Cameroun – Electricité: Des réunions de crise sans solution

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Le Ministre Atangana Kouna a tenu une réunion pour la forme à Yaoundé vendredi 05 juin 2015 avec les différentes parties prenantes. Pour des délestages qui survivent.
Le Ministre de l’Eau et de l’Energie, M. Basile Atangana Kouna a présidé, le vendredi 05 juin 2015, la réunion extraordinaire du Comité de suivi de l’étiage 2015. D’après des sources introduites, cette concertation à huis clos a été sanctionnée par un communiqué de presse qui se contente de faire des constats allant dans le sens de l’opérateur en charge de la production, la transformation et la distribution du courant électrique au Cameroun (Eneo). Autour du Ministre étaient réunis l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) et la Direction générale d’Eneo. Il en ressort donc que le gouvernement manifeste son adhésion aux arguments d’Eneo relatifs à la «baisse des réserves d’eau dans les barrages d’Edéa et de Song Loulou».
Le Ministre Atangana Kouna s’est dit optimiste pour la résolution de la question des délestages. Et pour cause, le retour de la saison des pluies qui va permettre d’augmenter le volume d’eau dans le cours supérieur de la Sanaga. La réunion de ce vendredi dernier a également permis l’examen de la question des centrales thermiques censées suppléer les carences hydrauliques comme celle enregistrées actuellement. A ce propos, M. Basile Atangana Kouna a reconnu qu’il existe des divergences persistantes entre l’Etat et le groupe britannique Aggreko en charge de leur gestion. Si le Ministre de l’Eau et de l’Energie entrevoit un dénouement heureux, la Ligue camerounaise des consommateurs ne l’entend pas de cette oreille. Son leader Delors Magellan Kamgaing veut se faire entendre sur l’épineise situation du rationnement de l’offre d’électricité au Cameroun. Les associations de défense des consommateurs s’étonnent d’ailleurs de ce qu’une telle réunion de crise se soit tenue sans leur participation. «Les consommateurs doivent être représentés comme l’indique la loi cadre du 06 mai 2011 portant protection du consommateur au Cameroun dans toutes les consultations qui impactent sur leur devenir. Donc nous devions être représentés lors de cette réunion, malheureusement, nous avons été exclus», a dit indigné le leader de la Ligue camerounaise des consommateurs Delors Magellan Kamgaing qui préconise des actions publiques dans les jours à venir.
Les consommateurs ont un doigt accusateur sur les pouvoirs publics manifestement sans solution. Surtout que certains observateurs avertis se rappellent qu’à son arrivée, Eneo a promis de juguler les délestages. D’autant des sources internes à Eneo font état de ce que les services du Premier ministre bloquent la remise en service du poste de transformation d’Ahala pour le cas spécifique de Yaoundé. «Une mauvaise décision qui entraine un déficit direct de 60Mw» et qui représente le tiers de la demande de la région Centre. Le ministre camerounais de l’Energie et de l’Eau, M. Basile Atangana Kouna, révélait en 2014 dans une interview au quotidien Cameroon Tribune que l’Etat camerounais finalisait les négociations, en vue du rachat auprès de la société britannique Aggreko, de la centrale thermique d’Ahala, à la sortie sud de la capitale camerounaise.

Doigt accusateur
Exploitée par le producteur indépendant d’énergie Aggreko, à la faveur d’un contrat avec l’Etat du Cameroun, la centrale thermique d’Ahala fait partie des infrastructures mises en place par le gouvernement camerounais, dans le cadre de son programme thermique d’urgence (Ptu) visant à augmenter la production de l’électricité dans le pays, afin de réduire le déficit. Dans un communiqué rendu public le 03 février 2014 par Aes Sonel, le concessionnaire du service public de l’électricité de l’époque, le Dg de cette entreprise, Jean David Bilé, annonçait que l’Etat camerounais avait transféré à Aes Sonel trois centrales thermiques du Ptu, dont celle d’Ebolowa, Mbalmayo et Bamenda. Seule celle d’Ahala, la plus importante en termes de capacité de production, reste jusqu’ici dans le giron du Ptu, c’est à dire totalement aux mains des pouvoirs publics.
Le programme thermique d’urgence, a été initié par le gouvernement camerounais en 2009, dans le but de réduire le déficit auquel sera confronté notre pays en 2012, qui était estimé à plus de 100 Mw. Placé sous la maîtrise d’ouvrage du ministère de l’Energie et de l’Eau, le coût global du projet était de 55 milliards de Fcfa, entièrement financé par l’Etat. Le Ptu devait permettre de renforcer l’offre énergétique existante, sur le réseau interconnecté sud (Ris) et notamment dans les villes où l’offre énergétique demeure faible et instable. Pour se faire, quatre centrales thermiques au fuel ont été construites de façon simultanée à Ahala à Yaoundé, Bamenda, Mbalmayo et Ebolowa.
Au total, 100Mw devaient être injectés dans le réseau dès la fin des travaux. Le projet se décomposait en deux phases qui sont les suivantes: Dans la phase1 du projet, une capacité totale de 40Mw produite par le biais des trois centrales thermiques diesel de Bamenda (20Mw), Mbalmayo (10Mw) et Ebolowa (10Mw). Le contrat d’acquisition des centrales y relatif, un contrat Epc²r, a été signé entre l’Etat et le groupe égyptien El Sewedy Power et prévoyait la mise en service des trois centrales au courant du mois d’octobre 2011. Dans sa phase2, le Ptu prévoyait pour deux ans, avec option d’achat, la location à la société Agrekko d’une centrale thermique en périphérie de la ville de Yaoundé plus précisément à Ahala. La phase2 du Ptu représentait une capacité de 60 Mw qui devait être injectés dans le Réseau interconnecté Sud en haute tension à la tension 90Kv.
Agrekko est une société anglaise de location de groupes électrogènes. L’énergie produite est vendue aux concessionnaires en charge de la production, la distribution, le transport et la distribution de l’énergie aux ménages camerounais. En clair la Centrale d’Ahala qui devait contribuer à la gestion de l’étiage 2015 telle que promise par le gouvernement, n’est pas en fonctionnement. A côté de quoi, se greffe la quasi pourriture du réseau de distribution.

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