Cameroun – Congelcam: Sylvestre Ngouchinghe «assis» sur la fortune de M. Abah Abah ?

Le patron de Congelcam a ahané dur, pour se retrouver à la Chambre haute du parlement.

Le site de Congelcam vante bruyamment «le génie (…) phénoménal» de son promoteur, dans le domaine des affaires. Comme dans tout conte de fées qu’aiment à se construire beaucoup d’opérateurs économiques camerounais, Sylvestre Ngouchinghe y est présenté comme ayant débuté en 1982 par la vente en détail de poissons congelés au marché Mvog Mbi, à Yaoundé, avant de réintroduire ses premiers bénéfices dans l’achat de congélateurs et d’augmenter rapidement son chiffre d’affaires. Un parcours peu classique. Revendiquant une capacité de 80.000 tonnes d’entreposage dans les environs du port de Douala, Congelcam se vante aussi de pouvoir «réceptionner un bateau entier de produits pratiquement tous les 2 jours». Avec les mauvaises pratiques révélées par la Conac, cet importateur véreux constitue, en imaginant ses acrobaties fiscales et douanières sur une décennie seulement, un sinistre réel pour l’économie nationale. N’empêche. Au bout de moult forcings et autres combinaisons compliquées, après un haletant contentieux pré-électoral l’opposant au Social Democratic Front (Sdf) devant le Conseil constitutionnel, Sylvestre Ngouchinghe a fini par forcer les portes du Parlement au terme du scrutin sénatorial du 25 mars 2018. Et à imposer son leadership politique dans le chef-lieu de l’Ouest, où la course aux milliards donne parfois lieu à toutes les extravagances. La pêche à l’immunité vaut bien tous les sacrifices.
Le 7 juillet 2018 à Bafoussam, à l’occasion de la cérémonie de lancement officiel de collecte de fonds pour le Plan d’urgence dans les régions anglophones, le presque sénateur casse en effet sa tirelire en mettant 105 millions de francs dans la cagnotte. Le peuple exulte, salue l’altruisme. Ses bonnes œuvres ne se comptent pas, à Bamougoum et Baleng, en particulier et dans le département de la Mifi, en général. Lorsqu’on dispose d’un trésor de guerre acquis dans les conditions que décrit le rapport de la Conac, polir une image sulfureuse n’a jamais été aussi simple.

Sous le titre «Frustrations : comment le Rdpc a nargué les milliardaires à l’Ouest Cameroun», Le Messager rapporte, entre autres, l’infortune du promoteur de Concelcam, qui le 7 mars 2013 a dû débourser en espèces sonnantes et trébuchantes environ 1,2 million Fcfa «pour régler ses cotisations sur plusieurs années comme militant du parti (…) dans la catégorie des opérateurs économiques». Un versement d’autant plus surprenant que, selon le quotidien à capitaux privés, «il s’effectuait pour la seconde fois pour des mêmes motifs». Sans compter «que le milliardaire a saigné financièrement pour aider plusieurs de ses colistiers à régler des dépenses liées à la constitution de leurs dossiers de candidature» aux sénatoriales. Son dossier recalé, il sera finalement nommé sénateur suppléant. Il venait pourtant de contribuer, à hauteur de 60 millions de francs, pour la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Comme avec les «gilets jaunes» en France, la base semble parfois insensible au cliquant des fortunés. Et Le Jour (04/07/2016) de renchérir, perfide : «A Bafoussam, la richesse de cet homme (280 millions de dollars US, selon le classement Forbes) n’échappe pas aux insinuations.

Notable Bamougoum

Pour certains, il ne serait que la face visible d’une nébuleuse tapie dans les couloirs du palais. Le nom de Polycarpe Abah Abah, ex-Minefi aujourd’hui en prison, a été lu sur des tracts à une époque. On lui attribue aussi de nombreuses facilités. Les proches de Congelcam ne manquent pas de faire un rapprochement entre ces insinuations et son entrée en politique.» En début 2016 en effet, des tracts vengeurs se mettent à fleurir dans la rue en faveur de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances. Le notable Bamougoum serait, apprend-on, «assis» sur la fortune de M. Abah Abah «et refuserait d’entendre parler des difficultés de son complice». Citant «les immeubles du carrefour Bonamoussadi, d’Akwa Nord, Akwa, Bonanjo à Douala en passant par Bastos à Yaoundé pour ne citer que ceux-là, les fonds de départ, toutes les facilités accordées à Congelcam», le document anonyme exige que tout cela soit restitué à l’État afin «que Polycarpe Abah Abah soit libéré et que cesse le blanchiment d’argent». «Trop, c’est trop !!! La famille en a marre… Que la supercherie cesse…» Contrairement à sa réplique à la Conac, cette fois-là, M. Ngouchinghe avait perdu sa langue. Fermez le ban.

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