Cameroun – Insalubrité : Yaoundé broie sous les ordures

Poubelle de Hysacam

Depuis quelques semaines, les quartiers de la ville sont encombrés par les ordures ménagères. Les agents de la société d’Hygiène et salubrité (Hysacam) revendiquent le paiement de leurs salaires.

« C’est vraiment dégoutant », crie Evelyne Ngono en se pinçant les narines au lieudit Borne Fontaine Emana. A même le sol, se trouve un tas d’immondices sur lequel des moustiques et des mouches ont élu domicile. Tout près, coule une eau noirâtre qui laisse transparaitre des asticots dégageant ainsi une odeur nauséabonde. « Nous allons mourir d’insalubrité. Regardez comment les ordures trainent sur le trottoir », s’indigne-t-elle. Une situation qui préoccupe plusieurs. « Cela fait une semaine que la société Hysacam n’est pas passée dans notre quartier. Les gens sont obligés de verser les ordures en route. Nous n’avons pas où les mettre », confie une ménagère. Au lycée bilingue, le tas d’ordures est indescriptible. Autour de celui-ci, se trouvent des commerçants qui vaquent à leurs occupations sans aucune gêne. Certains arborent leur cache-nez, d’autres n’en ont pas. « L’air que nous respirons est souillé. Les odeurs qui se dégagent de ces immondices sont nauséabondes et peuvent entrainer des troubles respiratoires. Mais nous n’avons pas de choix. Hysacam ne passe plus régulièrement pour ramasser », confie un vendeur.

Les conducteurs de moto se plaignent également de la situation qui prend de l’ampleur. « Pendant la Can, ils nous ont fait croire que la ville était propre. Voilà quelques mois seulement, nous sommes revenus à nos vieilles habitudes. La ville est sale et dégage de mauvaises odeurs. C’est vraiment déplorable de faire la propreté juste pour un évènement », regrette un conducteur de moto. Au carrefour Etoudi, à la descente du marché, le cliché est le même. Le bac à ordures est presque invisible. Il est recouvert d’ordures. Des commerçants s’enfoutent des ordures et des odeurs. Ils exposent tout de même leurs marchandises. « Ce n’est pas notre travail. Demander à Hysacam de faire son travail. C’est normal de ne pas travailler s’ils n’ont pas de salaire. Chacun de nous travaille pour avoir un revenu et non pour faire plaisir », lance une commerçante toute énervée. « Il est devenu impossible de circuler librement dans la ville sans avoir à se pincer les narines pour éviter d’inhaler des mauvaises odeurs », révèle une autre.

Arriérés de salaire

Une situation qui s’explique par l’arrêt des travaux par les agents de la société Hysacam qui réclament le paiement des arriérés de leurs salaires. « Nous avons des arriérés de salaire. Nous voulons que notre travail soit payé. Nous avons des familles à nourrir. Si nous ne sommes pas payés comment allons-nous prendre soin de nos familles. Nous voulons que nos droits soient respectés », confie un agent de la société Hysacam. Pour Isaac, l’irrégularité dans le paiement des salaires est un problème régulier au sein de cette société.

Le film des ordures jonchant et débordant les rues quelques jours avant le début de la Can a refait surface. Pour mieux informer le public de la situation, Innocent Ebodé, chargé de la communication de la société Hysacam à Yaoundé explique : « Il y a eu mouvement de grève le lundi 25 avril 2022. Un groupe d’employés a bloqué le matériel de travail. Ils revendiquaient leur salaire du mois de mars et se plaignent également de la réorganisation du travail, car certains d’entre eux ont été envoyés dans des zones éloignées de leur lieu d’habitation ».

Le ministre de l’Habitat et du Développement urbain s’est exprimé sur la recrudescence des déchets ménagers dans un communiqué signé le 29 avril dernier. « Depuis quelques temps, il est donné de constater pour le déplorer une recrudescence des dépôts anarchiques des ordures ménagères le long des rues de nos grandes métropoles. Cette situation serait due à la grève des agents de la société Hysacam » lit-on. Par, ailleurs le ministre a invité le directeur général de la société Hysacam à prendre sans délai toutes les dispositions nécessaires pour un retour à la normale afin de respecter les engagements pris et d’accompagner l’Etat du Cameroun dans l’atteinte des objectifs visant à l’amélioration du cadre de vie des populations. Ces monticules de déchets qui sont charriés par les eaux de pluie, dégradent les chaussées, obstruent les caniveaux et polluent les cours d’eaux, favorisant davantage le développement des maladies hydriques à l’instar du Choléra, indique ce communiqué. Le ministre engage les populations à plus de civisme et les maires à envisager des solutions endogènes à travers une mobilisation de tous les acteurs.

Hysacam rassure

« Nous sommes conscients du désagrément que nous avons causé aux populations mais nous voulons les rassurer que des dispositions sont prises pour que la propreté soit mise. Nos agents ont repris le travail », a indiqué Innocent Ebodé. Pour y arriver, la société compte désengorger les grands axes et les marchés, ensuite se déployer dans les quartiers malgré le fait que cette opération nécessite assez de temps.

Marie Laure Mbena / 237online.com

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