Cameroun – Déchéance: Joshua Osih vomi par le Comité exécutif national du SDF

Un Comité exécutif national(Nec) houleux s’est tenu samedi à Yaoundé, pour panser les plaies de la dernière présidentielle.

Osih Joshua, le candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, était l’objet de virulentes critiques le samedi 3 novembre 2018 à Yaoundé. Au cours du Comité exécutif national(Nec), les députés, sénateurs, maires et membres de cette instance se sont montrés particulièrement indignés par la démarche de leur candidat qui a fait allégeance au pouvoir en reconnaissant la victoire du candidat président. Plusieurs cadres rencontrés estiment que Joshua Osih a fragilisé l’ardeur militante et travesti l’âme du parti en se classant 4eme avec le score de 3,35% à la dernière présidentielle. Parmi les réserves formulées à son encontre, un membre influent du Nec affirme que le candidat du Sdf a « grillé sa carte au sein du parti. Acculé par les militants, il a accepté toutes ses fautes pendant les travaux à huis clos. Il y avait un planning établi par région, mais notre candidat, à la surprise générale, a choisi de le saper. Il a refusé toutes les équipes mises à son service. ».

Un sénateur affirme : « M. Osih Joshua a refusé pendant sa campagne de se servir du matériel du parti. Nulle part on l’a vu recourir au slogan du Sdf qui est à la croisée des chemins de son odyssée politique. Son bilan financier est attendu lors du prochain Nec et son allégeance au pouvoir en place assez suspect nous pose beaucoup de problèmes ».
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce conclave était particulièrement houleux. Les résolutions du Nec restent attendues mais la défaite du candidat Osih a laissé un goût amer. Au cours de la Conférence de presse avec les médias, Ni John Fru Ndi, le chairman du Sdf, s’est voulu prudent. « A propos du candidat à l’élection présidentielle, je ne vais pas m’asseoir ici pour le blâmer. Il était le principal acteur dans la course. Qu’il ait félicité M. Biya ou pas, il est là. Nous ne sommes pas venus à cette réunion pour sanctionner des militants. Si nous avons même des militants à sanctionner, ce ne sera pas à cette réunion. Nous sortons d’une bataille et la position du Sdf a choqué tout le monde », a-t-il affirmé.

A la question de savoir si la reconnaissance de la victoire de Paul Biya par Osih Joshua est la position du Sdf, Fru Ndi a précisé que « cela relève des discussions internes du parti et non face à la presse ! Nous sommes là pour examiner les causes de l’échec et lorsque les résolutions seront prêtes, nous reviendrons devant la presse pour les communiquer ». Pour lui, le principal objectif des travaux est d’évaluer les causes réelles de l’échec pendant la dernière élection présidentielle afin de préparer les futures élections. Avis partagé par Jean Tsomelou, le secrétaire général du Sdf, pour qui le principal enjeu actuel est le réarmement des militants, la préparation des élections municipales et législatives. Pour lui, l’échec du Sdf se justifie aussi par le taux de participation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui se situe à moins de 10% et le code électoral qui n’a pas respecté par Elecam. « Les déplacés internes devaient voter mais ils ne l’ont pas fait », martèle-t-il.

L’honorable Joseph Mbah Ndam a pour sa part ajouté que le parti aura l’occasion de blâmer certains membres sur tout ce qui s’est passé pendant cette élection. Joshua Osih, le candidat malheureux, a reconnu que « c’est un comité exécutif national qui est certes relativement houleux. Cela démontre aux yeux de ceux qui n’y croient pas tout le dynamisme de notre parti. Nous discutons depuis la fin de la matinée et jusqu’à présent, nous n’avons pas encore fini. La liberté d’expression est absolue chez nous ». Selon ses termes, l’essentiel de la discussion était axé sur la nécessité de regarder vers l’avant. Sur son échec, il a paradoxalement affirmé que « le processus électoral au Cameroun est biaisé et quand il est biaisé, il l’est pour tous les candidats qui participent à cette élection (…) Je crois que c’est la chose la plus importante pour que les Camerounais ».

Joshua Osih répond aux critiques

Sur les critiques de la diaspora et du maire de Loum qui exigent sa démission, Joshua Osih s’est voulu modéré. « C’est son droit le plus absolu. Je le remercie, je remercie aussi tous les mots gentils qu’il a eus à mon égard pendant cette réunion. Je pense que c’est cela la démocratie. Il faut accepter d’être critiqué. Vous savez, je ne suis pas éternel à ce poste. J’ai été élu récemment. Si j’avais été élu depuis quatre ans, peut-être j’allais réfléchir pour prendre un peu de recul mais je ne peux pas laisser le parti en chemin tout simplement parce qu’un camarade, fut-il, maire comme vous le dites me le demande. Donc, je prends note que c’est son choix. Ce que j’ai dit aussi c’est que je me sens l’entière responsabilité, c’est-à-dire que je suis le seul à blâmer. Ce n’est pas pour autant que d’autres n’ont pas de responsabilité. Je suis le premier responsable. C’était moi le candidat à cette élection. C’est ce que j’ai dit au comité exécutif national, à tous mes militants, à mon équipe de campagne, je reste dans cette logique là et nous avançons », a-t-il indiqué.

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