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Cameroun: La CEMAC face au défi de la transition énergétique

CEMAC

Alors que la lutte contre le changement climatique s’intensifie à l’échelle mondiale, la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) peine à engager sa nécessaire transition énergétique. Pourtant, les opportunités ne manquent pas pour exploiter son fabuleux potentiel en énergies renouvelables. Explications des défis qui attendent la région.

Un potentiel énergétique renouvelable immense

Avec ses vastes forêts stockant le carbone, ses fleuves dévalant des montagnes et un ensoleillement abondant, la CEMAC regorge de ressources pour produire des énergies vertes et renouvelables.

Selon une étude de 237online.com, le potentiel hydroélectrique techniquement exploitable de ses 6 pays membres (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad) dépasse les 100 000 mégawatts (MW). Soit l’équivalent de 100 réacteurs nucléaires !

S’ajoute à cela un gisement de 365 000 MW en énergie solaire, sans oublier d’immenses capacités en biomasse et en éolien. Autant de trésors énergétiques propres qui permettraient à la CEMAC de couvrir largement ses besoins, aujourd’hui assurés à 80% par des centrales thermiques au fuel et au gaz.

Des progrès trop limités

Pour l’heure cependant, le décollage des énergies renouvelables se fait attendre. En 2021, leur part dans le mix électrique de la zone ne dépassait pas 1%, soit à peine 250 MW installés tous pays confondus !

Certes, des progrès ont été enregistrés au Cameroun qui exploite 2 barrages hydroélectriques d’envergure à Edea et Memve’ele. Le Gabon mise aussi sur l’hydroélectricité avec un projet pharaonique à Grand Poubara. Mais dans l’ensemble, le cap fixé à 35% d’énergies renouvelables en 2035 semble très ambitieux.

Des obstacles multiples

Plusieurs écueils freinent l’essor des renouvelables en Afrique centrale. D’une part, les coûts élevés des investissements de départ, avec des installations hydroélectriques ou solaires encore chères. Surtout face à la concurrence du pétrole et du gaz abondants localement.

S’ajoute à cela l’insuffisance des infrastructures de transport et de distribution qui grèvent la rentabilité des projets d’énergie verte. Sans compter la dépendance persistante de la CEMAC aux importations de technologie.

Autre blocage, plus politique celui-là : le manque de coordination des stratégies énergétiques entre les pays. Chaque Etat campe sur ses prérogatives en la matière, au détriment d’une approche plus régionale qui permettrait des économies d’échelle. Résultat, les beaux discours panafricanistes peinent à masquer les égoïsmes nationaux.

Vers une transition sous perfusion

Ces défis de taille hypothèquent lourdement les chances pour la CEMAC d’opérer sa transition énergétique « maison ». La tendance est même à la dépendance accrue aux financements et expertises extérieurs pour concrétiser les rares mégaprojets hydroélectriques en cours.

Quid alors de l’émancipation tant promise ? La lutte contre le changement climatique pourrait néanmoins donner un coup de fouet salvateur aux politiques énergétiques régionales. Sous la pression de l’opinion et des bailleurs internationaux de plus en plus regardants sur les questions d’environnement. Au prix, cependant, d’une perte d’autonomie assumée pour une transition sous perfusion de l’aide étrangère…

Auteur: Pierre-François Assélé, 237online.com

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