Cameroun : Des tombes profanées au cimetière musulman de Manjou

Plusieurs cas ont été enregistrés dans cette localité située à l’entrée de Bertoua.

Le cimetière musulman de Manjou, construit sur une superficie de deux hectares, est situé environ à deux kilomètres de la ville. Ce cimetière n’a pas une clôture ni de gardien de nuit. Cette légèreté de sécurité favorise la pratique d’activités pas très orthodoxes en ces lieux, notamment la
profanation des tombes : « Chaque fois qu’il fallait venir ici pour inhumer un corps on observait qu’il y avait toujours des tombes qui ont été profanées, et cette récurrence n’a laissé personne indifférent» , indique Souley Abdoulaye, un habitant de Manjou. Baba Ibrahim précise : « On savait que les fumeurs de chanvre se refugiaient dans le cimetière mais nous avons été étonnés de constater au cours d’une séance de travail manuel que plusieurs tombes ont été vidées de leur contenu ». La nouvelle a circulé comme une trainée de poudre et a créé la panique au sein de la population : « Nous n’avons pas cru au départ, mais il fallait se rendre dans le cimetière pour vraiment voir les restes des ossements humains que les malfrats abandonnaient » , soutient Hyppolite Sodea.

Une fois informées les autorités administratives ont pris des dispositions pour mettre un terme à la profanation des tombes dans l’arrondissement
de Manjou. « D’une manière globale, nous avons été informés qu’il y a profanation des tombes dans le cimetière musulman, et ces informations ont été vérifiées avec la fréquence des colis des ossements humains qu’on découvre dans la broussaille. Des enquêtes ont été ouvertes et ces enquêtes
ont abouti à chaque occasion à des interpellations des présumés coupables qui sont mis à la disposition de la justice
» , confesse Samuel Menobo, le
sous-préfet de Manjou. L’autorité administrative s’évertue au quotidien pour juguler le phénomène de profanation des tombes : « Nous avons convoqué des réunions et nous avons prescrit que désormais des tombes soient plus profondes pour que les corps soient à l’abri des exhumeurs, que les cimetières soient gardés par les gardiens. Nous avons demandé aux populations d’être courageuses en dénonçant toutes personnes suspectes » indique le sous-préfet de Manjou. Au-delà des mesures prises par l’autorité administrative, les autorités municipales, et les leaders religieux sont mis à contribution pour mettre un terme au phénomène de profanation des sépulcres au cimetière de Manjou : « Nous avons demandé aux pasteurs, prêtres, imams de sensibiliser leurs fidèles dans les lieux de culte au cours de leurs prédications » , précise l’autorité administrative. Face à la rigueur des mesures engagées par le sous -préfet de Manjou, les exhumeurs ont décampé et les villages de cette unité administrative sont devenus la cible des profanateurs de tombes. La dernière opération a été celle du village Doumbé où en moins de deux semaines quatre tombes ont été profanées.

Trafic des ossements humains La recrudescence des profanations des tombes est à l’origine de la prolifération du trafic des ossements humains, une activité qui tend à envahir toute la région de l’Est. En fin d’année 2018, cinq personnes en provenance de Yokadouma en possession des ossements humains sont tombées dans les filets de la police et depuis le début de l’année 2019, une personne a été interpellée au quartier Toungou aéroport à Bertoua en possession des ossements humains, deux cas d’interpellations des présumés trafiquants des ossements humains ont été enregistrés à Manjou alors qu’un gang de trois individus qui tentaient d’écouler un colis des ossements humais a été rattrapé par la police au niveau des agences de voyage au quartier Bamvélé à Bertoua . Les personnes interpellées sont généralement de nationalité camerounaise, centrafricaine et nigériane. Selon Younoussa Abdoulaye, le deuxième adjoint au maire de la commune de Manjou, des comités de vigilance ont été créés pour lutter contre le phénomène de profanation des tombes. Le maire annonce la création d’un autre cimetière dans les prochains mois à Manjou.

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