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Cameroun – Covid-19: Les restaurateurs en mode survie à Maroua

restaurateurs de Maroua

Les clients sont invisibles et les propriétaires sont dans le doute.

Aboubakar Alhadji Ousmanou, responsable du restaurant la Djaf à Maroua, vit dans l’incertitude quant à la relance des activités de sa structure. La mesure de la fermeture des débits de boissons et restaurants à 18h, prescrite par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus, l’a conduit au bord de la faillite et à envoyer plusieurs de ses employés au chômage. Malgré l’assouplissement de cette mesure depuis le 30 avril dernier, le restaurant du jeune opérateur économique de la capitale de l’Extrême-Nord ne reçoit plus les clients. «Nous sommes contents qu’on renoue avec les activités au-delà de 18h, dans la mesure où nos recettes se font généralement dans la soirée. Mais, malheureusement, les clients ne viennent plus. La salle est toujours inoccupée et les chaises sont vides. On pensait qu’avec cette nouvelle mesure, les gens allaient recommencer à fréquenter les restaurants comme par le passé. Mais jusqu’à présent, il n’y a personne. C’est toujours timide»,
constate-t-il.

Le même scenario est vécu par Madame Christiane Ahhati Kouanko Fankam, tenancière du restaurant le Kilanta. Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle mesure d’assouplissement permettant aux débits de boissons et restaurants d’ouvrir au delà de 18h, les clients se font toujours rares dans ce restaurant. «Vous pouvez constater par vous-mêmes. Il est 17h et il n’y a personne. La situation n’a pas changé. Le restaurant est toujours vide. Qu’on lève la mesure de fermeture à 18h ou pas, ça n’a vraiment pas changé quelque chose. Nous n’avons pas les clients. J’en parlais encore avec mes employés l’autre jour. De 18h, qui était l’heure de fermeture pendant le confinement, à 21h 30 où nous fermons, on se retrouve parfois avec deux ou trois clients», confie la responsable du restaurant Kilanta. Pour elle, la faible clientèle s’explique par la menace du Covid-19, qui plane en ce moment sur la région de l’Extrême-Nord, qui vient d’entrer dans le cercle des régions touchées par cette pandémie. «Les gens sont quand même un tout petit peu conscient que lever la mesure ne veut pas dire que le Coronavirus n’existe pas. Le Coronavirus continue de sévir. Et dans la région de l’Extrême-Nord, par le passé,on n’avait pas encore de cas. Mais aujourd’hui, il y a déjà des cas qui sont confirmés. Les gens ont peur de sortir pour éviter de se faire contaminer», analyse-t-elle Pour Halil Abdoul Karim, un autre restaurateur installé au pont vert, le jeûne du mois de Ramadan est l’autre raison qui a rendu les restaurants vides, malgré la suspension de la mesure de fermeture à 18h. «Nous sommes dans une ville à prédominance musulmane. Nous savons tous qu’en ce moment, les clients sont dans la période du jeûne. Toute la journée, ils s’abstiennent de manger et à 18h il y a déjà le repas pour rompre le jeûne. Ce qui fait qu’il est rare de les voir au restaurant en cette période», soutient Halil Abdoul Karim.

REPRISE DIFFICILE

A Maroua, si les nouvelles mesures du gouvernement sont venues réconfortées les tenanciers des cabarets et bars, les restaurateurs eux devront encore attendre de nombreuses semaines, voire plusieurs mois, avant de pouvoir accueillir à nouveau les clients. «Nous avons perdu énormément le mois passé. Moi, par exemple, j’étais obligé d’entrer dans mes ressources financières personnelles pour essayer de faire revivre le restaurant. Quand les aliments passent un certain moment, nous ne pouvons plus servir cela aux clients. Ce qui fait que nous avons eu à nous approvisionner en aliment en quantité, et comme il n’y avait pas de clients, tout était faisandé et nous avons perdu de l’argent. Toutes mes petites économies sont parties dans le restaurant et je ne sais plus quoi faire. Actuellement, je ne vois pas encore une autre possibilité d’avoir de l’argent pour relancer les activités», se plaint Aissatou Adda Marie, responsable du restaurant Haïrou La même situation est décriée par Yougouda Salomon, propriétaire d’un restaurant sur l’avenue du Renouveau. Comment combler le manque-à- gagner et renouer véritablement avec son activité est l’équation qui lui reste à résoudre. «On peut aller chercher les clients, on peut lancer des campagnes,mais personne ne viendra. Il y a des stratégies que je développe. Chaque jour, j’essaye de rebooster, j’essaye de rappeler les clients pour avoir de leur nouvelle et profiter pour leur annoncer qu’on travaille même après 18h. Mais, ils ne me donnent aucune réponse satisfaisante. Ils disent qu’ils sont confinés et préfèrent rester à la maison, pour se mettre à l’abri du Coronavirus. Actuellement, on ne sait à quel saint se vouer», raconte-t-il.

Le calvaire que traverse nombre de restaurateurs en ce moment dans la ville de Maroua est loin de s’arrêter. Aujourd’hui, ces restaurateurs ont les yeux rivés vers le gouvernement et espèrent que l’aide annoncée va se concrétiser. «Si l’Etat pouvait nous alléger les charges, par exemple de la compagnie d’électricité Eneo, ou du distributeur d’eau Camwater, nous serons très heureux. Cela au moins pourra nous aider à continuer à tenir. Parce qu’actuellement, je ne vends rien et à la fin du mois il faut que je paye les impôts, je paye les employés, les taxes, l’eau et l’électricité. Dans d’autres pays, ces choses sont suspendues», indique Christiane Ahhati Kouanko Fankam, avant de plaider : «Je souhaite que le gouvernement nous regarde. Ça ne va vraiment pas. On a des difficultés à joindre les deux bouts. On aimerait que l’Etat nous soutienne pour que chacun essaye de se relever et trouver son compte.»

Abali Abdou

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