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Cameroun: Des pressions internes au Nigeria contre la rétrocession de Bakassi

Entrée de Bakassi

Militants du Delta du Niger, autorités traditionnelles et élus du peuple vont pousser l’Etat central nigérian à rejet les Accords de Greentree. L’information, reprise en boucle lundi 07 août 2006 par la BBC, a fait la une du quotidien nigérian «Punch» dans son édition du jour. Des militants du mouvement armé de la région du Delta du Niger, sous la houlette de Tony Ene (proche collaborateur de Donald Duke du gouverneur de l’Etat de Cross River), ont proclamé l’indépendance de l’Etat de Bakassi dont la devise sonne comme un cri de ralliement: «Dieu est notre force». Des membres du mouvement indépendantiste de la région du Delta du Niger ont investi la place d’Ekpot Atai dans la journée du dimanche 06 août 2006. Après avoir hissé leur drapeau bleu et rouge comportant dix étoiles symbolisant les dix clans qui séjournent sur la presqu’île, ils ont proclamé l’indépendance de la République démocratique de Bakassi.
Ces militants du mouvement sécessionniste de la région du Delta du Niger, à en croire notre confrère Punch, se disent déterminés à aller au bout de leur logique. D’où certainement des propos de leur porte-parole, Tony Ene, qui a lancé qu’il est « hors de question de prêter leur territoire, comme veulent le faire le Nigeria et les Nations unies, à un autre pays ». Tony Ene s’est par ailleurs auto proclamé chef de l’Etat par intérim de la nouvelle république. Pour lui comme pour ses camarades du mouvement qu’il dirige, « rien sous le soleil ne saurait faire de ce peuple des esclaves du Cameroun ». La République démocratique de Bakassi s’inscrit, a déclaré M. Ene, en droite ligne des articles 01 et 55 de la charte des Nations unies sur le droit à l’auto détermination des peuples qui peuvent selon la législation internationale, disposer d’eux-mêmes.

[b]Autodétermination[/b]
Cette entrée en scène armée d’un mouvement civil dans le différend frontalier qui opposait le Cameroun au Nigeria sur la péninsule de Bakassi était la première du genre. Elle intervenait à cinq jours de la date butoir arrêtée d’Accord partie à Greentree entre les deux pays au sujet du retrait des troupes nigérianes conformément à l’arrêt de la Cour internationale de justice (Cij), le 10 octobre 2002. Toute chose qui n’avait pas manqué de susciter la réaction des élites côté camerounais de la région de Bakassi qui appelaient à une rencontre de concertation pour la date du samedi 12 août 2006 à Douala. Dans le même temps, à la suite du chef de l’Etat camerounais, M. Paul Biya, la presse nigériane annonçait la poursuite du retrait amorcé quelques jours plus tôt des troupes nigérianes à divers points non stratégiques de la frontière Cameroun-Nigeria.
En face, rebelote. Les autorités traditionnelles (originaires) de Bakassi n’entendaient pas lâcher prise sur ces bandes de terre qui regorgent des réserves pétrolières mondiales et d’une importante faune aquatique. En effet, le 21 juillet dernier déjà, sept chefs traditionnels de la péninsule parmi lesquels chief Orok Eneyo, chief Emmanuel Effiong Etene, Ndabu Eyo Umo Nakanda, Emmanuel Okokon Asuquo, Ita Okon Nyong, Richard Ekpenyong et Elder Tony Ene Asuquo avaient attaqué devant la haute cour fédérale d’Abuja l’accord de Greentree signé le 12 juin 2006 entre les présidents Paul Biya et Olusegun Obasanjo. Cet accord prévoit un plan de retrait des troupes nigérianes de la péninsule et donne notamment 90 jours au Nigeria pour effectuer le retrait total de ses forces armées de la presqu’île.
Au bout des 60 premiers jours dont le délai arrivait à expiration le samedi août, le Nigeria devait mettre en route dans les faits un calendrier matérialisant le transfert de souveraineté de Bakassi au Cameroun. Les chefs traditionnels de Bakassi dénoncent l’Accord de Greentree qu’ils qualifient «d’illégal et d’anticonstitutionnel», car n’ayant pas fait l’objet d’une ratification par l’Assemblée nationale du Nigeria ainsi que le prévoit l’article 12 de la constitution nigériane adoptée en 1999. Ce collectif des chefs traditionnels, qui annonçait s’être déjà constitué en Mouvement pour l’autodétermination de Bakassi, rappelle que, selon la Constitution de la République fédérale du Nigeria, «aucune partie du territoire ne peut être cédée sans l’accord du Parlement». Ils ont par conséquent demandé à la Haute cour d’Abuja de déclarer «nulle et non avenue» la décision du président Obasanjo de transférer Bakassi au Cameroun.

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