Cameroun: De la confection à l’utilisation des machines à sous

Machines à sous

Même si le phénomène ne prospère plus comme avant, il continue de faire son bonhomme de chemin, impliquant toujours les pièces de monnaies, malgré le mot des autorités monétaires.

C’est depuis 26 ans que Justin s’est lancé dans la menuiserie. Se qualifiant de généraliste, celui-ci avoue néanmoins confectionner plus que tout autre objet, des caisses à jeu qu’il commercialise à 25.000FCFA l’unité. Situé au quartier Bépanda dans le 5e arrondissement du département du Wouri région du Littoral, l’atelier de Justin est bondé de caisses à jeux. L’on compte près d’une dizaine à l’entrée de son atelier. Justin vient d’avoir une commande, et ses employés se pressent dans la confection, afin de livrer à temps. C’est son quotidien, nous révèle-t-il.
Alors que son équipe constituée de trois temporaires et d’un débutant s’attelle à donner forme aux futures machines à sous, Justin lui, se rassure que celle déjà montée et installée à l’intérieur de son atelier est en bon état. Contrairement aux autres menuisiers, celui-ci est spécialisé dans la confection des machines à sous qui seraient les plus prisées au regard du nombre d’atelier situé non loin du sien. « Nous confectionnons environ 5caisses par jour », révèle Justin. Un fait qui pourrait en effet s’expliquer par le nombre important de ces machines dans les coins de rue de la ville de Douala. « Partout où il y a un stationnement de ben-skineurs, il y a des machines à sous », lance une gérante de call-box. « C’est le cas ici à l’école publique de Deido, et au lieu-dit Château d’eau», ajoute notre interlocutrice. A sa suite, Justine, commerçante, assure que les bars et autres coins de vente de bières sont des lieux par excellence de jeux. Mais pour avoir le produit fini, il faut passer par plusieurs étapes.

Du montage à la vente

Rendu dans un lieu de vente de machine toute faite, le propriétaire des lieux explique le mécanisme. « Le menuisier a son travail, et l’électronicien a également le sien », soumet Frank Massong, électronicien et vendeur de machines. « Le menuisier monte la caisse, l’électronicien monte les accessoires électroniques », ajoute-t-il. Pour Frank, chaque personne est responsable à son niveau. Et parmi les responsabilités, figurent celles des asiatiques, par ailleurs confectionneurs des accessoires. « Tout ce qu’on fait ici, c’est fabriquer les boxes et monter les accessoires. Le matériel de jeu en lui-même vient d’Asie », souligne l’électronicien. « Ce sont eux qui conçoivent les accessoires », ajoute-t-il.
La vente se fait donc à plusieurs niveaux. Auprès du menuisier, auprès de l’électronicien, ou auprès des particuliers qui veulent juste faire fortune. « Les machines à sous sont beaucoup vendues parce qu’il y a des gens qui font des dépôts. Du coup, on en trouve dans des salons de coiffures, dans des boutiques, devant des comptoirs et même dans les rues », confie l’électronicien. A cela, il revient à chacun de faire son choix de jeu, dont les jeux vidéo et le poker. Selon certains détenteurs de machines, celles-ci n’ont pas vraiment une durée de vie connue, car « plus ça vieilli, plus ça ne fonctionne plus comme au début », soumet Théophile gérant de bar. Celui-ci révèle que dans ce cas, ces machines peuvent faire beaucoup de gagnants ou pas de gagnants du tout. « C’est soit ça, soit le cas contraire », explique Théophile.

L’implication des pièces de monnaie

Pour jouer, il faut avoir au moins une pièce. En bref, une pièce autre que les locales. Le Franc CFA est proscrit pour les jeux, surtout que les machines ne le reconnaissent pas. « Maintenant, c’est avec le Kobo qu’on joue », lâche Gérard F., tenancier d’une salle de jeu. À en croire ce dernier, les problèmes de monnaies auxquels sont confrontés le pays sont les raisons de ce choix. « Ça fait environ 2ans qu’on ne joue plus avec le FCFA. Les pièces en question sont achetées chez des commerçants nigérians », renseigne l’électronicien. On se souvient alors que l’interdiction de l’usage des pièces de monnaie dans les salles de jeux en zone Cémac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) faisait suite aux nombreuses plaintes au Cameroun, au Congo et au Tchad. Ces pays accusaient et le Cameroun encore plus, les promoteurs asiatiques de faire sortir des pièces de 50 et 100 francs CFA en grosse quantité pour la fabrication de bijoux à l’étranger.
Contrairement à l’électronicien rencontré, Gérard confirme que les pièces de monnaies sont désormais un accessoire de jeu, et viennent au même moment que les accessoires montés pour le jeu. Malgré cette résolution, le trafic est toujours de mise, car une pièce de jeu équivaut à 100FCFA. « Nous voyons ces gens avec pleines de pièces de monnaies, mais refusent de nous faire la monnaie », « dès fois, ils nous montrent les pièces de monnaies en nous disant qu’ils ont les pièces, mis qu’ils ne nous les donnent pas », lancent des commerçants au marché central. Même si l’activité n’est plus aussi florissante qu’avant à cause de l’arrivée du Lotto, les machines à jeux restent d’activité.

Michelle Ebongue

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *