Le bras de fer entre Samuel Eto’o et le président Paul Biya vient de connaître un tournant spectaculaire et inattendu. En nommant un staff des Lions Indomptables différent de celui validé par le Chef de l’État, le patron de la Fecafoot a porté un coup d’une violence inouïe à l’autorité présidentielle. Un camouflet historique qui soulève des questions existentielles sur la réalité du pouvoir à Etoudi. Décryptage d’une crise sans précédent.
Eto’o défie Biya en pleine lucarne et ridiculise Kombi Mouelle
L’affront est d’une magnitude inédite sous le magistère de Paul Biya. En imposant ses choix pour l’encadrement technique des Lions au mépris des instructions présidentielles, Samuel Eto’o vient de franchir le Rubicon. Une ligne rouge scrupuleusement respectée pendant près de quatre décennies de pouvoir sans partage du « Sphinx » d’Etoudi.
Car en renvoyant dans ses 22 le ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi, coupable d’avoir porté la parole du président, c’est bien à Paul Biya qu’Eto’o s’est frontalement attaqué. « Je m’adresse à vous en français facile » a même ironisé l’ancien capitaine des Lions dans une lettre à destination du ministre, tel un uppercut verbal balancé au visage du régime. Une humiliation sans nom pour le pouvoir, confiné au rôle de punching-ball médiatique par le milliardaire hispano-camerounais.
Paul Biya encore président ou simple figurant ? Le pouvoir nu
Derrière cette confrontation épique se cachent des interrogations existentielles pour la République. En défiant aussi ouvertement l’autorité de Paul Biya, Samuel Eto’o soulève brutalement la question de la réalité et de l’effectivité du pouvoir présidentiel. Un pouvoir fragilisé, vacillant, incapable de se faire respecter, y compris par l’enfant terrible du football national.
Paul Biya est-il encore le Chef de l’État, le garant des institutions et de l’ordre républicain ? Ou n’est-il plus qu’un « Chef des tas« , un monarque affaibli, condamné à subir les outrages et les caprices d’un ancien footballeur reconverti en potentat incontrôlable ? La question, aussi brutale soit-elle, ne peut plus être éludée. Pas plus que celle de la crédibilité du gouvernement, incarné par ce « tigre de papier » de Narcisse Kombi Mouelle, seulement bon à « faire la moustache » devant les caméras.
Magouilles, détournements, scandales : la Fecafoot dans le viseur ?
En choisissant l’épreuve de force, et en poussant le bouchon aussi loin, Samuel Eto’o prend un risque immense. Celui d’appeler sur lui les foudres vengeresses d’un pouvoir blessé dans son orgueil, et bien décidé à laver l’affront. Déjà, les langues se délient sur les dérives présumées de la gestion Eto’o à la tête de la Fecafoot.
Magouilles dans l’attribution des marchés, détournements de fonds, recrutements douteux, « tests de canapé »... Les révélations pleuvent, accréditant l’image d’une fédération livrée aux pires travers. De quoi donner des idées au pouvoir, qui pourrait trouver là l’occasion de régler ses comptes avec le « fils rebelle« , en le prenant en défaut sur le terrain de la probité. Un scénario explosif, qui risque de dynamiter le football camerounais.
En attendant, le pays retient son souffle. Samuel Eto’o parviendra-t-il à faire plier Paul Biya, dans ce duel à mort engagé depuis des semaines ? Ou l’orgueil du « Lion » se brisera-t-il sur la muraille d’Etoudi ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : le Cameroun ne sera plus jamais le même après ce psychodrame footballistico-politique. Pour le meilleur ou pour le pire.