Cameroun – Election au Nigéria: Péril sur la stabilité du pays

Afrique

Le scrutin de février pourrait également avoir des conséquences sur les pays de la sous-région, particulièrement le Cameroun.L’élection présidentielle au Nigeria inquiète plus d’un observateur de la société internationale : le pays traverse une grave crise sécuritaire et sociale. L’Etat semble être en faillite dans le Nord-est du pays en proie aux exactions de la secte islamiste Boko Haram. Le pays pourrait connaitre une crise humanitaire sans précédent. Des milliers de personnes, victimes des agissements du groupe terroriste, sont sans abris. La famine est annoncée dans plusieurs contrées. Des contestations sociales sont fréquemment enregistrées dans des villes du pays. Le Mouvement d’émancipation du delta du Niger (Mend) est également actif dans l’Etat de Bayelsa. La corruption gangrène l’économie du pays. La pauvreté est à son comble. Le Nigeria bouillonne. La situation peut s’embraser à tout moment.
L’élection présidentielle du 14 février prochain peut déclencher une véritable guerre entre les musulmans et les chrétiens qui se regardent en chiens de faïence. Les élites du nord estiment que Goodluck a brisé cette alternance tacite et en plus, mené le pays à la dérive. En effet, afin d’apaiser les conflits entre musulmans du nord et chrétiens du sud, les politiciens nigérians ont appliqué une règle non écrite reposant sur une alternance entre chrétiens et musulmans à la tête de l’État fédéral. Chrétien du Sud, Olusegun Obasanjo avait effectué deux mandats consécutifs (1999-2007). Son parti, le Pdp, le plus puissant du Nigeria, avait donc désigné pour lui succéder un musulman du nord, Umaru Yar Adua, qui devait en conséquence effectuer deux mandats et laisser la place à un chrétien du sud. Mais, Umaru Yar Adua est mort en 2010, soit un an avant la fin de son premier mandat. Le vice-président, Goodluck Jonathan, chrétien du Sud, a alors pris sa succession avant d’être élu en 2011, avec le soutien d’Olusegun Obasanjo, qui appuie désormais Buhari. La crise est ouverte.

Boko Haram
Selon l’International crisis group (Icg), en briguant un second mandat en 2015, le président nigérian risque de provoquer une déstabilisation du pays. Cette Ong souligne dans son rapport la volonté des responsables politiques du Nord de reprendre coûte que coûte la présidence. On le ressent à travers la violence des discours politiques et des relations hostiles entre les militants des partis politiques en concurrence.
Les adeptes de Boko Haram profitent de cette crise politique pour conquérir les territoires et s’implanter véritablement à l’intérieur du pays. Des infiltrations ont été signalées à Lagos et Abuja. Selon l’analyse d’Aimé Raoul Sumo Tayo, «il n’est pas exclu que les élites politiques nigérianes recrutent des entrepreneurs du crime pour perturber les élections dans les Etats voisins du Cameroun». Le spécialiste des questions de défense estime que le président Goodluck Jonathan «ne s’est pas jusqu’ici illustré par sa volonté de venir à bout de la secte islamiste». Le géo-stratège, Vincent Ntuda Ebode, pour sa part, juge que «le Nigeria a baissé les bras par opportunisme politique face à la guerre contre Boko Haram». L’ex-président militaire, Buhari, «se pose comme une alternative viable et fiable pour le Cameroun», pense-t-on. Il est vrai que la situation nigériane préoccupe le Cameroun, également victime des assauts du groupe terroriste et qui accueille des milliers de déplacés sur son territoire. La campagne électorale, le vote, la proclamation des résultats et l’après élection seront analysés dans les moindres détails par les pays voisins. Surtout qu’on sait qu’en Afrique, des contestations postélectorales finissent toujours par déstabiliser des pays.

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