaie. Si oui, il est servi. Rosalie Binongo vit la même situation, elle a besoin de deux paquets de mèches de 1800 fcfa l’unité. Elle a déjà parcouru quatre boutiques, malheureusement elle ne trouve pas de solution. Rosalie est obligée de prendre deux paquets de perles pour avoir un montant rond. Le tout lui revient alors à 3000 fcfa. « Je n’ai pas prévu cette dépense supplémentaire. Qu’est-ce que je peux faire quand un commerçant a pris position », s’indigne-t-elle. Cette rareté des pièces de monnaie qui se vit depuis plusieurs années ne fait que s’accentuer et est une véritable difficulté pour les différentes transactions.

Un frein pour l’activité économique

« La rareté des pièces de monnaie est un frein au développement de l’activité économique. Il devient difficile d’emprunter un taxi le matin si vous n’avez pas de pièces. Il faut chercher soi-même un moyen d’en avoir. Le cliché est le même au marché », explique un usager. « On ne peut plus faire un achat de 200 fcfa ou 300 fcfa avec 500 fcfa. Il faut des équations et tout acheter au même endroit. Même la monnaie se vend au marché » a-t-il ajouté. Pour le conducteur de taxi et de moto, les prix sont revus à la hausse. « Lorsque vous proposez 250 fcfa dans 500 ou 1000 fcfa, le taximen vous propose de lui donner 300 fcfa. Vous n’avez pas de choix, vous êtes obligé d’adhérer à sa proposition. Il en est de même lorsque vous proposez 350 fcfa. Ils prennent 400 fcfa sous prétexte qu’il n y a pas de pièces de monnaie », confie Aurélien. Résidente au quartier Emana, lieudit Terre noire, Marthe Zambo explique : « Pour arriver à Terre noire, c’est 200 fcfa. Si vous avez 500 ou 1000 fcfa, ils prennent 250 ou 300 fcfa.

C’est à prendre ou à laisser ». « C’est depuis 2020 que nous vivons cette situation de pénurie de pièces de monnaie mais cette situation semble ne pas préoccuper les autorités. C’est le petit camerounais qui se meurt à trouver des astuces pour contourner la situation », s’indigne Yves Tsiele. Certains clients sont obligés de mentionner qu’ils ont des pièces pour se faire transporter. Ces conducteurs aussi se plaignent de la situation. Ils ne sont pas en reste. Pour Guy Fongang, on est parfois contraint de rouler à vide parce qu’il n y a pas de pièces et cela est une perte en carburant. Il faut d’abord trouver la petite monnaie pour transporter des individus. Dans les services d’Express Union, il devient difficile de payer une facture d’eau ou d’électricité ou d’effectuer toute autre transaction. « Il faut avoir toujours ces pièces parce que ces gens n’en n’ont jamais. Cela devient très embêtant « , s’indigne un consommateur.

Paiement par Mobile Money

Pour pallier le problème de rareté des pièces de monnaie, de nombreuses astuces sont développées par les commerçants et les responsables des supermarchés pour faciliter les achats. Certains arrondissent les prix d’achat et d’autres proposent des produits tels que des biscuits, des mouchoirs de poche et même des bonbons. C’est le cas de la « Superette », au marché Etoudi. « Nous sommes obligés de proposer des friandises aux clients pour éviter le problème de pièces de monnaie. La véritable difficulté est que tous les clients n’acceptent pas souvent cette offre. Ils préfèrent partir et laisser les produits. Ceux qui sont plus compréhensifs laissent souvent la différence ». C’est également le cas au supermarché Niki Emana. Le recours au payement des achats par Orange et Mtn money est un autre moyen pour contourner la situation. « Lorsqu’un client arrive à la caisse avec des achats de 4600 fcfa par exemple, nous lui proposons de faire un payement par Mobile money avec des frais de retraits », explique une caissière dans une supérette Total. Bien que cette solution arrange ces responsables, ce n’est forcément pas le cas pour les clients a indiqué la caissière. Beaucoup n’ont toujours pas d’argent dans leurs comptes ou n’ont pas les frais de retrait.

Marie Laure Mbena / 237online.com

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