Des groupes d’hommes arnaquent les populations.
Un calme précaire règne dans les villages Mofaré et Ouro-djodi, dans l’arrondissement de Touboro. Si en journée, ces villages peuplés sont animés, ils se vident d’une bonne partie de sa population une fois la nuit tombée. Seuls quelques téméraires passent encore la nuit dans leur domicile.[pagebreak] Depuis le 10 février 2014 en effet, les populations passent leurs nuits dans la brousse pour échapper aux incessantes incursions d’hommes armés qui passent au peigne fin les concessions et les magasins, emportant tous les biens de valeur chez les uns, et bastonnant ceux chez qui ils ne trouvent rien.
Tout commence avec l’attaque du village Ouro-djodi dans la nuit du 10 au 11 février 2014 où l’on a enregistré un seul mort, le nommé Uyele Ngoumps. Les populations désertent aussitôt le village pour trouver refuge dans la brousse. Les assaillants, de sources concordantes étaient en petit nombre, entre quatre et cinq et portaient des tenues militaires de couleur bleu ciel. «A les entendre parler, ils viennent du Tchad ou de la République centrafricaine. Ce qui est sûr, ces gens sont des soldats tchadiens chassés de la RCA. Il n’y a aucun doute sur ce point.
Ce sont des ex- Séléka de la Centrafrique», affirme Baba Jacques, chef du village Ouro-djodi. Informés de l’attaque, les habitants du village Mofaré, situé non loin de là, sont pris de panique. Ils se refugient dans la brousse. Mais ne voyant rien venir, certains regagnent petit à petit leurs domiciles. Hélas, dans la nuit du 17 au 18 février 2014, un groupe d’assaillants fait irruption dans le village. Ils fouillent le domicile du directeur de l’école publique de Mofaré, Metsavara Matakon, et emportent deux téléphones portables et la somme de 15.000 Fcfa. C’est au domicile de Warda Djakone qu’ils empochent une petite fortune: 960.000 Fcfa. Ils visitent aussi les domiciles de Sarki, du catéchiste Gozole Philippe avant de se rendre chez le chef de village. «J’ai été informé de leur présence dans notre village par les premières victimes.
J’ai aussitôt quitté ma maison pour me cacher. Ils ont défoncé trois portes et fouillé en vain la maison sans rien trouvé. Puis, ils se sont rendus dans la concession de Guedassa Jean où ils ont mis la main sur la modique somme de 2 400 Fcfa. Enervés, ils l’ont trainé sur la route de Mbaïboum où ils l’ont grièvement blessé. Ils nous ont assiégés pendant plus de 4 heures et ne sont partis que vers 4h30. Depuis cette date, nous désertons nos domiciles les nuits.
Nous sommes devenus des véritables renards. On se cache comme on peut», explique le chef du village Mofaré, Nguéléo Abdias. A la suite de ces incidents, les agents de l’Etat en service dans ces localités ont plié bagages. Les centres de santé, les écoles publiques sont donc momentanément fermés. «Depuis ces évènements, les fonctionnaires ont quitté le village pour le chef lieu de l’arrondissement ou le chef lieu de la région. Nous ne pouvons pas leur en vouloir car il en va de leur vie et de celle de leur famille. Lorsqu’on n’est pas en sécurité, on ne peut travailler. Vivement que l’Etat se penche sur notre situation et nous garantisse la sécurité», déclare une fois de plus Nguéléo Abdias.
Prenant conscience de la situation, deux éléments du BIR ont été détachés le 25 février 2014 dans la localité de Mofaré. Et quatre autres, le même jour; à Ouro- Djodi. «Je ne sous estime pas les efforts du gouvernement, mais j’aurais souhaité qu’une structure permanente de sécurité soit installée dans les deux villages. A Mofaré, il y a au moins 13 000 âmes. A Ouro-djodi, la population est estimée à environ 20 000 habitants. Ces deux villages sont des grandes agglomérations qui méritent l’attention de l’Etat. L’Etat ne doit pas attendre que la situation soit incontrôlable pour intervenir ou après qu’il y ait eu mort d’homme comme c’est le cas à Ouro Djodi», déclare Fanavoua Michael, enseignant à Mofaré.