Après avoir découvert le crash en premier, il a confié sa trouvaille à un chasseur qui a reçu les mérites à sa place.[pagebreak]Lorsqu’il s’avance vers nous, un jeune homme lance à haute voix : « voilà Pa Sam. C’est lui qui a découvert le crash le premier ». Comme un vieillard abattu par le poids de l’âge, Samuel Dassi marche à petits pas. Sa barbe blanche n’a pas été rasée depuis plusieurs semaines. Habillé de vieux vêtements, l’homme âgé de 48 ans, tire son porte-tout pour se rendre en brousse à la quête des bambous. C’est justement par une matinée du 6 mai 2007, que Samuel Dassi a découvert le crash d’avion. « J’ai d’abord vu de la boue et des pièces détachées éparpillées de partout. Je me suis rapproché de plus près. J’ai alors vu un gros trou semblable à un lac, il y avait un os frais. C’est au toucher que je me suis rendu compte que ce n’était pas l’os d’un animal. Mais je ne savais pas toujours ce qui s’était passé », se souvient-il.
Le quadragénaire ramasse un billet de 100 Euros, parmi tant d’autres éparpillés sur le sol, au milieu des morceaux de chair humaine. Il raconte alors qu’il tente par la suite de sortir de la forêt qu’il côtoie pourtant depuis plus de 15 ans sans succès. Pendant plus de 30 minutes, il tourne en rond. Ce n’est que lorsqu’il décide de s’en débarrasser qu’il retrouve le chemin. A sa sortie, ce père de cinq enfants rencontre un chasseur à qui il raconte ce qui vient de lui arriver. Il en parle par la suite au chef de bloc et à une dame, tenancière d’un bar. « Comme j’étais illettré et le chasseur instruit, il a appelé son frère colonel de l’armée pour lui en parler. C’est ainsi qu’on lui a octroyé les droits de la découverte », regrette Pa Sam.
Ce n’est que quand Samuel voit arriver dans la nuit de ce jour, le chasseur, conduisant les sapeurs-pompiers et les forces de l’ordre en ces lieux, qu’il se rend compte qu’il vient de « rater le bonheur ». Il « fuit » le quartier durant six mois. « Les jeunes étaient fâchés parce qu’il ne leur avait pas fait part de sa découverte », raconte Mami Kaba, tenancière de l’unique bar de l’époque. De retour à Mbanga-Pongo, Samuel rencontre à plusieurs reprises le chasseur qui le rassure que « son paquet et sa veste sont bien gardés ». Il n’a jamais rien reçu. Huit années après le crash, Samuel continue de réclamer les honneurs qui lui reviennent de droit.
« Je veux que le gouvernement camerounais reconnaisse que je suis le premier à découvrir le crash. Qu’il me donne tous les mérites et surtout un emploi », souhaite le quadragénaire.
Josiane Kouagheu et Hélène Tientcheu (Stagiaire)