Cameroun – Harengs fumés : « Bounga », ce n’est plus cadeau

Harengs fumés

Depuis un certain temps, la taille de ce poisson est de plus en plus petite, alors que son prix est en hausse dans les marchés de Yaoundé.

100 Fcfa pour un hareng fumé de petite taille, parfois 125 Fcfa. Le bounga ou encore bifaga, qui apporte un élément nutritif dans n’importe quel aliment comme les sauces et bien d’autres, coûte déjà les yeux de la tête. « Le bifaga de 500 Fcfa qu’on nous propose actuellement au marché est insuffisant pour une sauce. Nous les personnes de classe moyenne, nous ne savons pas où mettre la tête. Le kilogramme de maquereaux coûte cher. On ne sait pas ce avec quoi on va assaisonner nos sauces pour ressentir le goût », déplore Paulette, une ménagère.

« Bilolo », sans chair

C’est surtout la grosseur de ce poisson fumé proposé sur les étals, qui intrigue les ménagères. Maman Crescence en rit : « est ce qu’il existe encore les « bifagas » sur le marché ? Tu sais ? On parle de « bifaga » lorsqu’il s’agit des gros poissons adultes. L’on propose des moyens à 250 Fcfa, et les deux à 500 Fcfa. Or, ce qui est posé partout dans les brouettes, ce sont les «bilolo », ce n’est pas gros, ni adulte, ce sont de tout petits poissons. Ça sert même à quoi dans la nourriture ? Il n’y a pas de chair. On prend juste ça pour ressentir un petit goût. Est-ce qu’on a le choix ? Et tout comme Paulette et maman Crescence, plusieurs autres ménagères s’en plaignent. Au marché d’Etoudi, les commerçants alertent les ménagères sur les différents prix. Chez certains, l’on entend : « « Kolo » c’est 10, mesdames, venez voir !» ; chez d’autres, c’est : « Huit à 1000 Fcfa », « 12 à 1000, venez faire le choix, c’est gros cette fois… ». Au marché de Nkol-Eton, sur les étals que nous avons visités, un tas de quatre petits « bifaga » vaut 500 Fcfa, et l’unité, 125 Fcfa…

Les ménagères rencontrées au marché du Mfoundi affirment ne pas être toujours en mesure de se ravitailler comme elles voudraient. Maman Jacqueline, une ménagère, a la mine triste. Embarrassée, elle rapporte qu’une vendeuse vient de lui proposer un tas de quatre petits « bifaga » au prix de 500 Fcfa : « Non seulement je ne parviens pas à trouver le « bifaga » chez ma vendeuse habituelle, quand j’y parviens finalement, je ne suis ni satisfaite de la qualité, ni de la quantité, ni du prix », nous confie- t-elle.

D’après plusieurs témoignages recueillis sur place, la hausse actuelle du prix du « bifaga » serait consécutive au système d’approvisionnement, car selon certaines commerçantes, ce poisson provient de Douala et de la zone côtière avoisinante du Nigéria. Marie, commerçante grossiste au marché de Mvog Ada, explique : « Nous rencontrons des difficultés pour écouler nos marchandises. À cause des problèmes de transport dus au mauvais état des routes du fait de la saison pluvieuse, le coût de transport devient élevé. A l’heure actuelle, le carton de « bifaga » se vend entre 80 000 et 90 000 Fcfa, alors qu’auparavant on achetait ce même carton au prix de 45 000 à 50 000 franc CFA ». Maman jeanne, vendeuse de « bifaga » au marché Mfoundi, affirme : « Puisque nous achetons désormais à un prix plus élevé, nous sommes obligés d’augmenter le prix de vente. Si nous continuons de pratiquer les prix habituels, ça serait la faillite assurée ».

Pour certains détaillants par contre la cherté du produit vient de certains grossistes. « Nous allons juste acquérir des stocks auprès des grossistes pour vendre dans les marchés. Ces derniers nous rapportent que le niveau d’eau a augmenté et les pêcheurs n’arrivent plus à pêcher comme d’habitude ». Pour faire face à cette situation, les commerçants se retournent vers d’autres types de poissons fumés à savoir la morue, le maquereau et bien d’autres. Marie vendeuse au marché Mokolo nous explique : « J’ai l’habitude de vendre seulement le « bifaga », mais la rareté de ce poisson, fais-en sorte que je vende maintenant la morue et le maquereau, et cela est bénéfique pour nous, tout comme pour les ménagères. Nous vendons un tas de six morues au prix de 500 Fcfa ».

Duchelle Nguepi (stagiaire)

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