Cameroun – Inflation : Fer, tôles et matériel électrique flambent

Padji Sarl

Les coûts sont exorbitants aussi bien à la sortie de l’usine que dans les points de distribution.

Si l’inflation actuelle dans la filière des matériaux de construction devait demeurer, s’offrir un logement en dur décent relèverait désormais d’une gageure y compris pour les Camerounais de la classe moyenne. « Nous-mêmes qui travaillons ici, on ne sait pas si on va construire un jour », s’inquiète un ouvrier rencontré lundi 9 mai 2022 à la sortie de l’usine des Aciéries du Cameroun, sis à Ndogsimbi, dans le 3ème arrondissement de Douala. En effet, le fer acheté ici comme partout ailleurs est revendu dans les grands points de distribution répartis dans les quartiers à des prix défiant la raison. La barre de 8 coûte 3200 francs Cfa, la barre de 10 en quincaillerie est passée de 4300F CFA à 4800F CFA, soit 500F de plus, tandis que la barre de 6 – en fait le 5.5 selon un usinier –, jadis vendue à 750F, coûte aujourd’hui 1700F CFA. Soit un surcoût de 950F. Un autre quincaillier au carrefour Zachman à Ndogbong dit vendre cette même tôle de 6 à 1800F. On peut en conclure que la barre de 12, elle, franchirait la barre de 5000F CFA. La tonne de la barre de 12 coûte 654 000F au sortir de l’usine des Aciéries, contre 634 000F il y a quelques mois, avons-nous appris.

Ni le responsable commercial de cette société, ni son directeur général ne nous ont accordé un entretien pour éclairer cette situation, ce alors même que nous nous y sommes rendu plusieurs fois depuis le 28 avril dernier. Un employé de l’entreprise se dit cependant convaincu de ce que cette spéculation soit le fait des personnes avides d’enrichissement illicite. Il en veut pour preuve les contrôles qui ne s’essoufflent pas. « Un ami à Prometal m’a dit que les agents du ministère du Commerce défilent là-bas chaque jour. Ça veut dire qu’ils n’y vont pas pour rétablir l’ordre, mais pour prendre leurs enveloppes, car ils en ont, martèle-t-il en insistant sur les conflits d’intérêts entre certains hauts cadres du gouvernement et certaines entreprises. « On dit que les matériaux sont rares, en fait ils les stockent et on monte les enchères », explique notre source.

La tôle n’est pas épargnée par cette envolée meurtrière des prix. Le mètre linéaire (c’est-à-dire 1 mètre) de la tôle ondulée est vendu à 3000 francs CFA. Trois mètres valent 9000 francs CFA. « Si l’unité de 2 mètres coûte 6800 francs, à cette allure, nous-mêmes qui sommes employés dans la fabrication, ce n’est pas à notre portée. Quand une personne vient acheter une tôle ondulée à 9500F, c’est pour aller revendre à combien ? », s’interroge un autre employé à la fabrication. C’est dire la cacophonie qui fait valoir sa loi dans la pratique des prix au détriment de la valeur homologuée de ces produits.

Câble

Le câble Ingelec 2.5 coûte 28 000 (avant c’était 19 000F), Nexan 23 000F contre 16 000F avant, nous apprend un électricien. Il explique que le Nexan est un câble dont les paramètres (la section du cuivre, la longueur) sont respectés. « J’ai même voulu contourner en allant chez des personnes plus proches et en voulant utiliser les hauts câbles (ça coûtait 16 000), mais ils m’ont dit qu’il n’y en avait plus. C’est que les prix se sont tellement affolés qu’ils ont dû cesser d’en acheter », poursuit-il. « J’ai des amis qui ont fait le devis, mais après à peine deux semaines, ils ont dit au propriétaire qu’ils n’en peuvent plus. »

Théodore Tchopa / 237online.com

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