Les femmes après le décès de leur conjoint, font face à de nombreux supplices, qui vont des rites humiliants à des traitements insupportables. « [i]Lorsque mon époux est décédé, je n’avais que 35 ans, ma belle-famille m’a accusé de l’avoir tué. Quelque temps, elle m’a expulsé de la maison de mon défunt mari, puis m’a soumis à des rites humiliants[/i] » se souvient encore Mireille N. comme si c’était hier. Cinq ans après le décès de son conjoint, Mireille dit continuer à faire l’objet des représailles de sa belle-famille. Augustine K., elle aussi connait pareille souffrance. En émoi, elle raconte son calvaire qui a débuté en octobre 2013. « [i]Après l’enterrement de la dépouille de mon époux, j’ai été conduite dans une rivière, enduite de boue portant sur la tête un tronc de bananier. Puis mes belles-sœurs mon roué de coup m’accusant d’être à l’origine de la mort de leur frère. On m’a même imposé d’avoir des rapports s*e*xuels avec l’un des frères de mon feu mari[/i] » révèle-t-elle d’une voix fluette.
Des témoignages de cette nature sont légion. Les traitements infligés à la veuve sont presque similaires. D’une région ou d’une famille à une autre, la cote de considération de la conjointe s’estompe avec le décès de son conjoint. Celle-ci chagrinée, est abandonnée à son propre sort, et doit désormais faire face l’agressivité de sa belle-famille, qui lui impute le décès de son mari. Pourtant du vivant de son époux, tout semblait baigner dans l’ordre.
D’après le sociologue Marc Monkam cette situation s’explique par des considérations socioculturelles. «[i] En Afrique on est dans une logique communautariste, avec une solidarité mécanique qui lie les individus. Ce lien social fait en sorte que l’on considère que l’enfant est d’abord et toujours l’enfant de la famille, si bien que l’homme malgré qu’il soit uni d’avec son épouse par le lien de mariage, une fois qu’il décède, la veuve est aussitôt considérée comme une étrangère. Et par conséquent les biens que cet enfant a laissé doivent revenir à sa famille d’origine[/i] », explique-t-il. Cet état de choses est davantage conforté dès lors que le défunt était pourvu. « [i]Le matériel ayant pris le dessus dans l’univers mental des populations, si le mari était nanti, sa famille à tendance à tout récupérer les biens, puisqu’elle estime avoir contribué énormément pour sa prospérité et dont la veuve doit être mise en retrait par tous les moyens[/i] », précise-t-il. Dans cette dépossession, la veuve et les orphelins sont très souvent réduits au silence, sous les pressions et les menaces de tout genre. Et à force de représailles, la veuve est parfois obligée de tout laisser entre les mains de la belle famille, pour sauver sa vie et celle de ses enfants.
Selon les chiffres du ministère de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff) en 2013, le Cameroun a recensé près de 500.000 cas de violations des droits veuves. Lesquelles violations ont des répercussions sur la vie des enfants souvent obligés de mettre fin aux études pour la débrouillardise. Pour la cellule juridique du Minproff, beaucoup de veuves subissent des abus du fait de l’ignorance de leurs droits.
La cinquième édition de la journée internationale des veuves qui se célèbre ce 23 juin, devrait être une occasion pour les pouvoirs publics et la société civile, de protéger la veuve et d’interpeller son entourage à plus d’humanisme.
[b]Luc Justin Kamguia, 237online.com[/b]